Quand on a lu un livre, comme celui d’Olivier Adam, faut-il aller en voir l’adaptation cinématographique ? On est déçu, bien sûr. On se demande pourquoi commencer le récit par cette scène de la vie de famille, comme si le spectateur ne pouvait pas comprendre ce qui pousse Paul Anderen (Benoît Magimel) à quitter la région parisienne pour la région de Saint Malo. Comme si le flash-back n’était pas une technique de cinéma. Tout semble lisse, dans ce film, même le personnage de Paul, qui, dans le livre, est plus brut, plus alcoolisé, plus groggy.
Je ne vais pas pointer ici tout ce qui est différent, cela me ferait oublier le film lui-même. C’est un autre point-de-vue sur une même histoire, déformée par celui qui la raconte. C’est donc une autre histoire avec les mêmes ingrédients, un exercice de style. Où malheureusement, quand l’écrivain se met à son bureau, sur ce bureau noir vide il n’y a qu’une ramette de papier, un stylo, un crayon de papier et une règle, et le grantécrivain y pose les mains (pour sentir venir l’inspiration ?) ; en arrière-plan, une bibliothèque pleine de livres bien rangés : pauvre cliché.
Cependant, dans ce film, j’ai vu des choses que je n’avais pas gardées du livre : le rôle du frère de Paul, Alex (Antoine Duléry), et leur relation assez forte à l’image ; la place du père, pas seulement celle de Paul auprès de ses enfants, mais aussi celle de Samir (Ramzy Bédia) auprès de son fils, celle du père de Paul et Alex : c’est un thème récurrent dans l’œuvre d’Olivier Adam, mais il l’aborde souvent par l’absence ou la perte de la mère ; ici, bien sûr, aussi, mais, bizarrement, la disparition de la mère me semble tenir moins de place que dans le livre. Sauf à la fin.