Le début de l'année, c'est toujours un moment un peu particulier, même si au fond rien ne semble pouvoir changer. Donc, sous l'emprise de la tradition, de l'alcool peut-être, on profite du passage à l'année nouvelle pour prendre de bonnes résolutions.
Je ne déroge pas à la règle et je me fixe - un peu secrètement - quelques règles de vie pour 2012, à savoir prendre soin de sa santé, ne pas abuser des bonnes choses (liquides et solides), essayer de se coucher un peu plus tôt, ne pas sortir en semaine. Bref, que des résolutions qui me permettront d'atteindre sans trop de difficultés une prochaine décennie.
Là, à peine le 1er janvier terminé que nous recevons une invitation ! Un rapide coup d'oeil à mon agenda de ministre de l'opposition et je nous entends accepter cette soirée. A croire que toute occasion sera bonne pour profiter de la vie encore cette année.
Nous voilà donc ce soir en compagnie de nos amis de TLBCOUF pour ce qui devait être - au départ - un "simple" apéritif dinatoire, mais qui s'est prolongé assez tard dans la nuit.
A noter que tous les vins ont été servis à l'aveugle et que je n'ai pris aucune note lors de la soirée.
Premier vin : une robe or-bronze très profonde et brillante. Un magnifique nez montrant une évolution maîtrisée du vin : miel, amandes grillées (magnifiques amandes - je me répète), une pointe de noisettes et une amertume mentholée plus que noble. La bouche est au diapason, corpulente, fraîche, tendue quoique veloutée, sur une très forte minéralité qui donne de la granulosité au vin qui se termine par une finale dantesque. J'ai d'abord pensé à un Chardonnay puis je me suis ravisé en croyant reconnaître un vieux chenin ayant mangé ses sucres ... Excellentissime.
Résultat : Morey Saint Denis premier cru Clos des Monts Luisants 1992, domaine Ponsot.
Deuxième vin : une robe rouge-brune sombre, intense. Un nez très animal, viandé, sur les fruits presque confits. J'ai immédiatement pensé à une Côte Rôtie un peu évoluée de chez Jamet. La bouche est d'apparence plus jeune, sur les fruits rouges assez intense, presque sur un équilibre de Cabernet Franc (belle droiture, acidité de constitution). Belle finale quoique relativement courte. Bien+++.
Résultat : Hermitage 2002, Guigal.
Troisième vin : une robe évoluée, rubis-framboise avec des reflets plus sombres. Le nez est magnifique d'évolution, sur les feuilles mortes, l'humus, le sous-bois, le tout enveloppé dans une trame de fruits à l'alcool (cerises à l'alcool). C'est déjà très grand. Ensuite, la bouche ! Sans doute légèrement en retrait par rapport au nez, elle développe un fruité confit et fondu surprenant pour son age. On y retrouve la cerise, une pointe de cassis, des notes réglissées. Magnifique finale tout en finesse et en élégance. Excellentissime.
Résultat : Saint Emilion Grand Cru classé A, château Ausone 1975 (mon premier "A" !).
Quatrième vin : les vapeurs commencent à nous attaquer doucement les neurones, car, bien sur, nous ne pouvons recracher de tels vins. Donc, mes commentaires seront certainement moins précis. Il faut d'ailleurs préciser que ce vin a été servie étiquette découverte, ce qui ne nous pousse pas à combattre une paresse bien naturelle. Bref, un vin basé sur un équilibre subtil, entre la minéralité et l'acidité du cru / du cépage d'une part, le dosage mesuré des sucres, la corpulence du vin, un fruité exotique et un léger rôti. Bref, superbe accord avec la frangipane. Excellent.
Jurançon, Cuvée Marie Kattalin 2006, domaine de Souch.
Cinquième vin : très joli 'vieux' chenin ayant mangé ses sucres, frais, tendu, velouté / demi-sec. J'y ai trouvé également des notes de cognac, de viel alcool élevé sous bois et d'ananas presque confit. Finale très fraîche, longue, longue, longue. Atypique dans sa construction mais Excellent.
Résultat : Coteaux du Layon, domaine Moulin Tournier (?), 1959.
Enfin, cerise sur le gâteau, un 'petit' malt de derrière les fagots. J'ai parfois l'habitude de prendre un Macallan, un Oban ou un Dalwhinnie, mais force est de constater que ce Single Malt est à un niveau largement supérieur, au même titre qu'un Grand Cru de Bourgogne peut l'être par rapport à un Premier Cru !
J'avoue mon incompétence, ou plutôt mon manque de vocabulaire pour décrire ce malt avec la précision qui s'imposerait, mais j'y ai trouvé les caractères suivants : passé un premier nez sur l'alcool, une minéralité tourbeuse intense, un côté algue, une puissance alcoolique intense mais finalement très équilibrée et une forte persistance sur des notes charbonneuses et boisées.
Ce Highland Park 25 ans d'âge est proprement magnifique. Merci François.
Voilà, l'apéritif dinatoire originel s'est finalement transformé en dégustation, et c'est une bonne chose.
Un grand merci à nos hôtes d'un soir ... en attendant la prochaine !
Bruno