Sans surprise, à l'occasion de la présentation de ses vœux, le président candidat est resté fidèle à la stratégie qui consiste à le travestir en président protecteur. Après Chirac et le coup de la fracture sociale, Nicolas Sarkozy tente de brouiller les cartes et les clivages en sortant de son chapeau la TVA sociale. Un dispositif censé offrir tout à la fois une parade à la mondialisation et un moyen de garantir le financement de la protection sociale.
La ficelle est toujours la même. Dramatiser à l’excès et répéter en boucle comme d'autres avant lui "après moi le chaos". Nicolas Sarkozy est persuadé, il le martèle depuis plusieurs mois à sa majorité, que "les gens veulent qu’on s’occupe d’eux et qu’on les protège face à la crise".
Ce faisant le président réussi un joli contrepied. Alors que ses amis libéraux, à l’image du ministre du Travail britannique, prônent comme remède à la crise moins d’Etat et plus de dérégulation, Nicolas Sarkozy utilise l'image éculée du chef bouclier.
Il n’existe pourtant pas de solution miracle au financement de la protection sociale. L'équation est du niveau de la quadrature du cercle : comment améliorer la compétitivité des entreprises françaises sans dégrader à court terme le pouvoir d'achat des ménages ?
Il y a pourtant urgence à mettre fin au caractère "anti-économique" du financement actuel de la protection sociale française. A gauche, François Hollande mise sur un élargissement de l’assiette à l’ensemble des revenus, en particulier les revenus du patrimoine et les revenus de placement, une maîtrise des dépenses sociales par des réformes structurelles sans oublier, une réindustrialisation du pays.
Nicolas Sarkozy vient donc chasser sur le domaine de prédilection de François Hollande qui a fait de la remise à plat de la fiscalité la pierre angulaire de son projet.
Très habilement, là où le candidat de la gauche propose une compilation de mesures et une architecture complexe, le président sortant avance sur un mécanisme simple, facilement compréhensible et appropriable par tout un chacun.
Trop beau pour être vrai ? Le journaliste et critique américain H.L. Mencken, surnommé le sage de Baltimore, faisait observer que "pour tout problème complexe, il existe une solution qui est à la fois simple, claire et …fausse". La TVA sociale est-elle LA solution ou seulement l’un des éléments de la solution ? La cacophonie des experts n'aide pas à se faire une idée.
Ce qui en revanche est sûr, c'est que le vieillissement de la population, l’accroissement de la durée de vie imposent de revoir rapidement le financement de la protection sociale. Mais cette réforme ne peut s’inscrire que dans un cadre plus large de une remise à plat des finances publiques. Le tout dans un contexte où le surendettement public occidental mis au grand jour par la crise confirme l'inadéquation structurelle entre les dépenses des Etats et leur capacité à générer des recettes.
Sur le seul exemple des dépenses de santé, la fondation Res Publica estime que si l'on souhaite conserver un système de santé à la fois performant et le plus égalitaire possible, il faut le transformer très rapidement en profondeur. Et le think tank de formuler trois propositions : sanctuariser le financement des affections de longue durée, miser sur une politique de prévention forte, réformer les modes de rémunération des acteurs de santé en privilégiant l'efficience des dépenses à la quantité.
La TVA sociale by Sarkozy n’est pas dénuée d’arrière-pensées. "Il y a plus faux que le faux, c'est le mélange du vrai et du faux " disait Paul Valéry. Une partie de la droite incarnée par Laurent Wauquiez assimile le système de la protection sociale à de l’assistanat... et l’assistanat à un cancer qui ronge la société.
A elle seule la TVA sociale ne permettra pas de sauver le régime général de la Sécurité sociale plombé par 140 milliards de déficits cumulés depuis 2007. Mais justement, l’effort restant à accomplir pourrait permettre de justifier une réduction d’un certain nombre de prestations.
Idéologiquement Nicolas Sarkozy gagnerait dès lors sur deux tableaux : transférer le financement de la protection sociale des entreprises vers les ménages et tailler des croupières à l’assistanat.