Quand l'oud chante , quand il parle et que l'on entend les phrases qui se prononcent pour la première fois d' un être autre qu' humain , c'est par la main de Farid Alatrach , le mythe de l'oud .
Farid Alatrach a pu récupérer la règne de ses ancêtres , perdu par la colonisation française au Liban . Un règne que personne ne peut prendre ni avoir , c'est le règne de l'oud .
Farid Alatrach a reçu un immense héritage, celui des mythes des mille et une nuits . Une tradition que l' on trouve dans les livres du passé et dont on ne peut pas être qu'il soit réaliste . Un règne sur les humains et sur les Djins ... Même les musiciens entendaient des voix de la nuit qui leur révèlaient leurs sons et leurs musiques .
Avec Farid Alatrach, ce rêve est devenu réalité , dans un monde qui en avait grand besoin , les pays arabes sous la colonisation occidentale . En guerre froide entre le traditionnel et le moderne . Entre la musique d'un monde spirituel et un autre, plus matériel, qui voit, dans la négligence des traditions orientales ou occidentales, une libération pour la création d' un autre monde , une libération de l' esclavage des idées .
Farid Alatrach était un don d'un descendant des prophètes . Il avait eu un don pour vivre les traditions musicales de l'orient, une facilité originale et unique à améliorer et en faire sortir une liqueur moderne éternelle qui guérit les âmes malades de notre monde . Des remèdes éternels donc qui perdurent, même plusieurs années après sa mort.
Farid Alatrach avait un grand lien avec ses spectateurs , un lien qui s'exprimait clairement dans les concerts et les rencontres .
L' attente des spectacles de Farid Alatrach était pour écouter des improvisations à l'oud seul . Dès que Farid Alatrach s'asseyait , dans l'orchestre , les spectateurs réclamaient ses solos de l'oud . Les musiciens restaient immobiles à leurs places , sans aucune réaction , mais avec une émotion et une admiration que seul Farid Alatrach méritait .
C'était un spectacle pour les auditeurs mais aussi pour les interprètes qui accompagnaient Farid Alatrach . Chaque spectacle était de nouvelles versions de musique pleine de créations et de formes de chants .
La vie de Farid Alatrach était riche de créations . C'est un fleuve de sons et de musiques important comme le Nil, en Egypte.
Un fleuve de sensations et d'humanité . Sa vie était un amour et il l'a chanté . Même dans sa souffrance , dans ses derniers jours , à l'hôpital , il ne pensait qu'à son public et il lui donnait des promesse de rencontre , de joie et de bonheur . Il n'a pas hésité à donner du courage à son public qui souffrait de sa souffrance et sa maladie .
Il a chanté l'une des grandes chansons alors que la moitié de son coeur était arrêté et que son médecin lui interdisait de chanter . Il a voulu que sa fin soit une chanson et un moment de joie pour son public .
C'est un fleuve des valeurs qui éduque des générations . Chaque jour, ses musiques sont entendues dans les cinq continents, en pays arabes comme en occident .
Hommage à toi, notre maître Farid Alatrach. On a compri que l'homme est un géant qui défit la mort par son génie et son art .
Je vous laisse aujourd'hui avec l' une de ses chansons " Arrabia " , le printemps , un Takssim ( improvisation de l'oud ).
Bon spectacle et bonne découverte .
Abdelkarim Belkassem
Rouen-France, Safi-Maroc