Santa Marta ?

Par Borokoff

A propos de Corpo Celeste d’Alice Rohrwacher 2.5 out of 5 stars

Après avoir vécu des années en Suisse, Marta, une adolescente de 13 ans, revient habiter avec sa grande sœur et sa mère à Reggio, une petite ville de Calabre (Italie) où elle est née. Marta doit faire sa confirmation. Mais en plein ébranlement intérieur, à la fois physiologique et spirituel, elle se heurte aux mesquineries des membres de la paroisse et aux ambitions d’un prêtre qui rêve de quitter la ville pour devenir évêque…

Corpo Celeste est le récit d’un apprentissage. Celui d’une adolescente à qui la vie s’ouvre sous un jour radicalement nouveau qui est à la fois celui de tous les possibles et d’une découverte de son corps pas toujours très agréable (apparition de ses règles en plein restaurant).

Ce bouleversement psychologique et physique, cette manière pour Marta d’appréhender le monde et son propre corps sous l’angle d’une découverte tour à tour stimulante et inquiétante, Alice Rohrwacher, jeune réalisatrice de 27 ans dont c’est le premier long métrage, les filme de manière extrêmement distante dans la première moitié du film, en plaçant sa caméra (à l’épaule) au milieu des manifestants qui sont en pleine cérémonie religieuse et célèbrent la visite d’un évêque..

Yle Vianello

Pendant une demi-heure, la réalisatrice s’intéresse d’abord à décrire une communauté très croyante de Catholiques séparés entre « Modernistes » et « Traditionalistes ». Et sa caméra numérique, qui occasionne un grain épais, se prête bien à un genre proche du documentaire.

Et puis, la seconde partie du film devient plus palpitante. La caméra de Rohrwacher se resserre sur le personnage et le visage de Marta Yle Vianello, petite tête de souris) dont on sent qu’elle est très agitée et attirée par Dieu. Ses aspirations et ses expériences spirituelles ne frisent-elles pas le mysticisme ?

Tout en suggestions et en non-dits (le personnage de Marta ne parle pratiquement pas), Corpo Celeste suit cette adolescente  dont la personnalité, en perpétuelle (dé)construction, butte contre un monde hostile et qui ne semble pas voir ni comprendre ses affres.

Sa grande sœur passe son temps à la reprendre et à l’engueuler, une paroissienne dévouée du catéchisme la gifle dans un moment de panique, etc… Mais personne (hormis sa mère peut-être) ne semble apte à suivre l’affolement ni les émotions de Marta qui se cherche mais passe son temps à fuir les gens.

Rohrwacher décrit bien une Eglise vieillissante et aux méthodes d’apprentissage ringardes (ironie des chansons sur Dieu que les jeunes doivent apprendre). La ville grise de Reggio, en pleine friche industrielle et que Marta passe son temps à scruter, reflète bien son âme. Entre chantiers abandonnés et constructions nouvelles mais encore inachevées…

Dans une scène très belle à la fin, Marta part avec le prêtre chercher un crucifix dans un petit village abandonné dans la montagne. Là-encore, Rohrwacher choisit la suggestion pour décrire les intuitions métaphysiques de l’adolescente mais on aurait aimé qu’elle soit plus précise dans sa manière de décrire les aspirations au divin qu’a Marta (une future Sainte en puissance ?), adolescente sur laquelle le mystère reste entier du début à la fin du film…

www.youtube.com/watch?v=da9ulLwBVp8

Film italien d’Alice Rohrwacher, avec Yle Vianello, Salvatore Cantalupo, Anita Caprioli (01 h 40).

Scénario : 3 out of 5 stars

Mise en scène : 2.5 out of 5 stars

Acteurs : 3 out of 5 stars

Dialogues : 2 out of 5 stars