Magazine Cinéma
1947
Angel and the badman
James Edward Grant
Avec: John Wayne, Gail Russell, Harry Carey, Bruce Cabot
Curieux western qui paraît atypique dans la carrière de John Wayne, et qui l’est d’autant plus qu’il en est le producteur. C’est l’histoire de Quirt Evans (John Wayne), un homme violent, mais pas foncièrement mauvais – comme pourrait le faire penser le titre – qui est recueilli par une famille de quakers, non-violents. Le film est en noir et blanc, le générique possède une touche de série B des années 30, et on y trouve d’ailleurs les noms de Harry Carey et de Yakima Canutt (comme assistant réalisateur). Le contraste entre cette mise en matière tonitruante (la musique de serial) et le calme nonchalant de l’ensemble du film est saisissant. La caméra s’attarde sur les réactions charmantes de Penny (Gail Russell) , tombée instantanément amoureuse de Quirt, qui écoute les propos délirants du blessé révélant un passé empli de femmes et de fureur. On observe aussi tranquillement la vie de la ferme, le biberon d’une jeune chèvre, la messe des quakers, et Quirt qui évolue peu à peu, sans appui grossier de la caméra. John Wayne adoucit un peu son personnage habituel, Quirt est moins brute et plus attentionné : la femme n’est pas ici un être que l’on se contente de respecter pour s’en éloigner dès que possible, c’est bel et bien une femme que l’on tente de comprendre. Ajoutons en outre que le comédien de doublage de la VF n’est pas l’habituel Raymond Loyer, mais –si j’en crois wikipedia – Claude Bertrand, qui lui donne ici une voix très tendre. Le DVD en ma possession n’ayant pas la version originale, je n’ai pas pu juger si John Wayne lui-même a adouci son timbre de voix pour ce film (On trouve le film en VO en streaming facilement, mais la qualité est épouvantable.)
Si on est mal disposé, l’ennui finit pourtant rapidement par s’installer, le film étant bien bavard, l’action rare et la conclusion évidente. La rechute, suivie de l’électrochoc salutaire qui orientera définitivement Quirt dans la voie de la non-violence se suivent sans réelle émotion. L'ensemble manque finalement de densité. Quelques scènes réussies nous réveillent, dont toutes celles faisant apparaître Harry Carey, l’immense star du western muet, qui tourne ici son dernier western. C’est lui qui sauve Quirt au final, et qui lui permet de s’en sortir en renonçant à la violence tout en se débarrassant de ses ennemis, ce qui est un beau tour de force. Le film sera un échec cuisant au box-office, ce qui ne doit pas vous empêcher de le savourer comme une curiosité.