Ce n’est décidément pas mon copain.Parmi les films de Lars von Trier ,il me reste en mémoire « Dancer in the dark », et dans une moindre mesure « Dogville » pourtant formellement audacieux, avec un scénario totalement original .Mais rien n’y fait , malgré toutes ses qualités, indéniables, il m’indiffère (« Le Direktør »), m’agace ( « Breaking the waves ») ou bien me plonge dans un malaise indicible , qui en soi est déjà une réussite de sa part quand il s’agit d’évoquer dans « Melancholia », la dépression et autre symptôme psychique ,au sein d’une famille par ailleurs sérieusement pétée, voire totalement névrosée.
Ce côté foutraque qui au départ ,n’est pas pour me déplaire,( on pense un peu à « Festen » ) donne le ton de la dramaturgie à l’occasion d’un mariage épique .
Celui de la fille Justine,au cours duquel les amabilités volent à mots feutrés, avant qu’ils ne déchirent le silence oppressant qui enserre la dite famille. Justine qui ne va pas bien, et c’est un euphémisme, s’enfonce alors inexorablement dans sa maladie, secourue tant bien que mal et avec beaucoup d’amour, par sa sœur, Claire que Charlotte Gainsbourg ,incarne avec une justesse confondante.
Au point de nous entraîner à son tour dans sa spirale dépressive, au fur et à mesure que la planète Melancholia se dirige vers la Terre…Elle craint la collision ,malgré les conseils avisés de son mari que , Kiefer Sutherland , campe lui-aussi de fort belle manière.Et tout le problème est là ; de la direction d’acteurs à la mise en scène, Lars Von Trier est séduisant ,malgré la distance qu’il prend avec ses personnages, et la froideur qui en résulte.Ses interprètes sont à la hauteur du projet, et même dans des rôles secondaires, Charlotte Rampling et, John Hurt, font merveille.
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Mais le sujet, plus que l’histoire, qui n’est qu’accessoire, pour mieux s’attarder sur les individus, le sujet me plombe. Il est cafardeux et à trop vivre son film de l’intérieur, Lars Von Trier s’enferme dans un canevas mortifère auquel il est difficile d’échapper. A moins de vivre comme Justine dans un autre monde, qui à mes yeux n’est pas forcément celui de la mélancolie ou de la folie. L’interprétation justement récompensée à Cannes de Kirsten Dunst en donne une vision plus sereine, quand au bord du précipice, enfin libre,elle est la seule à trouver les mots.Elle qui jusqu’alors parlait si peu…
LES SUPPLEMENTS
- Autour du film
Quelques clés, peut-être pour mieux le comprendre
« Je suis enclin à la mélancolie, ou pour le moins j’ai mes névroses » prévient le réalisateur .Une psychologue intervient pour dire que la mélancolie n’est pas un terme clinique, mais un trait de la personnalité « qui est directement lié au style explicatif de la personne »…
- La conférence de presse à Cannes (40 mn)
« Ce n’est pas un film sur la fin du monde » rétorque le réalisateur à un journaliste « mais un film sur un état d’esprit. Mais je n’ai pas grand-chose à en dire, sauf que je suis heureux d’être ici ». Ambiance. Heureusement il répondra ensuite aux nombreuses questions, le sujet controversé sur les juifs ayant été coupé au montage, quand même.
Kirsten Dunst : « LVT est le seul réalisateur qui écrit des films pour des femmes. Il n’y a pas beaucoup de rôles pour les femmes que ceux qu’il écrit. Je me suis alors rendu très disponible »
Charlotte Gainsbourg n’est pas forcément d’accord: « Pas vraiment l’impression que l’on fait des portraits de femmes, je ne vois pas la différence que l’on peut faire entre les personnages des hommes ou des femmes ».
- Filmbyen, documentaire (54 mn)
Ou la cité du film
Un complexe lié aux médias, à la musique, au cinéma, via la société de production Zentropa dont Lars Von Trier est l’un des piliers avec le producteur Peter Jensen , un couple dont il est beaucoup question . Leurs relations de travail sont assez étonnantes et Jensen reconnaît que sans lui les films de Von Trier serait beaucoup plus intellos « mais c’est seulement parce que je me mets à ronfler, quand ça devient trop barbant, trop intello ».
Un principe, Lars Von Trier fait ses films en toute indépendance et Peter Jensen dirige seul la société Une vision collective du travail unique (repas en commun, distractions également et échanges direction salariés constants).Le problème posé est celui de l’avenir d’un tel édifice qui s’il perd son esprit social, s’il devient écrasant pour le reste de l’industrie cinématographique risque de sombrer dans le conservatisme
- Eclairage scientifique (4 mn)
Tout est basé sur des données scientifiques réelles.Le point de vue et les explications d’un astrophysicien
- Esthétique du film (9.30 mn)
La musique de Wagner, le style visuel (« je ne voulais que les acteurs sachent où se trouve la caméra » dit le réalisateur qui travaille à l’épaule « ça rend le film plus vivant, vibrant »)
- Les effets spéciaux (6.40 mn)
A partir des données scientifiques.