Un journal intime décrivant les six mois d’un exil sibérien de février à juillet 2010. «Je suis au seuil d’un vieux rêve de sept ans. En 2003, je séjournai pour la première fois au bord du lac Baïkal. Marchant sur la grève, je découvris des cabanes régulièrement espacées, peuplées d’ermites étrangement heureux. L’idée de m’enfouir sous les futaies, seul, dans le silence, chemina en moi. Sept ans plus tard, m’y voilà.
Un exil au bord du lac Baïkal, surnommé La perle de la Sibérie, sept cents kilomètres de long sur quatre-vingts de large et un kilomètre et demi de profondeur. Une cabane, un ancien abri de géologue enfoui dans une clairière de cèdres. “Rapportée à la violence des tempêtes, la cabane est une boîte d’allumettes. Fille de la forêt. Destinée à la pourriture : les rondins de ses murs étaient les troncs de la clairière. Elle se dresse sur le podium des plus belles réponses humaines à l’adversité du milieu.” Son voisin immédiat, cinq heures de marche. “Il y a là tous les ingrédients de l’imagerie sibérienne de la déportation : l’immensité, la lueur livide. La glace a des lueurs de linceul.”
C’est au fil des jours, des mois, que Tesson accapare son lecteur et partage cette expérience unique. Le solitaire en forêt, dit-il, appartient à deux amours, le temps et l’espace. Le premier, il l’emplit à sa guise, le deuxième, il le connaît mieux que personne. Récit autobiographique décrivant sa réclusion volontaire, ses brèves et rares rencontres avec d’autres ermites, ses longues randonnées lui découvrant son domaine, sa pêche autosuffisante, ses lectures, sa contemplation, son introspection, sa réflexion sur ce monde moderne, monopolisant ses journées.
“Le paradis aurait dû se situer ici : une splendeur infaillible, pas de serpents, impossible de vivre nu et trop de choses à faire pour avoir le temps d’inventer un dieu.”
Prix Médicis 2011, catégorie Essai, Tesson, encore émerveille par la poésie de son écriture, son style si distinctif, ses grands espaces, une longue promenade accompagnée de Rousseau à l’ombre de Thoreau. La formule, peut-être un peu facile, parfois répétitive, mais si peu.