Hong Kong, après des années de productions moribondes, semble retrouver un second souffle. Il y a d’ailleurs une véritable production de très haut niveau qui émerge en Asie actuellement. Entre la Corée du Sud qui enchaîne bombe sur bombe, la Chine Populaire qui s’exprime enfin un peu plus ouvertement, la Thaïlande qui nous a fait découvrir les cascadeurs les plus barjos du monde… on est heureux de constater que Hong Kong a décidé de se réveiller de nouveau ! Petit retour donc sur une sortie DVD récente pour un inédit en salle.
Dog Bite Dog – L’homme est un animal comme les autres
Pang est un tueur cambodgien, élevé à la dure et à la limite de l’être humain. Il est envoyé à Hong Kong pour exécuter une juge. Très vite plusieurs policiers, menés par le jeune inspecteur Wai, le repèrent. Dans la fusillade qui éclate, plusieurs collègues de Wai décèdent, et Pang arrive à s’enfuir. Ecrasé par le poids d’un père, prétendu héros de la police, mais aux actions discutables, Wai peu à peu pied et devient obsédé par la vengeance. Parallèlement, Pang croise la route d’une jeune fille se battant contre les attaques incestueuses de son père. En elle, il va trouver quelque chose qui va le faire renouer avec l’humanité.
Sur un thème relativement simple de frontière entre l’homme et l’animal Soi Cheang brosse un film âpre et profond. Il est d’ailleurs dommage de constater que lors de la sortie du film en DVD, les bandes-annonces télé vendaient le film comme un pur film d’action, ce qu’il n’est absolument pas.
Dog bite dog est avant tout concentré sur ses personnages, et sur le fait que le tueur passe du statut de chien à celui d’homme alors que le policier qui le traque suit le parcours inverse. Edison Chen (vu dans Infernal Affairs, et actuellement compromis à Hong Kong pour une histoire de sex tape) est réellement touchant dans son rôle de bête féroce prenant conscience d’une part d’humanité en lui qu’il ignorait totalement.
Soi Cheang fournit un film à l’image ultra léchée (parfois même un peu trop sur certains plans avec un petit peu trop d’esbroufe) et arrive à donner de la tension de manière originale à des scènes d’action. Par exemple, la fusillade initiale est relativement sèche et violente, mais les deux minutes qui la précèdent, où les policiers prennent position dans un bar ou Pang est réfugié, est un trésor de concision et d’efficacité.
Malgré se mise en scène, Dog Bite Dog arrive à garder un côté réaliste. Dans le film, les coups font mal et les balles sont bien souvent mortelles. Ici, pas de super-héros ou d’arts martiaux à outrance. Juste des hommes régressant à un état presque sauvage, l’un prêt à tout pour tuer et se venger, l’autre pour survivre. Splendidement éclairé et jouant énormément sur l’obscurité, la noirceur générale du film ne laisse place à la lumière que lors de la scène finale et du dénouement tragique ou les deux protagonistes trouvent l’apaisement.
On peut faire le rapprochement entre ce film et le Danny The Dog de Louis Leterrier. Là où Danny reste un film léger, et surtout une occasion pour Jet Li de montrer qu’il est encore en grande forme, Dog bite Dog est beaucoup plus poussé. Besson n’ayant pas suffisamment fouillé la personnalité de ses protagonistes, l’humanité de Danny n’est questionnée que lors de quelques scènes avec Bob Hoskins. Dog bite Dog, lui, va jusqu’au bout de son propos et ne se contente pas d’en faire un prétexte à l’action, mais réellement le ressort de l’intrigue.
Bref, Dog Bite Dog est un film efficace, sec, brutal, doublé d’une réflexion sur la corruption, sur l’image du héros, sur le fameux concept d’humanité cher à Nietzsche. Et surtout un très bon DVD à mettre de toute urgence dans sa collection.