L’émission avait été annoncée sans fanfare ni trompette en milieu d’automne, Arthur allait revenir sur TF1 avec une émission en troisième partie de soirée le vendredi soir et ce uniquement pour trois numéros, un galop d’essai en somme.
Cet article est écrit alors qu’une seule des trois émissions a été diffusée, néanmoins, il est à noter que ce premier volet a été des plus distrayants, offrant une réelle nouvelle forme d’émission à la télévision. D’ailleurs, cette première diffusion a immédiatement suscitée l’adhésion du public (à la réflexion près que l’émission suivant la finale de “Koh-Lanta”).
En quoi peut on dire que cette émission proposait en soi une nouvelle écriture ? Car pour une fois (et c’est rare), en France, le pari a été pris de proposer un programme qui n’est pas d’enjeu. Aussi simple que cela puisse paraître, la grande tradition des émissions de télévision en France veut que le présentateur soit le “garant” du programme, c’est à dire celui qui va permettre aux téléspectateurs de se rendre compte que l’enjeu initial a bien était atteint au terme de la dite émission.
Vision cartésienne, très codifiée et très mécanisée de la télévision, l’ensemble des chaînes françaises répondent de cette même logique et se heurte ainsi parfois à proposer des programmes agréables dans la promesse et l’univers mis en place mais qui pêchent singulièrement dans l’enjeu qu’elles s’astreignent à vouloir mettre en place.
Dans le cas de “Vendredi tout est permis avec Arthur“, l’inspiration est clairement anglo-saxonne. Musique, générique, décors, logo, tout était dès le départ prévu pour nous plonger dans l’univers du stand up new yorkais. Par ailleurs, l’émission se présentait comme une succession de jeux où six comédiens, humoristes ou chanteurs venaient participer uniquement pour divertir le public. Sans détailler davantage les jeux dans lesquels ils ont évolué, il s’agissait simplement pour ces amuseurs publics de répondre favorablement aux invitations d’Arthur proposant à chacun de mettre en avant son talent dans des situations drôles et ridicules à la fois.
Pas de compétition, pas d’équipe, pas d’associations à qui reverser une obole en fin d’émission. Le plaisir de faire rire et de proposer “gratuitement” de divertir le public un vendredi soir. Outre Manche et outre Atlantique, ces émissions existent déjà depuis de nombreuses années et font partie de la culture contemporaine de ces pays. En France, des expériences comme celles-ci sont très rares. Arriver à demander à des invités de se mettre dans des situations peu avantageuses pour divertir le public n’est pas dans nos habitudes. En général, lorsque l’émission n’a pas un enjeu clairement établi et très fort, on tombe rapidement dans des formes contemplatives où ce sont des artistes moins connus qui se produisent sur scène dans un cadre très convenu et clairement identifié pour une performance tout autant codifiée, devant un parterre de personnalités en admiration (“Le Plus Grand Cabaret du Monde” ou “Les Années bonheur” dans un registre un peu différent).
Pour conclure, l’émission d’Arthur a su apporter un souffle frais, déliant les habitudes trop rigoristes des émissions du genre autant dans le fond que dans la forme, faisant preuve d’inventivité dans la mise en scène, dans la conduite de l’émission ainsi que dans le choix des invités / participants, moins connus qu’à l’habitude.