Comme la presse aime amplifier les choses, nous aussi on s’y met avec un titre « choc ». Bien évidemment, on parle du Roi d’Europe et du Petit Pharaon, Pippo Inzaghi et Stephan El Shaarawy, les deux attaquants milanais très peu ou pas utilisés par Mister Allegri et souvent annoncés sur le départ. Malgré la probable arrivée de Tevez, l’absence de Cassano oblige l’AC Milan de garder le vieillard ou le bébé car dans le cas contraire, seuls Ibrahimovic, Pato (s’il reste) et Robinho pourraient disputer la Champions League… et c’est trop peu. Qui sera inscrit sur la liste?
Si on ajoute l’absence assez longue de Yepes, Allegri devrait récupérer au moins une place dans la liste Champions League pour ajouter un attaquant. Mais quel est le futur d’Inzaghi et d’El Shaarawy? La version officielle (et actuelle car demain tout peut changer), a directement été donnée par Galliani : « Inzaghi? Pour ce qu’il a fait à Milan, c’est à lui de décider ce qui est le mieux pour sa carrière, c’est lui qui choisi s’il veut rester. Il veut battre le record des meilleurs buteurs d’Europe et il essayera d’y arriver à Milan ou dans un autre club qui joue en Europe. El Shaarawy? Il restera à Milan. » On dénote donc une différence assez claire : El Shaarawy est confirmé (et il a lui-même affirmé aujourd’hui son désir de rester) alors qu’Inzaghi doit lui-même décider de son avenir. Son futur semble donc exclusivement dépendre du choix, courageux, que devra prendre Allegri : insérer El Shaarawy ou rappeler Inzaghi pour lui permettre de vivre ses dernières joies à Milan? Connaissant le caractère très fort d’Allegri, il ne se laissera pas influencer par l’avis des tifosi ni même par les désirs de Galliani et Berlusconi de voir leur SuperPippo disputer les grands matches européens.
Son choix sera sans doute effectué sur base du rendement et de la méritocratie. Son avis sur Inzaghi est très tranché : « Inzaghi a écrit l’histoire du foot mais comme de nombreux champions qui ont joué à Milan mais je dois évaluer jour après jour ce que les joueurs peuvent apporter à l’équipe. Inzaghi ne s’est pratiquement jamais entrainé avec le groupe ces 45 derniers jours, je ne peux pas le convoquer dans ces conditions. La vie continue, sinon Maradona jouerait encore au foot » Des déclarations très dures qui n’ont pas plus à Inzaghi ni à Galliani. Cependant, face aux critiques et / ou incompréhensions, Allegri tenait à expliquer son choix. La situation est assez claire : Inzaghi rêve de rester à Milan même s’il doit jouer 15 minutes de temps en temps, Galliani et Berlusconi sont footballistiquement amoureux de SuperPippo mais Allegri est l’homme de terrain qui observe ses joueurs tous les jours à l’entrainement, celui qui évalue et choisi les joueurs pour le bien de l’équipe. Théoriquement, il est aussi le seul à choisir les joueurs à insérer en liste UEFA, et par conséquent du futur d’Inzaghi à Milan.
