Photographie 1 : Double page d'un petit almanach du XVIIIe siècle de 10 x 6 cm, avec sur la page de droite la
partition d'une chanson intitulée « Le rideau entr'ouvert » et sur la page de gauche une gravure pour illustrer le mois de janvier avec pour légende : « Les Étrennes
réciproques ». La tradition des étrennes que l'on s'échange pour la nouvelle année est suivie ici d'une manière galante : Si les deux protagonistes s'offrent des cadeaux, leur position
laisse à penser qu'ils vont faire un peu plus que cela. La scène se passe dans ce qui semble être un boudoir, sur un fauteuil ou un lit surmonté d'un baldaquin, près d'une cheminée et de la
statue du dieu Éros. La page de titre de cet ouvrage sans date mais du XVIIIe siècle est ainsi rédigée : « Les Amusements de Paris. Almanach chantant pour les jolies Femmes qui on
de la raison, avec Tablettes Économiques. Perte et Gain. Petit secrétaire fidèle et discret. A Paris, Chez le Sr. E. Liez, de l'Hôtel de Coigny Rue Neuve des Petits
Champs. »
'Bouder' est un mot d'origine onomatopéique rappelant le renflement des lèvres que l'on forme lorsque
l'on dit « bou » ou quand on exprime un certain mécontentement vis-à-vis d'une personne familière ou face à une situation contrariante, en même temps que l'on se replie sur soi-même et
que l'on reste muet, voire que l'on évite l'individu ou la chose qui en est la cause.
Le nom de 'boudoir' exprime ce repli. Il s'agit d'un petit cabinet où l'on se retire quand on veut être
seul. Uniquement les personnes intimes ou invitées à l'être y sont conviées. C'est un lieu de retraite, dédié aux plaisirs de la solitude (lecture, écriture, musique, repos, méditation
...), de la conversation et du badinage. Il est généralement placé près de la chambre. C'est un prolongement de la ruelle qui est l'espace près du lit dédié à la conversation ou à la toilette
(voir l'article Les Précieuses et les femmes de lettres).
Charles Palissot de Montenoy (1730-1814) décrit ainsi le boudoir dans un de ses
poèmes :
« Lieu favorable à l'amoureux mystère,
Et décoré par la main des plaisirs,
Où la beauté cesse d'être sévère,
Où tout l'invite à flatter ses désirs,
Et dont l'aspect, même à la plus austère,
A quelquefois dérobé des soupirs. »
Photographie 2 : Gravure provenant de l'ouvrage de M. de Favre intitulé Les Quatre
heures de la toilette des dames, poème érotique en quatre chants ... (Paris, 1779), et dont la description indique : « Un boudoir éclairé d'un jour tendre : Europe y est
assise à sa toilette ». Derrière elle les trois Grâces s'occupent de la coiffure de la déesse : l'une lui déploie ses cheveux pour que la seconde y verse une eau de senteur pendant que
l'autre choisit des rubans pour ajouter à sa chevelure. Cupidon lui porte son miroir et « des Nymphes admirent avec attention & une curiosité extrême un pot de rouge que tient une
d'elles un peu détachée du groupe ». Le dieu Comus semble attendre dans l'ombre avec sa torche pour l'amener à quelques réjouissances prévues sans doute dans la salle à manger. Sa tête est
ceinte d'une couronne semblable à celle que portent deux amours au dessus d'Europe. Il a un thyrse (une baguette entourée de feuilles de vigne) : symbole dionysiaque.
© Article et photographies LM