J'adore le froid.
J'aime encore plus fouler les lieux déserts que je sais surfréquentés en d'autres occasions. Le milieu des rues très tôt le matin quand le soleil se lève. Les piscines publiques la nuit. Le corps d'Émilie G. Les corridors de cinéplex les mardis matins de décembre.
La lumière tombe toujours différemment sur le sol.
J'aime l'intimité de la cohue passée.
Le film de Curtis est raconté du point de vue de Colin Clark, le fils de l'historien anglais Kenneth Clark et jeune frère de celui qui deviendra premier ministre du Parti Républicain Britannique Allan Clark. Colin Clark était troisième assistant-réalisateur sur le tournage de The Prince & The Showgirl et a écrit un journal de son expérience. Journal devenu livre plus tard et intitulé The Prince, The Showgirl & Me. C'est ce livre que nous adapte à l'écran Simon Curtis.
Dès le premier plan, le plan d'ouverture, on ouvre sur Michelle Williams en Marilyn, chantant un morceau.
Le manque d'envergure est un défaut du film qui semble ne jamais réèllement passer à autre chose que de survoler l'anecdotique. Il y a toutefois moyen, à mon avis, de filmer l'anecdotique avec grandeur et avec finesse.
Le film a fait patate en salle. Couvrant tout juste ses frais de production. Toutefois Monroe allait faire un malheur dans son film suivant et Laurence Olivier allair triompher dans The Entertainer au théâtre, son projet suivant.
On se surprend plusieurs fois à se dire que le film aurait pu être autre chose. On aurait pu creuser davantage dans les multiples relations triangulaires existant dans la vie de la Monroe.
Williams transporte carrément le film sur ses épaules vers le dernier droit . Peut-être un peu comme Marilyn finissait par prendre le contrôle total des lieux qu'elle investissait à certaines occasions. Mais malheureusement le film manque d'élan dans la dernière demie-heure. On sentait la télé plus que le cinéma.
Kenneth Brannagh interprête Laurence Olivier, Judi Dench incarne l'actrice Sybil Thorndike, Eddie Redmayne joue Colin Clark, Emma Watson peine à faire oublier Hermione Granger mais est radieuse en intérêt amoureux furtif de Colin Clark, Dougray Scott joue Arthur Miller, Toby Jones est Arthur Jacobs, Zoë Wanamaker incarne l'envahissante Paula Strasberg et Dominic Cooper joue Milton Greene.
Le doute, magnifiquement rendu par Michelle Williams en Marilyn, est devenu le mien en tant que spectateur.
Mais j'aurai fréquenté pendant une heure et demie, l'intimité de la cohue passée.
Tel que vécue par Colin Clark et adapté par Simon Curtis.