Je ne m’attendais pas à une aussi bonne surprise de fin d’année. Cet étrange bouquin à peine reçu, je l’ai ouvert par curiosité à la première page, et je me suis pris au jeu…
Carrington a aussi un sérieux problème sexuel. Sa femme l’a quitté, dépitée par le côté cynique et froid du personnage…
Eroticortex est un drôle de petit roman, dans tous les sens du terme. Drôle parce qu’original, entrelaçant coupures de journaux et dialogues d’employés, qui restent anonymes. Carrington est évoqué le plus souvent par le biais de ses relations, de rares fois il s’exprime dans des interviews, jamais directement… Drôle aussi parce qu’une sorte d’humour un peu glauque prévaut. Je dois avouer que j’ai poursuivi la lecture le 31 décembre au soir, et que j’ai préféré mon Eroticortex aux habituels bêtisiers. Je me suis retrouvé à pianoter mon article à trois heures du mat’ (un peu éméché…).
Tout est dans l’esprit du bouquin. On n’y trouvera pas de longues tirades philosophiques ni des développements scientifiques… Là n’était sans doute pas le but. Pourtant, Eroticortex ne laisse pas de côté l’aspect moral. Au second degré, on peut y voir une satyre bien menée sur les dérives de la société, l’omnipotence des labos et du milieu scientifique, les rapports entre les sexes, ou encore la dualité amour et sexualité. Et puis l’antithèse génie/folie, qui donne à réfléchir. Je parlais de caricature.. En fait, Carrington n’est peut-être qu’un chercheur ordinaire, comme il en existe tant, totalement aveuglé par sa quête, au point de considérer l’homme comme du matériel. Finalement, on n’en est pas loin, compte tenu de ce qui se fait déjà en matière d’expérimentation. Rien n’a été épargné à l’animal, l’homme est le prochain sur la liste, les embryons sont devenus sujets d’études, le clonage thérapeutique est en vue. Il y a déjà des Carrington plein les labos !
J’ai beaucoup aimé, même si je garde l’impression qu’il aurait pu être plus étoffé sur certains aspects…
« … je me souviens d’un jour où, pour obtenir une certaine faveur d’une de ses amies, il avait rédigé une pseudo étude de dix pages intitulée Vertus amaigrissantes et tonifiantes du liquide séminal. »
« …en consultant ses notes, je lui ai fait remarquer qu’il n’y avait rien sur l’orgasme féminin. Il a paru embarrassé et il a bredouillé que c’était difficile à décrire, car avec lui, les filles se tordaient tellement de plaisir qu’il ne pouvait rien observer dans de bonnes conditions. »
Eroticortex de Thierry Maugenest. Éditions JBz et cie
Date de parution : 05/01/2012