Dernièrement à eu lieu un événement (18 novembre 2011) technique sponsorisé par le premier opérateur nucléaire civil européen. Cet événement concerne la sphère des NTIC et plus précisément celle liée aux « réseaux industriels ». Cette action avait pour but de faire la promotion du célèbre standard d’échange OPC UA (OLE for Process Control Unified Architecture ). Il s’agit d’un « Standard / logiciel serveur » qui est en passe de devenir la référence dans le domaine des réseaux industriels et plus précisément dans les échanges de données. Présenté comme le standard international d’échange, il permet les connexions de type "Plug and play" entre les différents produits et composants d’automatisme le tout lié à un système d’information industriel. Ce qui fait de lui un incontournable et un élément clé de la stratégie des Etats-Unis en matière de normes et de standards. Les fabricants et les fournisseurs (françaises, européennes) spécialisées qui opèrent dans ce domaine d’activité à haute valeur ajouté et du reste très lucratif doivent tenir compte de l’existence de ce standard. A cette condition, ils doivent concevoir, développer et distribuer leurs gammes et solutions de produits autour de celui-ci. S’ils ne tiennent pas compte des normes et de standards, ils courent à leur perte et disparaitrons à jamais de ce secteur très lucratif.
Les Etats Unis qui sont à l’origine de cette stratégie (normes/standards) l’ont bien compris et maitrisent parfaitement leur doctrine qui concerne la dominance informationnelle celle mise en œuvre dans les années quatre-vingt-dix (administration Clinton). Il faut avoir à l’esprit que cette doctrine vise l’ensemble des actions entreprises pour atteindre la supériorité dans l’information en agissant sur l’information, les processus informationnels, les systèmes d’information et les réseaux informatiques de l’adversaire, tout en défendant sa propre information, ses propres processus informationnels, ses systèmes d’information et réseaux informatiques (citation de Franck Daninos – Guerre et dominance informationnelle : origines, histoire et significations stratégiques – Diplomatie N°02 – Mars / avril 2003, p.9).
Aujourd’hui, les Etats Unis ils ont fait de leur concept « Guerre de l’information » une véritable arme de guerre économique en infiltrant et en contrôlant le monde des normes et des standards de communication et il en va de même pour l’ensemble des relais institutionnels. Car on le sait, tout grand Etat, n’a pas d’ami ou d’allié à long terme et il se doit de se défendre des actions concurrentes contraires à ses intérêts.
Quel est le lien avec OPC, Bill Gates et la Fundation OPC
Officiellement OPC est né dans les années 1980 – 1995 (création officielle) et fait suite à l’émergence de la micro-informatique et des systèmes de supervision. Il s’agit d’un logiciel serveur basé sur les technologies OLE, COM et DCOM développés par l’empire Microsoft pour sa famille de système d’exploitation (O.S 95/98/NT) et non pas un standard de communication. Ce soft permet de faire communiquer de façon transparente des systèmes industriels différents, le tout défini et piloté par la prestigieuse "OPC foundation".
Voici quelques exemples d’utilisation du logiciel/ serveur OPC donné à titre indicatif…
- OPC est utilisé dans les centrales nucléaires, les plates-formes pétrolières, les unités de traitement des eaux, les usines automobiles (chaines de fabrication), les usines de retraitement…vous l’aurez compris, OPC est utilisé dans la vie de tous les jours et pour répondre à nos besoins.
Par la même occasion, voici quelques informations sur cette fondation qu’est OPC. Cette fondation intègre, responsable et soucieuse de créer de la richesse pour tous et faire avancer l’humanité toute entière est une organisation mondiale qui regroupe aujourd’hui plus de 500 membres répartis dans 40 pays. Il est vrai que l’asymétrie informationnelle constitue un avantage, mais à condition d’être soigneusement dissimulé à l’adversaire comme le suggéré l’illustre Sun Tzu (l’art de la guerre Hachette, Paris – 2000).
Ce qui est édifiant, c’est de savoir que la "OPC foundation" est sous la tutelle de Bill Gates, l’illustre fondateur de MICROSOFT. La fonction principale d’OPC foundation, est d’assurer l'interopérabilité en automatisation industrielle en créant et en maintenant un ensemble de spécifications ouvertes qui normalisent la communication des données de procédé industriel. En clair, Bill Gates actionnaire zélé et actif veille et assure le suivi et le contrôle des opérations. Il est à noter qu’à ce jour plus de 120 partenaires, les plus grands « Majors » de l’industrie électrotechnique contribuent et participent activement à la mise en œuvre d’OPC à travers la planète et le tout sous la houlette de Bill Gates et du Département de la défense (acteur de l’ombre). Quelques références données à cette occasion et le tout pour une meilleure compréhension des enjeux financiers et économiques ; Télémécanique, Allen Bradley, Applicom, Siemens,…) adhèrent aujourd'hui à cette norme qui met fin aux interminables débats d'interfaces spécifiques et propriétaires.
