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Le violon des Roms

Publié le 02 janvier 2012 par Les Lettres Françaises

Le violon des Roms

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Un premier roman de toute beauté. Il est signé par Laurence Vilaine, une journaliste nantaise qui est allée se balader en Europe de l’Est, par hasard. Elle est revenue avec des impressions, des sensations, des choses dites, d’autres suggérées, peut-être même une sorte de malaise. Lequel ? Celui des Roms, cette communauté rejetée, martyrisée, honnie, victime de quolibets et préjugés, « Le nourrisson n’a pas poussé son premier cri qu’on lui demande de se taire, il n’a que trois cheveux sur le crâne qu’il est déjà pouilleux, et à peine parvient-il à aligner cinq mots qu’on l’accuse de mentir… » Cela rappelle quelque chose, non ? Le génocide des Tziganes, appelé « samudaripen », par les nazis. Mais encore ? Les Roms renvoyés d’Italie et de France il n’y a pas si longtemps, affublés de tous les maux.

Le violon des Roms
L’histoire débute par une adresse, d’outre-tombe, de Miklus, un vieil homme, à un journaliste venu réaliser un reportage vingt ans après la chute du mur de Berlin. Le vieil homme va parler des siens, la communauté rom installée sur la rive slovaque du Danube. Témoin de son temps et de sa communauté, il raconte l’histoire de Chnepki, une jeune fille comparée à « un petit piaf… qui ne fait pas d’esbroufe, il picore quand il a le temps et passe le plus clair de ses journées à chanter », qui sera appelée la Vieille lorsqu’à quinze ans, en 1942, elle sera arrêtée et violée par les Allemands, ce qui lui fera quitter « le monde autour d’elle ». Son silence sera interrompu de longues années plus tard par l’arrivée d’un gadjo, Lubko. Avec ses mains, il fabrique des marionnettes et joue du violon, et avec son cœur il séduit Chnepki qu’il ramènera au monde. Leur union se conclut par la naissance d’une fille, Maruska, mais prend fin tragiquement par la folie qui enveloppe Chnepki car « à la mort, Auschwitz a donné la vie éternelle ». Enfant, Lubko a échappé au martyre qui a emporté sa mère et ses deux sœurs. Le voilà encore confronté au drame, à la tragédie. Il décide de partir avec sa fille loin de cet endroit de malheur pour la protéger.

Avec talent, au moyen d’une langue poétique, recherchée, Laurence Vilaine nous conte une histoire toute en musique car le violon est omniprésent. Il est là pour accompagner la voix de Chnepki avant qu’elle ne sombre dans le silence et la folie. Il est là également pour faire danser Maruska, digne fille de sa mère. Et les marionnettes de Lubko donnent vie aux notes du violon.

Un roman où résonne la musique et vibre l’amour, imbriqués dans un même élan et sous une plume onirique, celle de Laurence Vilaine, écrivain au talent déjà affirmé qui ne se retrouve pas par hasard aux éditions Gaïa (la Terre en grec), qui a déjà exploré les littératures scandinave et serbo-croate et poursuit la découverte des « ailleurs » possibles.

Yahia Belaskri

Le Silence ne sera qu’un souvenir,
de Laurence Vilaine. Éditions Gaïa, 2011, 173 pages, 17 euros.


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