Il y avait longtemps ! Cela faisait plusieurs minutes que la France n’avait pas connu cette excitation caractéristique avant l’arrivée d’une nouvelle taxe. Heureusement, Sarkozy a réveillé le pays assoupi au milieu d’un désert fiscal en proposant une nouvelle TVA, qu’il veut, bien évidemment, sociale. Et c’est vrai qu’il s’y connaît, le bougre, en excitation, en social, … et surtout en taxes.
C’est donc au milieu d’un discours que beaucoup ont trouvé méchant, décalé, brodé de poncifs, incantatoire mais impuissant, que notre président a lâché son petit rot festif et républicain sur une nouvelle taxe.
C’était inattendu, vraiment. Alors que son discours roulait, cahin-caha, sur les routes sinueuses des constats d’évidences (« crise inouïe », « souffrance » du peuple français soumis à une politique socialiste depuis plus de trente ans et sans queue ni tête depuis trois ans, etc…), voilà Nicolas qui nous explique qu’il a pris la mesure du bordel dans lequel le pays patauge et qu’il a trouvé quelques recettes bien solides pour tout remettre d’équerre : on va former les chômeurs, on va taxer les transactions financières, et enfin, on va instaurer une Taksantidélocalization, qui ressemble à la TVA sociale dont on avait déjà entendu parler.
Tout ceci est franchement novateur. Un tourbillon d’idées nouvelles !
Ainsi, la formation des chômeurs, c’est du jamais vu, jamais entendu, jamais tenté ! On va, on le sent déjà, découvrir un nouveau mode d’appropriation des périodes de temporisations entre deux activités productrices, à n’en pas douter. Au lieu d’avoir des épaves en souffrances échouées sur les récifs coupants de l’inactivité, on va avoir de frétillants apprenants sur la voie de la reformation !
Youpi.
On se demande ce que font les formateurs actuellement avec les chômeurs. En tout cas, fini les ateliers poterie & macramé, ou la Photo Pour Les Nuls. Ou je ne sais pas. En tout cas, Nicolas a pris les choses en main et ça va roxxer. Mais si.
Pour la taxe sur les transactions financières, là encore, la surprise est grande puisque cela fait facilement dix ans qu’on en entend parler et que les Français ont été préalablement préparés et délicatement massés pour rentrer leur corps souple dans cette nouvelle boîte fiscale. Évidemment, elle est — comme d’habitude — présentée à la fois comme quasiment indolore et exclusivement portée par les riches. Une fois mise en place, on pourra mesurer avec efficacité le niveau de non-douleur et surtout découvrir que la France compte vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup de riches, notamment chez les petits épargnants qui ne vont pas comprendre ce qui leur arrive (mais fallait pas voter socialiste).
Le pompon de la nouveauté, c’est bien sûr la TVA Sociale, qui est au social ce que les Républiques Démocratiques Populaires furent à la Démocratie et au Peuple.
Quel est son principe qui va enfin éclairer d’un jour nouveau la fiscalité française et permettre de remettre le pays dans le droit chemin vers le mur ?
Dans l’idée de base, c’est très simple : tout d’abord, on augmente le poids de la TVA (Oui, c’est donc une nouvelle hausse de taxe. Fallait pas voter socialiste.) Ensuite, on réaffecte une partie de la TVA collectée à la protection sociale. Vous voyez, c’est vraiment stupéfiant d’innovation.
Dans l’idée telle qu’elle est comprise par les étatistes du clan Ouhempé, la TVA Sociale est rebaptisée « antidélocalisation ». Le détail précis de la mise en place de cette nouvelle usine à gaz taxe a bien vite été repoussé au 18 janvier prochain, date à laquelle un Grenelle du Social En Culotte Courte se tiendra pour déterminer avec précision quelles quéquettes contribuables il faudra griller au laser pour obtenir de l’argent.
Mais en gros, il s’agira essentiellement de reporter les charges qui pèsent sur les salaires sur la TVA (qui pèse sur la consommation). Autrement dit, le salarié se verra un peu moins ponctionné, mais dépensera en compensation à peu près exactement de ce qu’il aura gagné. Comme l’ensemble de la mécanique bien huilée de l’État aura introduit un changement über-complexe dans un ensemble déjà turbo-complexe, il y aura quelques frictions qui seront amoindries par une petite ponction sur les flux, et tout le monde aura la joie de constater que le pouvoir d’achat s’est encore amoindri.
Youpi (derechef).
À présent, on pouffera aussi gentiment sur la réaction forcément ulcérée de la gauche, dans le plus pur style « Oh le vilain il fait du socialisme alors que c’est réservé à nous« , puisque, tout comme la taxe Tobin pardon taxe sur les transactions financières, cette idée de nouvelle sodomie fiscale aussi sociale que festive a régulièrement été reprise aussi bien à droite qu’à gauche (on se souvient par exemple que lors du congrès du Mans en novembre 2005, la motion finale du PS proposait «le transfert d’une partie des cotisations sociales patronales, qui pèsent aujourd’hui sur la seule masse salariale, sur la valeur ajoutée»).
Maintenant, le même Parti Officiellement Socialiste trépigne que Non non non, c’est une très mauvaise idée cette TVA sociale machin truc !
Plus rigolo encore la position du petit Manuel Valls, qui, en août, était chaud bouillant pour une telle filouterie fiscalité créative :
Manuel Valls et la TVA sociale par LaTribuneTV
Évidemment, maintenant que l’idée est propulsée par le socialiste de l’autre bord, la TVA sociale pue du bec.
Notez au passage qu’aucun de ces pénibles bouffons, fussent-ils de droite ou de gauche, ne veulent s’en tenir à l’évidence pourtant massive de la faillite complète du système social français qu’on doit renflouer en récupérant des fonds partout où il en reste encore. Notez qu’il semble naturel à ces tristes pitres de faire intervenir l’État pour modifier sa façon de piquer l’argent soit des salariés, soit des consommateurs, alors qu’il s’agit, in fine, d’offrir une couverture sociale, chômage ou retraite dont seuls les individus directement concernés connaissent la nécessité, et que seuls ces individus sont à même d’apprécier exactement l’importance financière qu’ils peuvent y consacrer.
Mais non : pour tous ces suceurs de prébendes, l’État doit, absolument, intervenir quoi qu’il arrive entre le porte monnaie du moutontribuable et les assurances qu’il va obligatoirement souscrire, la menace coercitive sur la tempe lui rappelant qu’il n’a ni le choix du montant, ni celui de la destination de l’argent qu’il a gagné.
Eh bien moi je dis, tant qu’à faire, autant y aller à fond !