Lu sur Agoravox le 4/1/2012
La « TVA sociale » est un thème controversé qui va finir par devenir une mesure incontournable et une fois mise en place, il sera difficile de revenir en arrière ? Pour faire passer une telle mesure, il faut un contexte de crise et une propagande mensongère d’autant plus facilement acceptable qu’elle sera présentée de manière simpliste, tronquée, faussée et que quand la crise est présente, les craintes annihilent la raison et l’opinion est prête à gober n’importe quel mensonge. Le principe de cette TVA, c’est de remonter de plusieurs points le taux standard qui est de 19.6 pour transférer, dit-on, le financement de la protection sociale depuis le travail vers le consommateur. Ce transfert aurait pour effet de rendre compétitifs les productions françaises et de renchérir les importations de produits à bas coûts. Toute cette rhétorique représente une somme de contresens et de mensonges dignes d’un système totalitaire.
Point 1. La protection sociale serait financée par le travail. C’est faux, sauf si la protection sociale est réduite à l’assurance chômage. La solidarité nationale, et on ne va pas jouer sur les mots, repose entre autres sur des tas de dispositifs, fiscalité locale, impôts sur le revenu, CSG, RDS, etc. L’idée qu’on prend de l’argent sur les travailleurs pour le mettre dans une cagnotte et le répartir vers le RSA, l’ASS, l’AHH, La Sécu etc. est fausse. D’ailleurs, le principe de la solidarité repose sur une indistinction de l’imposition. Il y a une assiette et des dépenses. Les deux sont votées par le Parlement sur proposition du gouvernement. Depuis la fameuse vignette pour les vieux, l’opinion a été préparée à consentir à des impositions ciblées ce qui est une hérésie en politique. On se souvient de la journée de travail supplémentaire pour les vieux et la canicule. Les ressorts de la rhétorique de la TVA sociale sont erronés dès le départ. Mais c’est voulu. C’est le principe même de l’escroquerie intellectuelle érigée en mensonge politique.
Point 2. Le travail sera mieux rémunéré si le travailleur a moins de charges sur la fiche de paye. C’est partiellement faux sur un point. Cela suppose que les salaires augmentent or, si cette réduction de charge a pour objectif de rendre plus compétitif les produits français, les entreprises doivent répercuter cette baisse de charge sur les produits pour les rendre moins chers à l’exportation. Vu l’expérience des restaurateurs et le résultat sur les tarifs de la carte, on peut être dubitatif sur cette baisse de coût. Par ailleurs, les consommateurs sont aussi des travailleurs et si la TVA passe à 23 ou 25, eh bien ce coût de la protection sociale sera financé indirectement par les travailleurs qui paieront plus cher ce qu’ils veulent acheter, étant entendu que les produits vendus en France sont souvent importée et ne sont pas forcément à bas coût. Exemple des écrans plats ou des smart phones.
Point 3. Il faut rendre plus chers les produits importés à bas coût. Là on se fout carrément du Français moyen, à moins qu’il ne soit un illettré du calcul mental. Une chemise venue de Chine vendue 5 euros sera toujours à bas coût, même avec une TVA augmentée à 25 %. Parce que 5 % de TVA supplémentaire sur ce produit, cela représente un prix final de 5.25 euros. En plus, l’hypothèse 25 serait hautement improbable. Pour mémoire, la TVA en France se situe au dixième de point près au niveau de la moyenne européenne.
Point 4. Ces exonérations de charges, elles iront pour l’essentiel dans la poche des entreprises. Car la plupart des multinationales et des PME françaises n’ont pas besoin de mesures spéciales pour continuer à exporter. Cette TVA sociale permettra de sauver quelques centaines de PME et quelques milliers d’emplois. C’est tout et d’ailleurs, Alain Madelin s’est exprimée sur ce sujet en affirmant que l’incidence de ce dispositif est marginale et que la TVA sociale n’a aucun intérêt pour préserver l’emploi. Ce qui n’empêche pas Hervé Morin de désigner ce dispositif comme une TVA emploi.
Point 5. Au final, les Français paieront l’addition et la TVA sociale risque d’être un moyen détourné pour faire entrer de l’argent dans les caisses de l’Etat. Le pouvoir d’achat baissera et ce sera la « TVA » du gagner moins car on perd de l’argent si les produits sont vendus plus chers. Mais c’est présenté par nos communicants comme une mesure vertueuse au service de l’emploi. En vérité, c’est un troisième plan de rigueur présenté et conçu pour ne pas apparaître tel aux yeux de l’opinion publique. Conclusion. Si cette escroquerie passe, il n’y a plus rien à espérer de la politique et le PS est pour une fois du côté de la vérité en présentant la TVA sociale comme une faute économique et sociale.
Pour finir, on ne peut pas priver le citoyen d’un éclaircissement idéologique. Cette mesure vise à favoriser les conditions d’un milieu social, technique et productif afin de privilégier ces espèces modernes, à échelle suprahumaine, que sont les entreprises industrielles. L’homme est l’instrument du productivisme, de l’économisme et bientôt, du totalitarisme technologique.