La dernière fois qu'on avait vu une femme ministre pleurer, c'était en 1974 : un député avait osé parler de "génocide" à propos de la loi sur l'IVG que défendait Simone Veil à la demande de Valéry Giscard d'Estaing et de Jacques Chirac. Rescapée des camps de la mort, celle qui est aujourd'hui la femme la plus aimée des Français avait craqué.
Cette fois, la scène se passe à Rome. Et c'est en annonçant le gel des retraites qu'une inconnue de nous, ministre des Affaires sociales, tente difficilement de réprimer ses sanglots. Elle s'appelle Elsa Fornero. Elle a 63 ans. Issue d'une famille ouvrière catholique, elle a été professeur d'économie, collaboratrice de la Banque mondiale et vice-présidente d'un grand établissement financier - Intesa Sanpaolo. C'est une technocrate et une libérale. Et ça ne l'empêche pas d'avoir du coeur. Certes, on attend de nos dirigeants des résultats et non des larmes. Mais quand on ne peut plus rien promettre, au moins faut-il savoir dire "je souffre avec vous". . ...(..)..
À propos de compassion : dans une lettre à Valérie Trierweiler (la compagne de François Hollande) publiée sur mon blog, je suggérais à l'éventuelle future première dame de s'inspirer non seulement de Danielle Mitterrand, fondatrice de France Libertés, mais de Bernadette Chirac, la dame aux pièces jaunes, et même d'Yvonne de Gaulle, qui créa une fondation pour les enfants handicapés. Elle m'a répondu, me dit-on, par voie de tweet, que c'est « une question de génération ». La compassion ne serait donc pas "moderne" ? Et Les Restos du coeur ? C'est le moment de rendre hommage aux 60 000 bénévoles qui ont servi, lors de la dernière campagne, 109 millions de repas. Ils sont la France anonyme et généreuse. ...(..)..
Christine Clerc
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Compassion
Compassion (du latin : cum patior, " je souffre avec " et du grec συμ πἀθεια , sym patheia, sympathie) est une vertu - par laquelle un individu est porté à percevoir ou ressentir la souffrance d'autrui, et poussé à y remédier. D'où le besoin de ce mot, ainsi que de celui d'empathie. " Pitié " et " apitoiement " sont tous deux devenus péjoratifs, mais signifient originellement compassion, tout comme " miséricorde " et son synonyme " commisération".
Psychologie
La compassion est une prédisposition à la perception et la reconnaissance de la douleur d'autrui, entraînant une réaction de solidarité active, ou seulement émotionnelle. Il s'agit donc d'une variante d'empathie axée sur la douleur. On peut aussi se porter de la compassion, ce qui sous-entend que l'on est détaché de soi-même, sans quoi on peut aisément la confondre avec l'apitoiement, avec sa composante de complaisance. De même la compassion envers autrui peut être confondue avec la pitié, au sens moderne, avec sa connotation de condescendance.
Ces deux distorsions de la compassion sont donc stériles, parce qu'il y manque une aide, un soutien actif et efficace, dans la mesure du possible. En effet, si une personne se noie, cela n'arrange pas les choses de se noyer avec elle, et peut même empirer sa condition. De plus, pleurer sur le sort de quelqu'un ne l'aide généralement pas.
Culture humaniste
En tant que valeur, d'après les études de Jacqueline Bouscquet (chercheur honoraire au C.N.R.S., Docteur ès sciences, biologie, biophysique, conférencière et écrivain)en lien avec la Kabbale, seule la compassion peut racheter un karma. L'autre n'étant qu'un miroir, nous devons être capable de nous comporter envers lui comme envers nous-même. Cette compassion doit s'appliquer à toutes les espèces vivantes sur cette terre. Nous devons donc changer nos comportements face à toute forme de vie car ce que nous considérons comme bon pour l'autre revient à admettre que c'est bon pour nous (Donc si nous admettons qu'il est bon de maltraiter des animaux ou les plantes, cela revient à admettre que c'est également bon pour nous). Dans son livre "Au Cœur du Vivant", elle écrit : " L'univers est un tout dont nous faisons partie, toute agression de quelque nature que ce soit contre l'un de ses composants se retourne inévitablement contre l'auteur. En biologie cela s'appelle le feed-back ou choc en retour."
