Le pays a engagé des réformes qui lui ont permis de changer progressivement sa configuration, après sa guerre civile.
Par Oasis Kodila Tedika
Article publié en collaboration avec UnMondeLibre
Cette croissance tient à plusieurs facteurs, entre autres : le redressement d’une économie effondrée, une gestion macroéconomique remarquable, une dynamique sectorielle et une amélioration des institutions.
Personne n’est prêt d’oublier la guerre civile sévissant dans ce pays dans les années 90, atteignant son point culminant avec le génocide de 1994. Il s’en est suivi une forte contraction économique, débouchant sur une dépression économique, La « croissance » du PIB n’ayant été que de -10% en 1993 et de -49% en 1994. Cette croissance remarquable depuis lors est donc en partie l’expression du redressement économique de cette désastreuse situation qu’a connu le pays. Comme nous l’avons souligné, il serait cependant incomplet de ne l’attribuer qu’à la récupération de l’effondrement.
La situation macroéconomique rwandaise a pris visiblement une très bonne trajectoire. Avec le Rwanda Revenue Authority, la collecte des impôts devient de plus en plus efficace, avec comme corolaire une amélioration du ratio des recettes publiques sur les dépenses budgétaires. Le déficit structurel et les indices de soutenabilité de la dette publique semblent aller dans un sens positif. La gestion de la politique monétaire a entraîné une relative stabilité des prix. Dans sa quête d’une bonne gestion macroéconomique, le Rwanda s’est dotée d’organismes indépendants de réglementation, accentuant le contrôle et la responsabilité en matière de dépense publique. La qualité de l’administration publique s’améliore.
Une gestion macroéconomique prévisible est une bonne chose pour les affaires, plus largement pour l’économie. En fait, cette gestion relativement positive de la macroéconomie ne peut pas être isolée de l’objectif du gouvernement : une croissance soutenue et durable, ne pouvant pas se faire sans l’entreprise privée. Celle-ci, c’est-à-dire la croissance de qualité, exige également un climat d’affaires propice. Le Rwanda, ayant apparemment cerné l’importance de contraintes externes à l’entreprise, s’investit dans ce sens-là. Il est le mieux coté en termes de corruption dans toute sa sous-région (Afrique de l’Est) ou mieux que l’Italie, avec une note toujours en évolution positive (4 sur 10 selon l’indice de Transparency international). Sa place dans le palmarès de Doing bussiness pour le continent africain ne cesse de s’améliorer : 37ème en 2006, aujourd’hui il occupe la cinquième place. Toujours dans la même veine, le gouvernement s’intéresse de plus en plus aux infrastructures financières bien qu’elle ne soit pas encore visiblement sa priorité. L’efficacité de ces institutions sur la croissance rwandaise semble confirmée d’après des études en dépit de sa faiblesse. La part du crédit aux privés en proportion du PIB s’est multipliée considérablement ces dernières années, précisément par six au cours de la dernière décennie. Elle se situe à 12% maintenant.