Robert Van Gulik - L’énigme du clou chinois : 6,5/10
Et voilà une nouvelle enquête du juge Ti qui officie au VIIème siècle dans une culture très différente de la nôtre. Ti Jen-tsie vient de prendre ses fonctions dans le district de Pei-tcheou, dans une région froide et bien peu accueillante de la Chine lorsqu’il est confrontée non pas à une, ni même deux mais trois enquêtes criminelles qui nécessitent son attention immédiate !
Tout commence lorsqu’on vient trouver le juge Ti suite à la découverte du corps d’une femme décapitée. Il s’agit de l’épouse d’un marchand qui lui-même est introuvable – et qui devient tout naturellement le suspect numéro un. L’enquête commence en douceur, il ne semble pas y avoir une grande urgence, mais rapidement d’autres meurtres, plus anciens, font surface, et par-dessus tout une jeune femme a disparu et son père ne cesse de harceler notre magistrat.
Non, vraiment, le juge Ti ne chôme pas !
Heureusement qu’il est accompagné par ses trois fidèles lieutenants, qui le protègent et mènent l’enquête sur le terrain.
Mais cette-fois ci l’adversaire du juge Ti est intelligent et rusé, au point que le juge lui-même risque de perdre la vie s’il ne parvient pas à résoudre l’affaire.
Pour ceux qui connaissent le juge Ti, vous trouverez ici une enquête agréable, aucun dépaysement. Pour les autres, cette enquête, qui vient d’être rééditée, serait une belle occasion de découvrir ce juge dont les principes de loyauté, de droiture et d’honnêteté n’ont d’égales que sa force de caractère.
Les enquêtes du juge Ti permettent de découvrir la façon de fonctionner de la justice à cette époque, la manière d’imposer l’autorité du juge, qui par moments, il faut l’admettre, punit très sévèrement ceux qui ne lui répondent pas correctement. Nous découvrons un mode de vie très différent du nôtre, et le héros lui-même peut nous paraître trop dur par moments.
Le « plus » de ce roman se trouve certainement dans la personnalité du juge. Nous découvrons ses doutes, son attirance pour une jeune femme qu’il ne souhaite s’avouer lui-même, ses interrogations personnelles et plus globalement l’environnement qui, comme d’habitude, nous permet d’avoir un aperçu du VIIème siècle.
Les difficultés que peut rencontrer Ti et la menace qui pèse sur lui donnent de la profondeur à l’ensemble, ainsi d’ailleurs que les signes de pouvoir qui peuvent nous paraître incroyables et cruels dont il se sert librement. De nos jours ce même juge aurait un comportement choquant, mais on s’aperçoit qu’à cette époque, c’était non seulement normal mais nécessaire. Nous voyons, par exemple, huit hommes soulever un porteur avec à son bord trois dignitaires certainement pas légers et courir en portant ce poids, ou encore une femme fouettée en public pour avoir manqué de respect au juge etc. etc.
Un autre point à souligner est le fait que l’auteur semble avoir une haute opinion de l’intelligence des femmes – et de leur force de caractère. C’est appréciable !!
Plus généralement, à travers les petits détails nous découvrons une Chine presque oubliée.
Le « moins » serait le fait que l’enquête m’a par moments laissée un peu sur le bord de la route. J’avais l’impression de ne pas lire le texte intégral du roman (ce qui est possible, je ne peux pas l’exclure, le livre que j’ai lu ne portant pas la mention « texte intégral »). Certains développements étaient trop soudains et trop faciles, j’avais la sensation de manquer de certaines informations.
Comme d’habitude, j’ai également trouvé que les acolytes du juge étaient un peu trop laissés de côté, on a du mal à les cerner, ils se fondent en un, on ne distingue que difficilement leurs caractères. C’est fort dommage, puisqu’ils sont très importants. D’autant plus que leur passé aurait permis de leur offrir un peu plus de relief.
Toutefois, la présence d’autres personnages colorés rattrape largement ce défaut (le champion, le coroner bossu et son épouse etc. etc.)
Enfin, le titre est très très mal choisi.
Dans l’ensemble, un roman du juge Ti à lire ou à découvrir qui offre une lecture plaisante et étonnante.
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