Un texte paraît bien étrange et l'on se demande plus que jamais s'il peut jamais nous être familier (à moins qu'on ait cessé de lire). C'est que cette étoffe résulte de tensions diverses. S'il y a des intentions, il y a aussi des buts, des désirs, des refoulements, des compromis... On essaie de s'en tirer, de faire oeuvre, de maîtriser une situation quand celle-ci, très largement, nous emporte et, il faut le dire, nous importe. Comment voulez-vous que cela marche bien alors que l'on répond (parfois ou souvent en se défilant) à des impératis divers qui ne peuvent pas ne pas entrer en conflit? Et "sous" tout cela, comme dans les rêves, des désirs s'accomplissent. Mais alors, n'y a-t-il pas plutôt absence d'oeuvre? Oeuvre ne parvenant jamais à se réaliser et soumise à d'incessants changements de contexte.
Et, par-dessus le marché, chaque texte est susceptible d'en lire un autre - ne serait-ce que jusqu'à un certain point.
Dans ces conditions, on voit mal pourquoi il faudrait encore tenir à la très vieille et peu sollicitée opposition "théorique"/"pratique" - qui, entre autres choses n'est qu'un effet de surface. La "théorie" est bien une pratique et la "pratique" est toujours grosse d'une théorie dont le nom est tu - jusqu'à ce qu'on lise ( c'est, par exemple, parmi tant d'autres exemples, très net dans "Les anormaux" de Michel Foucault).