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Les Grosses Têtes et le Vin

Par Mauss

On n'est pas obligé de suivre avec une grande conscience les impératifs borlandiens vous intimant de n'écouter que France Culture, surtout quand vous êtes en voiture et que l'oreille n'est qu'en deuxième cercle de vos intérêts primaires.

Donc, il vous est permis d'écouter les Grosses Têtes de l'immortel Philippe Bouvard.

Ce jour, il eut au téléphone un producteur de graves lui explicitant un projet consistant à immerger à 1000 mètres de profondeur, et pour dix ans, quelques topettes de son cru.

But de l'opération : assurer à ces bouteilles un vieillissement lent et quasi parfait (dixit lui). Pas d'UV, pas de trépidations de métropolitain, température bassissime et, le plus important, aucun échange gazeux via la perméabilité classique des bouchons de liège, avec l'environnement aqueux… et salé, puisque dans l'eau, il n'y a pas d'air :-)

Qu'il me soit permis de poser quelques questions, l'auteur de cette initiative - qui n'est certes pas la première, certains pirates l'ayant réalisée à l'insu de leur plein gré - nous assurant que ce vieillissement spécifique permettra au vin de garder tout son fruit, n'ayant à subir aucune oxydation (redixit ce vigneron des graves).

Question 1 : oui ou non (et merci anticipé pour vos réponses), le vin DOIT-IL échanger, via la perméabilité des classiques bouchons de liège, avec son environnement, pour une évolution qualitative du cru ?

En annexe : deux susurrements : 

- quid des surbouchonnages en cire qu'on voit sur les magnums de Jean-François Coche-Dury ou dans cette matière équivalente pour le Clos du Paradis d'Abi Duhr (GJE, Luxembourg) ? C'est 100 % sans aucun échange gazeux ou non ?

- quelqu'un a t'il des sources d'informations sur un même cru mis sous simple capsule avec un frère sous cire ? Des différences ?

Question 2 : si ce Monsieur des graves assume que dans la mer son vin ressortira dans dix ans comme un jeune gamin sur le fruit, cela veut-il dire que depuis des siècles on a mal fait et qu'il faut revenir à un bouchage totalement hermétique ? Toutes ces histoires savantes d'échanges gazeux subtils bénéfiques pour le vin sont-ils de la poudre de perlinpinpin ?

Question 3 : si effectivement un bouchage totalement hermétique est "meilleur" que tout autre, alors qu'attend-on pour boucher les grands crus avec ces nouveaux bouchons de verre dont Michel Bettane nous a parlé favorablement récemment, en y ajoutant - voyez ma générosité ! - une bonne couche de cire, histoire d'éviter que des requins de rivière aillent titiller nos belles topettes sous-marines ?

Question 4 : comme ce n'est pas trop compliqué de faire fondre de la cire et d'y tremper ses bouteilles, est-là une sage initiative à préconiser à nos lecteurs ?

Va savoir Charles ! 

Bon : on commence l'année sur des questions fondamentales, sinon gravissimes mais, quelque part, qui peut justifier - en dehors de ses simples aspects pratiques et musicaux (le pop si sympathique du débouchonnage) - le premier rang donné au liège alors que verre + éventuellement cire, donneraient à nos crus dispendieux de meilleures chances de vieillissement en resplendissante jeunesse, avec l'avantage annexe que ce n'est pas demain qu'on ira chercher, pour une soirée entre potes, les bouteilles cachées par une nuit sans lune, dans la baie de Biarrtitz ou d'ailleurs ?

A vos claviers, les amis ! Et pas de gros mots si jamais Laurentg en profite pour mettre une note de dégustation :-)


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