En parlant d’attaquants, on ne peut pas ignorer la récente polémique Pato – Allegri. Tout semble être rentré dans l’ordre, avec les déclarations de l’attaquant et de l’entraineur qui vont dans le même sens. Pato a affirmé : « Allegri et moi sommes deux professionnels, on se parle. On est ici pour faire de notre mieux, aider tout le monde à gagner. Les professionnels pensent à faire le maximum pour eux et pour l’équipe. Lui et moi, on a la même volonté : travailler pour gagner. J’ai un contrat jusque 2014, pour le mercato, c’est mon agent et la société qui s’en chargent » Les tifosi auraient préférés des paroles plus rassurantes comme par exemple annoncer sa volonté de rester à Milan. De son côté, Allegri a également parlé de cet épisode : « Il n’y a aucun problème entre moi et Pato. Ses déclarations sont une conséquence de son malêtre. Ce n’est pas grave, ça peut arriver. Il n’y a pas de problème entre lui et moi, il n’y a pas eu de discussion, il n’y a pas besoin. J’espère et je crois qu’il restera avec nous. » Le cas semble dégonflé entre les deux hommes mais Pato semble toujours un peu nerveux au sein du groupe. Les rumeurs concernant Pato au PSG se sont calmées mais les déclarations de l’agent de Pato (« offre séduisante ») laissent la porte ouverte à Leonardo qui repartira bientôt à l’attaque. Galliani a également écarté l’hypothèse d’un départ mais il nous a aussi habitué à mentir quand il le faut (pareil pour Kakà au Real…) et dans ce cas précis, peu importe quelles sont les intentions de Milan et de Pato, il fallait démentir. La volonté du club est de garder le joueur, au moins jusqu’en juin, car perdre un joueur comme Pato en janvier serait assez grave pour Milan, surtout en vue de la Champions League. Tout dépend de la volonté du joueur, qui selon la presse française, devrait rencontrer Ancelotti mercredi, accompagné de son agent Veloz, pour savoir si Pato a la volonté concrète de quitter Milan pour rejoindre le PSG. Si tel est son souhait, il devra le communiquer à Milan. Les dirigeants milanais savent très bien qu’il est contreproductif de garder un joueur contre sa volonté, sans confiance et / ou motivation. Les prestations seraient négatives et personne n’en sortirait gagnant. Les dernières prestations de Pato le prouvent : quand un joueur n’est pas en confiance, il joue mal. Par conséquent si Pato veut vraiment partir, il partira. Un éventuel départ bouleverserait l’équipe et les plans de mercato de Milan car malgré l’arrivée de Tevez, Allegri perdrait un attaquant qui peut disputer la Champions League. On en est pas encore là, mais tout peut arriver…
Après cette parenthèse sur l’adolescent perturbé, retrouvons notre vieillard et notre bébé qui se disputent une place dans l’effectif et sur la liste Champions League. D’un côté, on a le vieux renard Inzaghi , il a écrit l’histoire de Milan mais à un certain moment, même les plus grands doivent se rendre à l’évidence et tirer leur révérence quand il est encore temps pour éviter de transformer une histoire magnifique en un drame. Inzaghi a 38 ans et a subi une blessure qui aurait déjà mis en péril la carrière d’un joueur de 20 ans. La société, par extrême reconnaissance, a prolongé son contrat, pour ne pas l’abandonner comme un chien au bord d’une route. Humainement, Inzaghi a mérité son contrat et lui qui est un guerrier qui n’abandonne jamais, ne voulait pas terminer sa carrière sur une blessure. Il ne voulait s’avouer vaincu. Il n’accepte pas les règles de la biologie et veut continuer à jouer pour mettre un terme à sa carrière quand il l’aura lui-même décidé, à Milan ou ailleurs. « J’arrêterai quand je verrai des autres plus forts que moi » avait-il dit, lui qui continue à croire et a espérer continuer à Milan. Inzaghi est une légende mais à 38 ans il n’est plus celui qu’il était, la vie continue et l’AC Milan doit tourner une page, avec respect pour les grands champions mais avec la volonté de former ceux de demain.
Et c’est dans cette catégorie qu’on retrouve El Shaarawy, qui a une maturité inversement proportionnelle à son age et attend ainsi très sagement son moment. Le petit Pharaon est conscient de son talent et sait que son moment arrivera. Humble, il préfère travailler aux côtés de grands champions à Milan plutôt que d’aller jouer régulièrement dans une équipe de niveau inférieur. Inzaghi et El Shaarawy, le vieux et l’enfant, qui paradoxalement, « s’échangent » leur rôle. Celui qui devrait être sage est impatient et celui qui devrait être impatient fait preuve d’une maturité et une sagesse d’un ancien. Au milieu, il y a l’équipe, qui a besoin de tout saut de polémiques, de pressions et de tensions internes. Les dirigeants doivent évaluer les différentes situations et prendre les décisions justes pour tout le monde. Que ce soit pour Inzaghi ou pour El Shaarawy, il est inutile de le(s) garder s’il(s) ne joue(nt) jamais. Il y a aussi Allegri, qui doit gérer les personnalités, les égos et effectuer ses choix pour le bien de Milan. En attendant l’arrivée de la Brute, il y a déjà du boulot entre un vieillard entêté, un bébé à faire grandir et un adolescent perturbé à raisonner. Qui a dit que le foot était simplement 22 imbéciles qui courent derrière un ballon?