A la fin des années 70, alors qu'une majorité d'occidentaux profitent encore à plein de l'expansion économique (basée sur le tryptique : reconstruction de l'après-guerre, exploitation néo-coloniale, endettement), et tandis qu'une minorité influente danse et conteste aux couleurs LSD et aux sons tambourin-man des Enfants Fleurs et du Peace & Love, certains conspirent dans l'ombre pour, d'un même geste, mettre fin à la prospérité des uns et à la contestation radicale des autres. Ce sont les hommes de Chicago. Des économistes qui, sous l'inspiration de Hayek et la main de fer de Milton Friedman, vont casser la logique keynésienne de l'Etat solidaire né de la guerre (appelé par ses détracteurs l'Etat Providence), appliquer leur programme dans le Chili de Pinochet, s'épanouir dans les politiques de Thatcher et Reagan. C'est là, dans ce monde bousculé par l'été de l'Amour, Woodstock et Mai 68, que la mondialisation obscurantiste des mollah du marché dérégulé va commencer la reconquête conservatrice. 2012 sera une année décisive pour ce mouvement commencé dans l'incendie du palais de la Moneda et dont la tempête financière et sociale que nous traversons actuellement n'est qu'un nouvel avatar.