Il a souvent fait référence à la question des mobilités contraintes/forcées dans les billets de ce blog. Mais, avant d'être "en guerre", les villes questionnées ici sont des villes "ordinaires". La question des mobilités/immobilités des habitants "ordinaires" pendant la guerre ne peut être comprise sans prendre en compte le contexte de l'immédiat avant-guerre, c'est-à-dire les infrastructures de transport (avant destructions/entraves à la mobilité) et les inégalités socio-spatiales pré-existantes telles qu'elles dessinent une (in)justice spatiale dans la ville. Celle-ci peut devenir un facteur aggravant dans la guerre, et plus encore dans l'immédiat après-guerre. La question des (im)mobilités contraintes/restreintes/interdites (voir le billet "Mobilités éprouvantes : se déplacer dans les villes en guerre" du 4 avril 2010) dans la guerre ne doit pas faire l'économie des travaux sur les mobilités urbaines dans les villes "ordinaires", tant il s'agit dans le contexte de l'immédiat après-guerre et de la reconstruction d'un potentiel facteur d'émergence ou de réactivation de tensions sociales qui mettent à mal la pacification des territoires (voir le billet "Les risques de la reconstruction" du 26 février 2009).Sylvie Fol, 2009, La mobilité des pauvres. Pratiques d'habitants et politiques publiques, Belin, collection Mappemonde, Paris, 264 p.
"A partir d’exemples de villes en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis,Sylvie Folinterroge dans cet ouvrage la réalité d’une « injonction à la mobilité » pour ceux qui n’y ont pas ou peu accès : les groupes sociaux les plus défavorisés dans les villes. Elle questionne les pratiques spatiales des ménages pauvres au prisme de la dépendanceautomobilepour les uns, de la dépendance à des réseaux detransport en communqui dessine une géographie des inégalités pour les autres. « Les mobilités apparaissent ainsi aujourd’hui « constitutives de la société urbaine contemporaine ». La possibilité de se mouvoir, dans des sociétés urbaines de plus en plus complexes et diversifiées, conditionne l’accès à des ressources qui se trouvent rarement à proximité les unes des autres » (p. 11). Sylvie Fol, prenant acte de ces transformations majeures dans les villes des pays dits développés depuis les années 1990, propose un regard éclairé et éclairant sur les(im)mobilitésdes plus pauvres : elle questionne les réalités de l’ancrage dans le quartier, qu’elle confronte à l’idée d’« assignation », osant un regard sans concession sur les effets des politiques publiques et termes d’aménagements urbains, d’aide à la motorisation et de développement des transport en commun. La mobilité, considérée dans les politiques urbaines comme un capital, est-elle toujours vécue par les habitants comme un « progrès » ?".Lire la suite de ce compte-rendu de lecture sur le site des Cafés géographiques -->
Source du compte-rendu : Bénédicte Tratnjek, "La mobilité des pauvres. Pratiques d'habitants et politiques publiques (Sylvie Fol)", Cafés géographiques, rubrique "Des livres", 2 janvier 2012, en ligne : http://www.cafe-geo.net/article.php3?id_article=2332