L'innovation et les nouvelles formes de la puissance « soft power »
L’innovation technologique constitue un des piliers de l'extension de l'influence exercée par les États-Unis (relevant du soft power) et cela depuis les années 1990 (période Clintonnienne). La technologie est utilisée systématiquement pour asseoir la domination globale des États-Unis. Ceux-ci cherchent dès lors à conduire une stratégie de puissance en s'appuyant en particulier sur la maîtrise de technologies « génériques » (dans le domaine des technologies d'information et de communication en particulier), technologies pivots considérées comme des actifs stratégiques susceptibles d'accroître la domination américaine. On sait que le réseau Internet constitue un des points clé de la domination américaine grâce aux technologies d'information et de communication.
Rappelez-vous…en 1996, J. Nye et W. Owens avaient publié dans la célèbre revue Foreign affairs un article intitulé América’s information edge.
« Le pays qui gérera le mieux la révolution de l'information sera plus puissant que tout autre. Et dans l'avenir prévisible, ce pays, ce sont les États-Unis ».
Promues au départ (1992-1993) par le Président Clinton et son Vice-Président Gore comme un projet d'envergure nationale (National Information Infrastructure), les « autoroutes de l'information » accèdent rapidement au rang de priorité dans la politique étrangère des États-Unis : dès 1994 à l'occasion d'une conférence de l'Union internationale des télécommunications (UIT) à Buenos Aires, Al Gore propose la création d'un réseau planétaire nommé :
Global Information Infrastructure
La définition et la gestion d'Internet sont confiées à des institutions plus ou moins directement placées sous l'égide du gouvernement américain. Ces institutions se succèdent à mesure qu'évolue l'infrastructure Internet. Depuis 2000, à la suite de l'Internet Assigned Numbers Association (IANA), c'est une association à but non lucratif, l'Internet Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN) créée en 1998 à l'initiative de Washington, qui administre le réseau. Même si elle peut être considérée comme une organisation internationale (elle est composée de personnes de tous pays) dont le fonctionnement est démocratique (les 19 directeurs sont élus), l'ICANN entretient des liens avec l'administration américaine, ce qui lui vaut des critiques de la part de nombreux gouvernements qui considèrent que l'influence de Washington y est trop grande.
Le ton est donné ainsi que la cadence, le plan stratégique a été validé depuis 1990 et son plan d’actions est lancé et nous sommes déjà dans la phase de consolidation.
Ce qui était annoncé explicitement dans les années quatre-vingt-dix est devenue une réalité et démontre de façon significative le caractère stratégique de la maitrise des processus concernant la gouvernance des normes et des standards de communication. Les Etats Unis sont devenus les maitres incontestés et ils assument et assoient ainsi leur suprématie au reste du monde.
Les Etats-Unis, hyperpuissance des normes?
Une caractéristique s’érige comme élément incontestable de la période actuelle :
La prépondérance des Etats-Unis dans le domaine des hautes technologies de l’information à l’échelle internationale. Les Etats-Unis exercent leur hégémonie et aucun Etat ou groupe d’Etats n’est en mesure de faire contrepoids, mais peut-on dire qu’ils sont animés d’intentions malignes à l’égard des autres. Ils concentrent leurs efforts sur ce qu’ils considèrent comme relevant de leurs intérêts propres, sans autre dessein. D’autres voient au contraire les Etats-Unis comme un Etat qui à la main mise sur l’ensemble des normes et autres standards liés aux domaines de l’information.
Voici quelques exemples significatifs de normes informatiques qui aujourd’hui sont des standards incontournables et qui sont sous l’influence des Etats-Unis. Les entreprises françaises et européennes pour pouvoir répondre à un appel d’offre sont dans l’obligation d’êtres certifiées et doivent avoir du personnel certifiées se qui impose des budgets complémentaire et une maitrise parfaites des normes des standards cités ci-après. Si les entreprises ne le sont pas l’objet de certification elles ne peuvent donner une suite favorable et de ce fait sont exclues. Un excellent moyen de maintenir une certaine pression sur la concurrence et ne maintenir que celles qui peuvent se maintenir parmi les meilleures.
Démonstration de la suprématie des Etats-Unis en quelques exemples…
CoBiT - Control Objectives for Information and related Technology
Objectifs de contrôle de l’Information et des Technologies Associées) est un outil fédérateur qui permet d'instaurer un langage commun pour parler de la Gouvernance des systèmes d'information.
ITIL : Information Technology Infrastructure Library
Ensemble d'ouvrages recensant les bonnes pratiques « best practices » pour le management du système d'information. Rédigée à l'origine par des experts de l'Office public britannique du Commerce (OGC),
ISO/CEI 27001
La norme ISO 27001 publiée en octobre 2005 succède à la norme BS 7799-2. Elle s’adresse à tous les types d’organismes (entreprises commerciales, ONG, administrations…). La norme ISO/CEI 27001 décrit les exigences pour la mise en place d'un Système de Management de la Sécurité de l'Information (SMSI). Le SMSI est destiné à choisir les mesures de sécurité afin d'assurer la protection des biens sensibles d'une entreprise sur un périmètre défini.
