Auteur : Sylvie Germain
Éditeur : Albin Michel
Nombre de pages : 197
Date de parution : 4 janvier 2012
Présentation de l'éditeur :
" Qu'en est-il de 'Dieu' ? Est-ce une invention, et si oui, de quel type: une oeuvre géniale créée par l'imagination humaine, une découverte insoupçonnée, inimaginable, opérée par voie de révélation, une pure fiction construite sur fond de peur et de désir, un mensonge phénoménal concocté pour les naïfs ? On peut opter pour une signification unique et s'y tenir sa vie durant, ou migrer d'un sens à un autre au fil du temps. On peut aussi déambuler sans fin, en zigzag et en spirale, autour d'une seule signification qui s'impose plus troublante et magnétique que les autres, pour l'interroger, encore et encore. Et si celle-ci, aussi sapée, criblée de doutes, de points critiques et de pénombres soit-elle, coïncide avec les données de la religion reçue en héritage par voie du hasard de la naissance, alors ce hasard se transforme progressivement en aventure, et l'aventure en destin, à force d'être sans cesse relancée, poursuivie. " Le Monde sans vous était une méditation sur l'absence des défunts qui nous laisse " sans voix ", dans une stupeur irrémissible. Or, pour Sylvie Germain, c'est précisément au cœur de ce silence que peut advenir la possibilité de se mettre à l'écoute d'un écho de cet " absolu du Loin " vers lequel sont partis les défunts. Question de " foi ", sans doute.
Mon avis :
L'auteur écrit ici avec tous ses sens. Elles décortiquent les mots ( foi, croyance, imagination, Dieu, révolution, scrupules...), les précisent, se posent des questions. Parce que "sans pourquoi", il n'y a pas de progression possible. Seuls les bigots, les fanatiques refusent le questionnement.
Ces rendez-vous nomades doivent leur nom à l'habitude de Moïse de s'isoler dans une tente hors du camp pour consulter le Seigneur.
Si le hasard préside à notre naissance, c'est à nous ensuite d'écouter, de comprendre et de relancer les dés.
L'homme doit échapper au désir de grandeur, décloisonner son esprit afin d'éviter de tomber dans le piège du crime d'humanité.
J'ai apprécié la symbolique de la marelle, ce jeu d'enfant écrit à la craie qui va de la Terre au Ciel. De la Terre où se couche Ombeline, une clocharde, pour entendre les bruits de ses profondeurs. Ou ce ciel grandiose que contemple le Prince Bolkonski, héros de Tolstoï, lorsqu'il gît sur le champ de bataille d'Austerlitz. Tous deux tombent en hauteur.
" Tout est vanité, tout est mensonge en dehors du ciel sans limites."
La marelle est aussi le symbole de l'écriture d'un roman.
" Écrire à la marelle : aller d'étonnement en question"
" Incertitude de son avancée et improbabilité de sa fin ne suffisent pas à décourager l'auteur."
J'aime beaucoup la poésie et l'imaginaire de Sylvie Germain. Dans cet essai, elle continue après sa réflexion sur la mort à se poser des questions sur ce qu'il y a de plus, derrière les évidences. Elle pousse les émotions au-delà des mots, nous met face à notre imagination, pousse notre esprit à aller plus loin que les apparences.
Si vous souhaitez avoir une autre vision de cet essai, je vous conseille d'aller lire la chronique de Brigitte
Merci aux Éditions Albin Michel pour l'envoi de ce livre.
Un extrait :
" Le ciel : voûte immatérielle en mouvement continuel, vacuité solennelle; bel et fol abîme en surplomb de la Terre offert à la semaison des songes, à l'envolée des rêves, à la plongée des affres et des désirs, au jaillissement d'illuminations autant que d'enténébrements."