Le violon des Roms
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Un premier roman de toute beauté. Il est signé par Laurence Vilaine, une journaliste nantaise qui est allée se balader en Europe de l’Est, par hasard. Elle est revenue avec des impressions, des sensations, des choses dites, d’autres suggérées, peut-être même une sorte de malaise. Lequel ? Celui des Roms, cette communauté rejetée, martyrisée, honnie, victime de quolibets et préjugés, « Le nourrisson n’a pas poussé son premier cri qu’on lui demande de se taire, il n’a que trois cheveux sur le crâne qu’il est déjà pouilleux, et à peine parvient-il à aligner cinq mots qu’on l’accuse de mentir… » Cela rappelle quelque chose, non ? Le génocide des Tziganes, appelé « samudaripen », par les nazis. Mais encore ? Les Roms renvoyés d’Italie et de France il n’y a pas si longtemps, affublés de tous les maux.
Avec talent, au moyen d’une langue poétique, recherchée, Laurence Vilaine nous conte une histoire toute en musique car le violon est omniprésent. Il est là pour accompagner la voix de Chnepki avant qu’elle ne sombre dans le silence et la folie. Il est là également pour faire danser Maruska, digne fille de sa mère. Et les marionnettes de Lubko donnent vie aux notes du violon.
Un roman où résonne la musique et vibre l’amour, imbriqués dans un même élan et sous une plume onirique, celle de Laurence Vilaine, écrivain au talent déjà affirmé qui ne se retrouve pas par hasard aux éditions Gaïa (la Terre en grec), qui a déjà exploré les littératures scandinave et serbo-croate et poursuit la découverte des « ailleurs » possibles.
Yahia Belaskri
Le Silence ne sera qu’un souvenir, de Laurence Vilaine. Éditions Gaïa, 2011, 173 pages, 17 euros.