Bien qu'associée à d'autres philosophies, la compassion est souvent synonyme de christianisme en premier (hôpital de la Pitié Salpétrière, Notre-Dame de pitié...), puis d'autres religions... Il est difficile de trouver une conception laïque de la compassion... La gauche laïque ne demande pas l'aumône ou la pitié, mais fait plutôt appel à l'égalité et à la dignité de chacun ainsi qu'à la solidarité de tous.
Friedrich Nietzsche qui s'insurgeait contre la pitié, faisait référence à la pitié au sens chrétien, voir : L'Antéchrist (Nietzsche). Mais Nietzsche n'est pas le seul philosophe à refuser la compassion[1]. C'est également le cas pour les Stoïciens, Kant, Montaigne.. Refus de la compassion (au nom d'une philosophie rationaliste ou vitaliste de la détermination du vouloir).
La loi sur la non-assistance à personne en danger, qui existe dans de nombreux pays, constitue une forme laïque de compassion.
Christianisme
La compassion dans le christianisme, évoque un sentiment de fraternité humaine, qui nous incite à effectuer des actes de : charité (caritas, avec un sens proche du verbe anglais to care) et donc à secourir notre prochain. On agit par compassion, en accomplissant tout acte de partage. Les examens de conscience et exercices spirituels amènent à dissuader de détester qui que ce soit, sans quoi il serait impossible d'éprouver de la compassion pour ce dernier; lorsque le besoin s'en présentera, tous les moyens nécessaires seront utilisés dans le but : d'aider ou de délivrer la personne, y compris si elle n'est pas du clan (parabole dite du Bon Samaritain), du simple fait de sa proximité. L'Évangile insiste sur cette notion de proximité (d'où vient le mot prochain), qui permet il est vrai de voir si l'on agit de façon efficace ou non. Le choix d'un Samaritain montre qu'il s'agit bien de la proximité du moment et non de la plus habituelle proximité culturelle, où la compassion se manifeste plus facilement. Bernard de Clairvaux met à plusieurs reprises en garde contre la tentation de se replier sur soi pour ne pas rencontrer le prochain (ce que nous nommerions aujourd'hui cocooning), en insistant sur la gravité de cette faute.
Si un Chrétien ressent un sentiment de compassion, c'est qu'il serait aussi disposé à accomplir un acte de charité par respect de ses valeurs aussi bien que par considération; mais non, en principe, éprouver de l'indifférence. Et pas davantage pour en tirer fierté (voir : Vaine gloire).
Il peut être considéré que la Vierge Marie a eu une réelle compassion pour son fils Jésus, sur la croix. Elle a souffert avec lui. Le christianisme demande d'apprendre à compatir à la souffrance du Christ et de son prochain afin d'avoir l'élan nécessaire pour aider celui-ci. Il entend enseigner à souffrir en aimant, et à aimer même en souffrant, notion proche de celle de rédemption.
La Chartreuse de Parme de Stendhal évoque la pitié et la compassion au sens chrétien comme des sentiments humains très forts. Compassion de Fabrice pour les blessés à la bataille de Waterloo. Compassion, puis amour de Clélia pour Fabrice prisonnier. Après le vœu de Clélia à la Madone de ne plus voir Fabrice, celui-ci devenu prêtre et très malheureux fait appel dans ses sermons à la Madone de pitié et Notre-Dame de pitié afin de retrouver l'amour de Clélia.
Plusieurs monuments portent les noms de pitié ou compassion :Hôpital de la Salpêtrière (Hôpital de la Pitié-Salpêtrière à l'origine), Notre-Dame de Pitié, Église Notre-Dame-de-Compassion (Paris) (Voir : Communion des saints).