THE MARRIAGE BUREAU FOR RICH PEOPLE
( LE BUREAU DE MARIAGE DE M. ALI )
traduit de l'anglais par Sabine Boulongne
Un titre un peu détonnant dans ma bib', n'est-ce pas, mais l'idée d'une comédie des moeurs dans l'Inde d'aujourd'hui me plaisait bien. L'occasion de rire et de s'instruire culturellement, tout en s'offrant un voyage pittoresque via un roman, l'appel, entendu chez Schlabaya, était irrésistible!
La 4ème de couv' décrit ce récit comme "une version à l'orientale d'Orgueil et Préjugés". Oui, si on veut
- déjà pour les critères sociaux et financiers, pré-requis pour un mariage arrangé dans les règles, et cette romance invraisemblable qui vient leur tordre le cou, mais bon, on est tout de même assez loin de Mr Darcy et Elizabeth Bennet.Pour situer l'histoire rapidement, M. Ali, arrivé à la retraite, décide d'ouvrir une agence matrimoniale pour occuper ses vieux jours. On assiste donc chez lui à un défilé de bons partis à la recherche du conjoint idéal, souvent à l'initiative des parents, de la soeur, du frère, de l'oncle, de la tante, le tout est plutôt amusant, mais au début, j'ai été un peu "choquée" par les critères de recherche (selon la caste, la couleur de peau, la taille, la fortune, la famille, la dot, etc - surtout le critère de caste, je dois dire que c'est bien un des aspects culturels en Inde qui me demeurera à jamais impénétrable) (aaaah et cette moustache bien touffue qui semble être un critère de beauté indéniable
). Cela dit, en y réfléchissant bien, c'est ce qui se fait partout et depuis toujours, inconsciemment, ou très sciemment d'ailleurs.J'ai trouvé à ce récit un petit côté Mma Ramotswe en Inde, pour l'atmosphère, l'ambiance, la lenteur des développements. C'est très couleur locale, particulier mais pas désagréable. Tout est par ailleurs étrangement détaillé, les dialogues, les mouvements des personnages, bizarrement ça ne sonne pas très naturel à la lecture alors que c'est le reflet de la réalité.
Ah, et puis, la nourriture, ça m'épate toujours dans les romans indiens en général, il n'y a pas une page sans l'évocation d'un plat, de douceurs, d'une boisson. Nostalgie ou réel plaisir des auteurs, la cuisine indienne est souvent mise à l'honneur de façon à vous mettre l'eau à la bouche, même quand vous n'avez aucune idée des sauces ou épices dont on vous parle.
Ce roman, brossant un portrait vivace de l'Inde multi-culturelle, est plaisant dans l'ensemble, et instructif sur la réalité sociale dans ce pays.
Mon bémol, car oui, il y en a un, concerne le côté un peu gros et prévisible de l'intrigue, un conte de fée un poil grotesque qui survient en cours de récit et qui m'a fait soupirer bruyamment et rouler des yeux façon, mais oui, bien sûr.
En même temps, c'est bien amené parce que justement l'auteur sous-entend une sorte de pourquoi pas, pourquoi les choses ne pourraient pas se passer ainsi, en opposant des répliques argumentées à tous les obstacles au mariage par amour, en pointant du doigt le poids des traditions et des familles, et en soulignant que tout cela change et évolue en réalité, et que toutes les formalités d'usage ne sont pas aussi rigoureuses qu'il y a un siècle.
J'aime assez le personnage de l'auteur, sa simplicité et son humour qui transparaissent bien, particulièrement à la fin du livre.
L'auteur
Farahad Zama est né à Vizag en Inde en 1966. Il s'est installé à Londres en 1990. Père de deux enfants, Il travaille dans une banque. Le Bureau de mariage de Monsieur Ali est son premier roman.