Le blogging, le journaling

Publié le 02 janvier 2012 par Lilzeon

C’est marrant quand même ce débat truffé de mauvaise foi sur le “devoir de rémunération” du blogueur par un média.

Ca se querelle donc sur le pseudo abus des médias (mais lesquels ?) sur nous autres, producteurs de contenus (enfin producteurs…). J’ai l’impression qu’on est sur un faux sujet :

  • derrière le mot “blogueur” se cache une réalité très diverse. Surtout depuis que nous sommes tous des web-bloggers à travers les multiples traces que nous publions consciemment ou non: sommes-nous donc tous des professionnels si nous tenons un blog ? Répétons le : sur overblog, sur wordpress, sur mon nom de domaine, on est déjà une immense majorité ravie de pouvoir écrire (et ô comble du comble, d’avoir un jour un commentaire d’un anonyme honnête )
  • la vérité est que pour qu’il y ait contrat, donc rémunération, il faut qu’il y ait une convention, un engagement, des missions à remplir. Qui sont les médias 1- qui imposent ce travail et demandent donc des comptes à leurs blogueurs 2- les blogueurs qui acceptent ces engagements-ci sans contrepartie ?

J’ai l’impression qu’on agrège plusieurs frustrations :

  • celui du mythe du tout participatif GRATUIT ; c’est ce qu’a essayé de nous faire croire le HuffPo, résultat, c’est Anne Sinclair qui prendra le lead sur la version française : n’y a-t-il pas de hic ? Pourtant, beaucoup des observateurs qui critiquent mon Eric Mettout préféré défendait ce mythe-ci. Ce qui est rare est cher, et c’est donc à travers d’autre systèmes de valorisation qu’il faut réfléchir…
  • celui du journaliste dans une situation effectivement compliquée (enfin compliquée, ils sont pas tous comme les Conti hein!) : doit-il devenir aussi chroniqueur ? doit-il devenir JRI ? doit-il accepter que d’autres joueurs entrent dans sa cour ? Pour voir le sujet au quotidien, ceux qui intègrent de nouvelles pratiques deviennent de vrais “hubs” de connaissance et d’information (on les trouve d’ailleurs là où on parle le moins, à savoir les journalistes mode, lifestyle, culture…). L’indispensabilité se construit, et est valorisée au centuple. Dans une économie de l’attention, les revenus s’accroissent quand le ratio temps/valeur perçue augmente côté lecteurs : tous les producteurs d’information ne sont pas égaux.
  • la mythologie entre “grand journalisme” (mais c’est quoi, au juste ? Un territoire, un pré carré autour de la politique, de Solférino et de la Boétie ???) et “autres journalistes” : j’ai l’impression qu’il n’y a pas plus intolérant qu’un journaliste envers un autre journaliste…Je dis ça, je dis rien…

Peut-être qu’une des pistes sera de repenser la chaine de valeur de l’information. L’article (de presse), différent du commentaire ou de contenus publiés sur les médias participent ensemble à la mission d’information, à orchestrer autour d’autres types de monétisation. Ce qu’achète un internaute (par son temps passé, NDB) n’est pas un article mais un artefact lui permettant de combler son besoin d’information, donc de lien social.

De façon assez cash, puisqu’il s’agit de parler d’argent : le revenu d’un “publieur” sur un site média ne viendra jamais principalement, hormis si c’est son métier, du média lui-même (ou alors vous êtes vraiment dans une situation critique) mais de la façon dont il va utiliser ses compétences et sa parcelle de reconnaissance. En vrac :

  • facturation pour participer à une conférence dans une école
  • missions de conseil plus ou moins officielles pour des gens qui veulent vous écouter (partis politiques, think-tanks…)
  • si vous êtes vraiment people, votre participation à un événement pour une marque etc.
  • vous voulez des noms ? Tapez “nom du blogueur” + conférence, ou bien “nom du blogueur” + conseil”. Juste pour rire.

Ne laissez pas le débat sur le blogging détruire les enjeux du journalisme. En gros, ne faites pas du journalisme du journaling. Ouais.