La grossesse est aussi une période critique pour le développement du système nerveux central (SNC) chez les mères et si les associations entre la santé d'une femme enceinte, son comportement durant sa grossesse et le développement cognitif et psychologique de son bébé ont fait l'objet de nombreuses études, on en sait peu encore sur les effets du fœtus sur le cerveau de la mère. Une psychologue de la Chapman University publie son analyse de la littérature dans Current Directions in Psychological Science, une revue de l'Association for Psychological Science et montre de premiers liens très complexes.
La grossesse, période de fluctuations hormonales intenses : À aucun autre moment dans sa vie, la femme vivra autant de fluctuations hormonales massives que pendant sa grossesse. Cette recherche va jusqu'à suggérer que les hormones de la reproduction pourraient préparer le cerveau d'une femme aux exigences de la maternité, lui permettant d'être moins sensible au stress et plus sensible aux besoins de son bébé. Bien que l'hypothèse reste à démontrer, précise l'auteur, cela expliquerait pourquoi les mamans se réveillent quand le bébé remue alors que le papa continue à « ronfler ». D'autres études viennent mettre en évidence de petits troubles dans le cerveau de maman, des troubles de la mémoire avant et après la naissance. "Il pourrait y avoir des conséquences à ces changements cognitifs et émotionnels liés à la reproduction, mais leur bénéfice est une sensibilité et une efficacité accrues de la maman.
Le lien complexe en la vie in utero et post-natale: L'analyse du psychologue Laura M. Glynn passe ainsi en revue les données existantes sur les effets de l'environnement prénatal sur le bébé. Elles s'accumulent pour montrer que ce n'est pas l'adversité prénatale, la malnutrition maternelle ou la dépression qui présentent en soi des risques pour le bébé. Le lien entre la vie in utero et la vie à l'extérieur pourrait être encore plus complexe: Un fœtus dont la mère souffre de malnutrition s'adapte à la rareté et pourra mieux faire face à une pénurie de nourriture une fois né, mais il pourra devenir obèse s'il mange normalement. Autre exemple, l'anxiété maternelle au début de la gestation peut nuire au développement cognitif du bébé mais des niveaux élevés d'hormone du stress en fin de grossesse peuvent avoir l'effet inverse en l'améliorant.
Et si le fœtus affectait le cerveau de la mère ? Si le cerveau de la mère affecte son fœtus, un nouveau concept, développé ici, suggère que le fœtus fait la même chose pour la maman. Ainsi, les mouvements du fœtus, même si la mère les ignore, accentue son rythme cardiaque et la conductivité de la peau, ses signaux émotionnels et pourraient la préparer à la relation mère-enfant. Les cellules fœtales passent à travers le placenta dans la circulation sanguine de la mère et ces cellules seraient attirées par certaines régions du cerveau impliquées dans l'optimisation du comportement maternel.
Alors que la plupart des recherches sur le cerveau de la mère ont été menées sur l'animal, et particulièrement les rongeurs, tous les résultats ne sont pas transposables. D'autres recherches sont nécessaires et une meilleure connaissance de ces changements permettra de meilleures interventions de soutien des mères « à risque ».
Source: Current Directions in Psychological Science, 2011; 20 (6): 384 DOI: 10.1177/0963721411422056 Prenatal Origins of Neurological Development: A Critical Period for Fetus and Mother.
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