L'orchestre de Contrebasses fête ses Trente ans au Vingtième

Publié le 04 janvier 2012 par Assurbanipal

L'Orchestre de contrebasses

Paris. Le Vingtième Théâtre.

Mardi 3 janvier 2012. 20h.

La photographie de Jean-Philippe Viret est l'oeuvre du Viscéral Juan Carlos HERNANDEZ. Toute utilisation de cette photographie sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales.

L'Orchestre de contrebasses est composé de

Christian Gentet: contrebasse

Yves Torchinsky: contrebasse

Jean-Philippe Viret: contrebasse

Olivier Moret: contrebasse

Etienne Roumanet: contrebasse

Xavier Lugué: contrebasse

Mes notes ayant été prises pendant le concert, dans l'obscurité de la salle, ne sont pas toujours lisibles. Je dois donc écourter mon propos et prie mes lectrices exigeantes et mes lecteurs exhaustifs de bien vouloir m'en excuser.

Six contrebasses sont couchées par terre. Six hommes marchent autour dans la pénombre. Puis ils relèvent les instruments, commencent à jouer et organisent le chaos. Subrepticement, une ligne mélodique s'installe. Ca y est, les six contrebasses sont relvées, les six contrebassistes jouent. Pour les amateurs de symboles, notez que le 6 représente une sphère se prolongeant vets l'infini, le mouvement de la clef dans une serrure, c'est dire s'il ouvre des portes. C'est ce que fait l'Orchestre de contrebasses entre Jazz et musique contemporaine. Pour poursuivre le symbolisme, la lumière s'est allumée sur la scène pour éclairer la création. Ils se passent un message de l'un à l'autre, par des gestes très précis. C'est aussi un spectacle chorégraphique. Ils sont coordonnés comme un corps de ballet. 

Jean-Philippe Viret, à gauche de la scène, lance le bal, seul, en pizzicato. De lautre côté de la scène, un autre musicien lui répond à l'archet, comme sir le Classique répondait au Jazz. Le Jazzman chante en jouant. La sarabande des archets commence. Ca danse. Les contrebasses ne sont pas amplifiées. Il y a juste qautre petits micros placés au devant de la scène. 

Une sorte de ballade langoureuse et enjouée commence. Le plaisir du jeu c'est ce qui distingue cet orchestre depuis trente ans. Les musiciens changent de place sur scène selon les règles d'un ballet connu d'eux seuls. Il y en a toujours un pour maintenir la pulsation aors que les autres font briller les archets.

La lumière s'éteint sur scène. Cinq contrebasses sont couchés comme six pieds sous terre. Un seul contrebassiste se tient au devant de la scène et fait vibrer les cordes à l'archet. La grand-mère (surnom de la contrebasse chez les musiciens) grogne, chante, se plaint. Il installe une pulsation à l'archet. Maintenant, ça grince comme une guitare électrique. 

Ca yest, ils commencent à mettre les contrebasses, la tête à l'envers, reposant sur le manche.Le musicien se trouve caché derrière son gros instrument (ne fantasmez point lectrices perverses, lecteurs vicieux!). A l'archet, cela sonne mystérieux, religieux. Ils se trouvent tous maintenant cachés derrière leurs contrebasses, manche en bas. Ils ressemblent à d'immenses masques africains en mouvement. Ca sonne parfois comme une guimbarde géante. 

Ils reviennent à une position normale de leurs instruments. Quatre sont en arrière-plan pour assurer la mélodie, deux sont devant, rapprochés pour dialoguer. Je suis encadré par deux grand-mères, l'une applaudit à tout rompre, l'autre pas du tout. Il est vrai que l'une est seule, l'autre accompagnée d'un mari qui applaudit pour elle. 

(...)

Mine de rien, sous des abords ludiques, c'est une musique contemporaine exigeante, complexe, subtile qui se joue là devant nous. 

(...)

Je reconnais " Week end à Deauville " presque dix ans après l'avoir entendu une seule et unique fois en concert à Rennes. C'est dire si ce morceau est inoubliable Tout y est. Les votures qui passent, la pluie qui tombe, les essuie glaces sur les pare brises, la Mer, le vent, les mouettes, le moteur de bateau, la corne de brume, le plancher de bateau qui craque. Un vrai film sans image mais qui suscite en nous toutes les images mentales d'un week end d'hiver sur la rive française de la Manche.

Il y eut encore plein de surprises, de joie, de Swing, de créativité. La grand-mère boudeuse a fini par craquer et applaudir elle aussi. Pas trop tout de même de peur de se fatiguer. Elle a eu tort. L'Orchestre de contrebasses élève l'âme et soulage le corps sans effort.

Partons en week end à Deauville avec l'Orchestre de contrebasses. Bon voyage, lectrices à l'âme maritime, lecteurs au pied marin.