Bonjour à celles et ceux qui vivent un cauchemar dès que la température descend en dessous de 5° celsius et qui grelottent rien qu'en lisant le titre du roman
Bonjour aux fans de Brussolo
Bonjour aux zotres
Certains disent de Serge Brussolo qu'il est un genre littéraire à lui tout seul ce que je trouve paradoxal si l'on se réfère à la diversité impressionnante de son oeuvre qui va du polar à la SF en passant par le thriller ou le livre pour enfants. Iceberg Ltd est le 4e roman que je lis de cet auteur et, une fois de plus, je suis retrouvée projetée dans un univers très particulier et, au cas présent, fortement angoissant.
Le sujet
Yuki, une jeune japonaise, monte une expédition au large de l'Alaska afin de tenter de retrouver l'avion de son père qui s'est écrasé quelque part sur la banquise. Pour se faire, elle embauche Peggy, une plongeuse émérite et toutes deux embarquent sur le Iceberg Ltd dont le capitaine Rolf Amundsen, ne s'est toujours pas remis du décès de sa femme Brigit et de son fils Leif lors d'un naufrage survenu 10 ans plus tôt et dont l'équipage composé d'inuit oscille entre peur superstitieuse et hostilité manifeste.
Mon avis
J'ai lu quelques livres dans ma vie mais aucun ne m'a donné un tel sentiment d'angoisse et d'oppression que celui-ci et, comme c'était visiblement le but recherché, je dis bravo. A côté de la première partie de Iceberg Ltd, les pires nouvelles de Stefen King font figure de Oui-Oui et la voiture jaune tant l'atmosphère créée par l'auteur se nourrit et nourrit en retour toutes les phobies que vous pouvez imaginez, particulièrement celles liées à la folie, à la claustrophobie et à l'abandon tant il est vrai qu'entre être coincée seule sans bateau sur un iceberg ou être coincée à plusieurs dans un bateau entre deux icebergs menaçant de l'écraser (le bateau), mon coeur balance et, surtout, s'affole.
Quand on a le privilège ineffable d'être une femme, on peut ajouter à ce déjà sombre tableau le fait que l'héroïne est une femme et que les mâles qu'elle cotoie ne sont pas des modèles d'équilibre et de gentlemanitude : il ne s'agirait pas d'oublier le verrou avant d'enfiler sa nuisette (ah mais non, suis-je bête, il fait trop froid pour la nuisette !... mais bon vous saisissez l'idée générale).
Aussi déconseillerais-je ce roman à celles et ceux qui sursautent la nuit dès que le plancher craque chez eux ou chez les voisins du dessus, qui ont tendance à rêver qu'ils sont enfermés dans un ascenseur (ou dans un frigo ou ailleurs) et/ou qui en sont déjà à 3 lexomils par jour. Bien sûr, il est aussi intelligent de lire ce roman quand on prépare une expédition vers le pôle que de visionner un reportage sur un crash aérien la veille d'embarquer pour un vol Sydney-Bruxelles !
Franchement la tension que génère le début du roman est bluffante. Mais, parce qu'il y a un mais, vous sentez déjà que si je prends le soin de dire tout le bien que je pense de la première partie du roman, c'est qu'il y a un hic du côté de la seconde. Je ne saurais trop expliquer pourquoi le "charme" (si l'on peut dire) agit moins voire plus du tout, pourquoi l'attention se relâche au fur et à mesure que la tension se fait moins pesante. Sans doute parce qu'à force d'accumuler les signes de folie de toutes parts, Brussolo afaiblit son propos, le décrédibilise et, peut-être aussi, parce qu'à force de suivre trop de pistes angoissantes, il ne sait plus trop comment retomber sur ses pattes de façon un tant soit peu logique et, le trop étant l'ennemi du bien, on dérive de la folie vers le ridicule, de l'angoisse vers le n'importe quoi...
Certaines explications sont donc par trop faciles, si faciles mêmes qu'on n'osait pas croire que l'auteur allait se contenter d'une explication aussi évidente, d'autres par trop improbables alors que dire de la conjonction de deux voire trois de ces explications faciles et improbables simultanément ?
Il n'en reste pas moins que :
- une moitié de livre bluffante ce n'est pas à la portée de n'importe qui
- j'ai appris plein de trucs sur la banquise, les pôles, la plongée en eau froide (ce qui suffit à satisfaire ma curiosité limitée sur ces questions)
- je suis certaine que ça ferait un merveilleur film d'horreur (car le rythme imposé par l'écran amenuiserait considérablement les défauts évidents (à la lecture) de la 2e partie)
- je continuerai à lire cet auteur si inventif et efficace.
Un extrait de critique sur Mad MovieVous l’aurez compris les thèmes abordés sont ici la paranoïa et la claustrophobie. Le lecteur se retrouve littéralement enfermé avec Peggy dans un lieu clos à l’atmosphère malsaine perdu au milieu des immensités glacées. Rapidement des événements étranges surviennent sur le cargo, le lecteur soupçonne tout le monde, et Peggy aura fort à faire pour éviter de sombrer dans ma folie. Il s’agit effectivement de folie, une folie qui semble imprégner tout le livre et qui se présente comme une issue quasiment incontournable au roman.
Ce qui mordait le ciel - 120 pages irracontables, originales et géniales. Je n'avais jamais rien lu de semblable avant et je n'ai jamais rien lu de comparable après. A conseiller même à celles et ceux qui ne sont pas mordus de SF. (voir ici)
La main froide - Pur thriller de facture très US : efficace dans le genre (voir là)
Le livre du grand secret - Passez il n'y a rien à voir
Conclusion
Bien plus pour le climat (polaire à plus d'un titre) que pour l'histoire elle-même.