Nous vous avons chroniqué ici la pièce Du feu de Dieu qui se joue actuellement au Tremplin Théâtre. L’auteur et metteur en scène en est Nicolas Gille, qui est notre invité aujourd’hui pour parler de sa création. L’occasion pour nous de lui demander comment lui est venue cette idée de pièce et de savoir s’il veut en profiter pour faire passer un message aux spectateurs ou non.
Bonne lecture.
Bonjour Nicolas,
Tu es l’auteur et le metteur en scène de Du feu de Dieu, peux-tu nous dire comment tu as eu l’idée de cette pièce ?
Et bien ça a commencé il y a plusieurs années, j’avais demandé à des amis, si jamais ils devaient rencontrer Dieu, quelles questions ils lui poseraient ? Et j’ai eu tout un recueil de questions et je me suis dit un jour : « Tiens, pourquoi je n’y répondrais pas ? ». Là-dessus, j’ai d’abord créé des monologues, que j’ai pensé intituler Les monologues de Dieu et finalement je me suis dit que ça serait plus vivant avec des interactions et un peu de fantaisie comme mélanger les anges et les humains. C’est comme ça qu’est née Du feu de Dieu qui a eu 3 ou 4 titres avant celui-là.
L’écriture aussi a dû beaucoup évoluer, j’imagine ?
Beaucoup oui. D’abord, je peux le dire, c’est quand même très dramatique plus qu’une comédie, et le texte a beaucoup été édulcoré et raccourci pour revenir à des idées plus simples. La première version a été finie en 2009, ensuite je l’ai laissée longtemps se reposer car je me suis concentré sur d’autres projets, et quand je l’ai reprise avec les comédiens, la version est devenue plus légère. Et après avoir travaillé avec les comédiens, j’ai pris conscience d’autres choses et j’ai encore modifié le texte. Le texte est d’ailleurs toujours en évolution.
Et une fois la pièce écrite, c’est quoi l’étape suivante ?
C’est d’abord chercher les comédiens, parce que, de toute façon, pour convaincre les théâtres, il faut passer des auditions car ça les intéresse plus d’avoir des lectures ou des extraits plutôt que juste le texte. Donc en premier les comédiens pour justement préparer les petits extraits, et ensuite le théâtre.
Tu es également le metteur en scène, comment te considères-tu à ce niveau-là ?
Je crois que c’est très mitigé, je pense être à la fois super cool et super chiant (rires). Je pense être beaucoup moins sévère que d’autres metteurs en scène, mais je prends encore mes marques, je n’en suis qu’à ma 3ème mise en scène, et encore la 2ème, Surprise, c’était une co-mise en scène (avec Laure Compain-Trégouët NDLR), et donc j’apprends encore beaucoup ce métier. J’apprends à être plus ferme sur certaines choses et sur d’autres je sais que je suis encore relativement cool. Après faut demander aux comédiens, c’est eux qui le diront (rires).
Le lieu des représentations a été facile à trouver ?
Pas facile non. Le problème qui se pose avec une pièce comme ça, c’est d’avoir beaucoup de comédiens, donc c’est très difficile de gérer les plannings de 6 comédiens et de caler des auditions. En plus, il y a véritable fil rouge dans la pièce et pour un directeur de théâtre qui ne voit qu’une ou deux scènes c’est difficile de se décider. Donc on a un peu galéré pour trouver et ensuite on a eu la chance de tomber sur le Tremplin Théâtre qui a de très bonnes ondes et surtout une très bonne politique car il n’y a qu’un spectacle par soir. Ce qui est beaucoup plus facile pour s’organiser, nous n’avons pas 5 minutes pour changer le décor ou autres.
Le sujet de cette pièce, la religion, est un sujet assez sensible, est-ce que dans l’écriture tu t’es parfois un peu censuré ou retenu dans certains propos ?
Si je me suis demandé si les gens allaient réagir, oui. Si je me suis retenu, non je ne pense pas. Il y a des phrases que j’ai laissées et que j’assume, après ce qui est intéressant de voir c’est que les gens ne se retrouvent pas tous dans les mêmes scènes. La religion est en effet un sujet sensible, mais je ne voulais pas que mon Dieu soit le porte parole d’une religion en particulier mais qu’il soit le plus large possible. Après, comme moi je suis issu d’une famille protestante, je me suis inspiré de ma propre culture pour certains passages.
Est-ce que tu te sers de cette pièce et du texte pour faire passer un message au public ?
Complètement oui. D’ailleurs je vais changer le sous-titre en « comédie philosophique », je pense que ça passera bien sur les affiches. Mais après, j’ai essayé de ne pas être trop moralisateur dans les dialogues des anges pour ne pas que le public soit obligé d’adhérer à ce que je pense, mais effectivement il y a des messages sur le sens des responsabilités ou ce genre de choses.
Le bouche à oreille fonctionne bien et le public est présent, je suppose que tu es content ?
De plus en plus. Les premières ont été marquées par le stress et maintenant les comédiens jouent plus, ils se sentent à l’aise, le public rit beaucoup, c’est très agréable, la troupe se sent portée, ils disent mieux le texte et le public l’écoute encore plus.
Pour terminer j’ai une question un peu indiscrète, en rapport avec la pièce, est-ce que toi, tu crois en Dieu ?
Oui, mais. Je crois en Dieu, mais je ne suis pas en accord avec les dogmes ou préceptes. Je crois que Dieu est un concept trop grand pour être compris. Dans la pièce, je lui ai donné une personnalité proche de l’homme, enfin j’espère sinon c’est que j’ai raté ma pièce (rires). Je pense que les enseignements que l’on peut avoir ne sont pas toujours compris, ou sont minimisés, les gens ont tendance à imaginer que ce que Jésus ou les Saints ont fait, c’est parce que c’est le fils de Dieu ou que ce sont des Saints, selon les croyances, et ils perdent le message. Ils ne se rendent pas compte qu’eux-aussi peuvent accomplir des miracles, mêmes des petites actions, il faut juste qu’ils réalisent qu’ils le peuvent.
Le Mediateaseur remercie une fois de plus Nicolas Gille pour sa disponibilité et sa gentillesse. La pièce Du feu de Dieu se joue encore jusqu’au 28 janvier les vendredis et samedis à 20h30 au Tremplin Théâtre (Paris 18ème), et nous vous conseillons vivement d’assister à l’une des représentations.