SMSI
Un système de gestion de la sécurité de l'information (en anglais : Information security management system, ou ISMS) est, comme son nom le suggère, un système de gestion concernant la sécurité de l'information.
Le plus connu des SMSI est ISO/CEI 27001, publié par l'ISO en complément de ISO/CEI 27002 (anciennement référencé ISO/CEI 17799).
British Standard Institute contre AFNOR : une partie de poker perdue d’avance
Prenons un exemple concret pour justifier de ce combat perdus : la norme de sécurité « ISO/CEI 27001 »
Créée en 1995 par le British Standard Institute (équivalent de l'AFNOR en France), cette norme instaure des standards de qualité et de performance pour l'industrie. En 1999, elle connaît un succès international et est adoptée en tant que ISO/IEC 17799 :V2000. On aborde les « Best Pratices » ainsi que la phase de contrôles.
Cependant, aucune référence à une quelconque certification n'y est mentionnée.
Un an plus tard, une révision sera effectuée afin d'uniformiser l'environnement de la sécurité informatique. Elle aboutira, en mars 2005, à la version 2 de la norme ISO 17799.
Concrètement, l'ISO 17799 est reconnue de part son application et sa diffusion mondiale auprès des plus grands comptes. Cependant, elle ne définit aucune exigence (matérielle ou logicielle). Elle sera remise en cause car elle censée donner une certification véritable avec la version BS 7799-2. Pour pallier ce manque, en octobre 2005 le standard BS 7799-2 est adopté par l'ISO. Il introduit le nouveau standard international ISO/IEC 27001:2005. Nous avons là le résultat d’une stratégie commerciale hors pair et jouée avec une grande maitrise menée de 1995 à 2005 soit une décade, le tout avec l’aide des anglais, l’incontournable allié des Etats-Unis. L’AFNOR, organisme français accepte au final et approuve ce nouveau standard. Les Etats-Unis au travers cette transformation obtiennent une fois de plus le contrôle des normes. C’est ainsi que la puissance américaine s’impose à la planète entière. C’est encore et toujours la maitrise du « soft power informationnel » cher à Joseph Nye – « America’s information Edge » (Foreign Affairs, Vol 75., N°2 mars avril 1996, p .20).
Conclusion
Il est indéniable et on le perçoit au travers des arguments et des exemples communiqués que la maitrise des processus liés au monde normé est un élément clef de la maitrise de l’information. Elle permet aux Etat Unis d’assoir une fois de plus leur domination sur le reste du monde. Cependant, il n'est pas inutile de rappeler que le monde normé n’est pas une chasse gardée car sans compter sur la montée en puissance de pays émergents (BRIC) qui vont dans moins de deux décades se positionnés et avanceront à grand pas ;
A ce jour, la Chine est la seconde puissance derrière les Etats-Unis, si le pays poursuit sur sa lancée actuelle dans les domaines des NTIC, elle deviendra sans conteste le leader mondial de demain et peut aussi à son tour et ne manquera pas de s’autoproclamer le maitre des normes et des standards de communication et avant 2020. Il est ainsi prévu que l’économie chinoise dépasse celles des Unis-Unis en 2027.
Annexes
Historique de l’OPC foundation
1995 : Création de la Fondation
1996 : OPC, OPC 1.0 (OPC DA)
1997 : Spécification OPC DA 2.0
1998 : Spécification OPC Common, OPC HDA, DA Automation
1999 : Spécification OPC A&E 1.02, A&E Automation, CTT DA 1.0
2000 : Spécification OPC Batch 1.0, Security 1.0
2001 : Spécification OPC HDA Automation, Batch 2.0, Batch Automation
2002 : Spécification OPC A&E 1.1, DA 2.05a
2003 : Spécification OPC DA 3.0, DX 1.0, XML DA, CTT 2.0.4
2005 : Spécification OPC UA.
2006 : Spécification OPC UA.
Organismes de normalisation reconnus
Au niveau mondial
ISO (Organisation internationale de normalisation),
Soit au total : 162 états membres.
CEI ou IEC (Commission électrotechnique internationale),
UIT (Union internationale des télécommunications),
Au niveau Européen
CEN (Comité européen de normalisation),
CENELEC (Comité européen de normalisation pour l'électrotechnique),
lETSI (institut européen des normes de télécommunications),
Au niveau national
AFNOR (Association française de normalisation)
L’Association Française de normalisation (AFNOR) est l'organisme officiel français de normalisation, membre de l'Organisation internationale de normalisation (ISO) auprès de laquelle elle représente la France.
L'AFNOR a été créée en 1926 ; elle est placée sous la tutelle du ministère chargé de l'Industrie. Elle compte environ 3 000 entreprises adhérentes. Depuis sa fusion avec l'Association française pour l'assurance de la qualité en 2004, elle fait partie du groupe AFNOR.
L'AFNOR édite la collection des normes NF qui identifie habituellement un document par la forme NF L CC-CCC dans la nomenclature nationale française.