Il arrive toujours le moment où l’on doit faire son mea culpa. Mettre son orgueil de côté, ravaler sa superbe, glisser son ego dans sa poche, et reconnaître que l’on a commis une erreur.
Je l’avoue donc humblement : j’ai sous-estimé la violence des attaques contre Nicolas Sarkozy. Je n’ai pas pris la mesure de l’Enfer que doit subir cet homme, sous les crachats, les insultes, les quolibets sans interruption de ses adversaires.
J’ai ironisé sur la « sarkophobie », j’ai crié aux éléments de langage quand un Frank Riester dénonçait « l’anti-sarkozysme primaire », quand un Yves Jégo s’indignait des « diatribes éculées » des socialistes, quand un Yvan Lachaud s’alarmait de la « violence » de la gauche dans ses attaques contre l’Elysée. Je n’ai pas voulu voir le déchainement permanent contre le Président-candidat.
Et puis, comme le retour du refoulé, tout cela m’est revenu en pleine figure, ce matin, en lisant Twitter, et en découvrant le compte d’un mécréant qui n’a semble-t-il rien de mieux à faire que de hurler contre le président.
Un mécréant qui met en doute le vent de jeunesse que fait souffler l’UMP sur la France.
Un triste sire qui insinue que le pouvoir en place endort la population, et pire, l’intoxique.
Un provocateur qui ose suggérer que la promesse sarkozyste de non-augmentation des impôts est partie en fumée.
Un enfumeur de première force, qui essaie de faire croire que François Bayrou pourrait passer devant Nicolas Sarkozy à l’élection présidentielle, que leurs courbes vont se croiser !
Un, un, un … monstre, je ne trouve pas d’autre mot, qui traite Nicolas Sarkozy de Judas et écrit noir sur blanc qu’il a « trahi ses promesses et ses électeurs », soit ce qu’il peut arriver de pire en politique ! Et qui accable de sarcasmes la promesse de « rupture » !
Je vous imagine, amis lecteurs, bouillonnant d’indignation derrière votre écran. Mais qui, qui peut bien ainsi trainer ainsi dans la boue notre président, notre primus inter impares ? Un gauchiste enragé, un frontiste la bave aux lèvres ?
Le vrai Judas c’est celui qui a trahi ses promesses et ses électeurs. #vousavezditrupture? RT @guybirenbaum: @arnauddassier et Judas ?
— Arnaud Dassier (@arnauddassier) Janvier 2, 2012
Presque : un certain Arnaud Dassier, 23 ans de militantisme UMP, des responsabilités dans les campagnes web de Chirac en 2002 et surtout de Sarkozy en 2007. Actionnaire d’Atlantico, navire-amiral de la droite en ligne. Un homme appartenant donc à ce que l’on peut appeler le noyau dur de la droite, qui vient de quitter avec fracas le parti présidentiel, et qui tient visiblement à le faire savoir.
J’entends déjà certains rétorquer. « Il n’est pas représentatif », « c’est un cas isolé », « il parle sous le coup de l’aigreur de ne pas avoir été investi aux législatives » …
Peut-être. Mais connaissez-vous beaucoup de présidents sortants dont le propre camp (on pourrait aussi citer Luc Ferry ou Hervé Morin), dont les propres artisans de la victoire précédente, disent autant de mal, avec tant d’âpreté, à quelques semaines du scrutin décisif ?
Est-il concevable de faire encore confiance à cet homme, que la droite traite de Judas et de menteur ? N’y a-t-il pas des leçons à tirer de cette exaspération au cœur même du système ?
La question est posée pour les prochaines semaines jusqu’en mai, aux électeurs de droite eux-mêmes.
Romain Pigenel