La troisième génération s'empare de la Seconde Guerre mondiale. Comme pour Nous n'irons pas voirAuschwitz de Jérémie Dres ou KZ Dora de Robin Walter, Florent Silloray rend hommage à son grand père. Roger n'a pas été déporté parce qu'il est juif, ni pour des faits de résistance. Il avait été enrôlé lors de la Mobilisation générale en 1939. Et fait prisonnier au moment de l'offensive nazie. Puis déporté en Allemagne pour y servir de main d’œuvre. Au prix de deux paires de chaussures par mois...
Tout démarre pas la découverte d'un carnet d'une soixantaine de pages conservé précieusement par Roger. Après sa mort, sa famille le découvre. Réalisant qu'il n'a jamais pu parler de cette période, le narrateur va tenter de faire son deuil en reconstituant le parcours de son grand-père depuis le jour de son départ jusqu'à son retour.
Le récit en bande dessinée alterne une traduction en dessin du texte original et l'enquête du jeune homme suivant les traces de son aïeul. Pour les différencier, l'auteur a choisi une succession de cases en couleurs sépia avec les textes entre les cases pour la partie narrative et des cases à l'aquarelle finement colorées pour l'enquête. Le dessin est d'une très belle sensibilité, tout en s'attachant aux détails avec un réalisme de cahier de voyages. En alternant les deux époques, la lecture est davantage prenante et vivante. Elle conduit à suivre ce même effort de mémoire, dans la limite du récit original. Même si l'enquêteur trouvera à le nourrir, il restera des parts d'ombre.
Un modèle du genre dont l'auteur a été primé au festival Quai des Bulles à Saint-Malo en octobre dernier.
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Le Carnet de Roger - récit complet - de Florent Silloray - lecarnetderoger.blogspot.com - Sarbacane - 9 octobre 2011 - 25,00 €