L'Autorité de Sûreté Nucléaire a remis son audit de sûreté nucléaire au Premier ministre dans la matinée. Sans grande surprise, elle considère que "les installations examinées présentent un niveau de sûreté suffisant pour qu'elle ne demande l'arrêt immédiat d'aucune d'entre elles".
Dans le sillage de la catastrophe de Fukushima survenue en mars dernier, le gouvernement avait chargé l'ASN d'un audit de sécurité sur les 58 réacteurs nucléaires français.
Pour l'ASN, aucune centrale, pas même Fessenheim dans le Haut-Rhin, la plus vieille centrale de France, ne mérite d'être démantelée. La perspective d'un audit avait pourtant redonné des arguments aux écologistes en faveur de la fermeture de Fessenheim, par crainte d'une dégradation dramatique des réacteurs et les risques sismiques existant dans la région.
"A l'issue des évaluations complémentaires de sûreté des installations nucléaires prioritaires, l'ASN considère que les installations examinées présentent un niveau de sûreté suffisant pour qu'elle ne demande l'arrêt immédiat d'aucune d'entre elles", affirme l'ASN dans un avis publié avant la présentation des conclusions de l'audit.
6 mois pour améliorer " la robustesse des installations "
Toutefois, l'ASN recommande certains changements "dans les meilleurs délais" allant dans le sens d'une augmentation de la robustesse des installations pour faire face à "des situations extrêmes".
Pour se faire, l'ASN demande à tous les exploitants des sites nucléaires français (EDF, Areva, CEA) de définir d'ici au 30 juin 2012, "un noyau dur" de propositions concrètes permettant de "maîtriser les fonctions fondamentales de sûreté". Il s'agit ainsi pour l'ASN d'améliorer la prévention d' un " accident grave ", de limiter les rejets massifs dans un scénario d'accident et d'améliorer les conditions de travail en gestion de crise. Elle demande également des dispositions renforcées sur le " risque de dénoyage " du combustible, partant du constat selon lequel l'impossibilité de refroidir les combustibles usés hors des turbines de la centrale de Fukushima-Daiichi était l'une des principales causes de la catastrophe.
Eric Besson, ministre de l'Energie, réunira les exploitants lundi prochain afin de "définir le calendrier de mise en oeuvre des demandes" de l'ASN.
Pour l'Observatoire du nucléaire, une organisation indépendante "de surveillance du nucléaire", cet audit de sûreté n'est qu'un "subterfuge au résultat déjà connu", en dépit de la dangerosité évidente de toutes les centrales."L'action spectaculaire de militants de Greenpeace qui sont parvenus à pénétrer sur plusieurs sites nucléaires début décembre, n'aurait donc rien prouvé pour les experts de l'ASN...
Olivia Montero