Je sacrifie bien volontiers à un sympathique rituel en vous adressant mes voeux de bonheur, de santé et de réussite dans vos projets pour cette nouvelle année 2012 que je vous souhaite excellente. Il est aussi d'usage de former des voeux de "prospérité" à celles et ceux qui comptent pour nous. Je le fais d'autant plus volontiers que le défi de cette année sera sans doute, comme l'a si bien pressenti Tim Jackson, de rechercher une prospérité sans croissance.
A lire la presse ces derniers jours il semble que le thème de la crise sera au coeur de tous les débats, notamment politiques, en cette année 2012. En ce début d'année, je souhaiterais, non pas établir une liste de bonnes résolutions qui ne seront pas tenues, mais plutôt formuler une hypothèse - qui n'est nullement originale - à la suite d'économistes comme ledit Tim Jackson : si 2008 a marqué l'an I de la crise, 2012 marquera l'an I de la prise de conscience de ce que la crise économique que nous vivons n'est pas qu'économique et n'est pas qu'une crise et n'a donc rien de ponctuel.
En d'autres termes : la crise n'est peut être pas une crise mais le début d'une nouvelle économie. Une nouvelle économie pour laquelle il sera nécessaire d'identifier des indicateurs et facteurs qui ne puissent se réduire à la croissance du PIB et des revenus. Selon cette hypothèse, le débat entre opposants et partisans de la croissance économique semble derrière nous. Il devient en effet difficile de soutenir que la croissance s'arrachera au zéro de sitôt. Cette nouvelle économie, de l'aprés pétrole, appelle sans doute chacun et chacune d'entre nous à repenser sa vie, ses choix, sa manière de travailler, de consommer et de voter.
Tous les secteurs d'activité sont concernés. Cette nouvelle économie impacte donc, comme les autres, la profession d'avocat et son exercice. Evaluer le mérite d'un avocat ou d'un cabinet d'avocats à la croissance sans limite de son chiffre d'affaires devient tout à fait hors sujet. Le modèle économique du cabinet doit être profondément repensé de manière à ce que l'activité contentieuse et de conseil puisse être sans cesse renouvelée, améliorée dans un contexte de forte pression sur les honoraires. L'idée ne sera pas de produire toujours plus de prestations mais de mieux travailler.
Ce n'est bien entendu pas la première fois dans l'histoire de ce monde qu'un cycle économique se ferme et, dans le même temps, s'ouvre. La transition que nous vivons aujourd'hui ne nous invite pas qu'à nous acrocher pendant la traversée d'une zone de turbulences mais à bien plus, bien plus longtemps.
Je fais le pari que cette période de transition vers cette nouvelle économie suppose une attention particulière pour le droit de l'environnement dont le progrés renseigne également sur la manière dont nous passons d'une économie à l'autre, que la notion de développement durable esquisse.
Avec votre accord et dans les limites d'un agenda qui ne s'allège pas, je continuerai en 2012 à tenir la chronique de ce progrés du droit de l'environnement.