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Cristina Alziati (anthologie permanente)

Par Florence Trocmé

Dessinent, autour, les enfants 
parlent avec les chats, ramassent cailloux et fleurs 
le vert est celui lustré et gris de l’olivier. 
L’églantine, que je nettoyais des mauvaises herbes 
le printemps dernier, est là où je l’avais laissée 
donc moi aussi je suis là où j’étais. En ces 
jours pour toi de pâques, appliquée 
de la caducité des corps désormais je m’habille. 
Je la porte dans les prés, à la suite des enfants. 
Ils cherchent à présent les roseaux, ils cherchent l’eau par les sentiers, 
ils font chaque chose pour de vrai. 
 
 
 
Tre cartoline 
 
Le gris de la lumière m’étourdit 
et descendre les marches de l’Ara-Coeli 
comme si c’était à jamais, 
comme si j’allais vers ce sommeil 
où nous retournerons inextricablement 
– vers une halte, parmi les gradins 
que d’autres, en montant, fouleront en moi 
 
Il grigio della luce mi stordisce  
e scendere la scalinata di Aracoel  
come fosse per sempre,  
come verso quel sonno muovessi  
dove ritorneremo inestricati  
– verso una sosta, fra i gradini  
che altri, salendo, calcheranno in me.  
 
 
 
Or tu crois qu’il suffirait d’un rien, 
s’asseoir à une table libre 
au moment propice, et travailler à ses vers, 
travailler à ses fragments. Moi je suis faite à l’inverse 
de ce non écrire jour après jour ; 
dans la sédimentation des petites 
choses, et des grandes, je suis 
l’âme occupée de leur devenir muettes. 
 
 
 
Passants 
 
C’était avant l’aube, et en allant 
transpercé tout-à-coup fusait l’air 
et très-brillante la faucille lune, 
la claire lame des monts. Et nous restions cloués. 
 
Tu vois, te demandais-je, que cette vue 
pour moi paraît tremblée, car fragile 
je la tiens dans mes mains, et je pleure ; dis-moi, 
elle tourne vers nous peut-être, beauté, une prière ? 
 
de combien est-ce don, de combien 
est-ce offense aussi bien, peut-être une crête en nous 
d’unique lumière luit ? 
 
De cette halte je demande, où je ne distingue pas 
si mon ombre ici glissée à terre 
est joie ou douleur. Signe de quoi les pleurs. 
 
 
 
Traces III 
 
  à Rosa Luxembourg 
 
Quelqu’un plus tard la verra sur le pont.  
 
Socialisme ou barbarie, avait répété 
avec un léger accent étranger une femme 
pendant qu’elle allait parmi les gens du peuple 
violet, celui qui a rempli aujourd’hui la place. 
Et les jeunes n’ont pas compris sa langue, 
qui pouvait discerner a feint de ne pas entendre. 
 
Du pont, maintenant, un instant ultime 
sur l’hécatombe des eaux 
jusqu’à qui regarde, loin. 
 
 
traductions inédites de Jean-Charles Vegliante  
 


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