Tant pis si l’on me traîte de mal-pensant, de trublion ou encore de rabat-joie. C’est ainsi. Parce que pour faire la fête encore faudrait-il avoir le coeur à la faire. Ce qui n’est pas le cas. Pas de déprime particulière mais seulement envie de dire tout haut ce que d’autres que moi ont envie de crier à la face du monde en ce jour où le champagne coule à flots. Envie bêtement d’essayer de me mettre à la place de ceux qui ne font jamais la fête ou ne la feront plus jamais. Essayer seulement parce que je pourrais la faire. J’ai la santé, je ne connais pas la guerre et mon portefeuille est plutôt garni. Là, nombreux sont ceux qui me diraient « alors, tu veux quoi de plus » ou bien encore « profites de la chance que tu as » et toutes ces phrases que l’on prononce sans jamais y croire totalement. Ces phrases qui sont devenues tellement désuètes mais qui font qu’aujourd’hui tout le monde se fout de ce qui se passe parfois à côté de chez soi.
La fête j’y ai participé pendant des années, insouciant, parfois inconscient. Les années ont passé et j’ai l’impression de me réveiller d’un douloureux cauchemar. J’ai aujourd’hui une envie pressante (pas d’aller faire pipi non!) juste de regarder le Monde avec les yeux ouverts, grands ouverts. De me poser les bonnes questions sans chercher à rejeter systématiquement la faute sur l’autre, sur des « que peut-on y faire? » ou « tout seul, tu veux faire quoi? » et « ainsi va le Monde », là aussi toutes ces réponses stéréotypées que l’on a l’habitude de s’entendre servir.
D’abord il y a la Guerre, militaire ou civile sans doute le thème le plus écrit, le plus entendu et le plus vu mais jamais vraiment débattu. « Plus jamais çà » une nouvelle fois une phrase-cliché maintes fois prononcées par des dirigeants qui ne la font pas. Un ONU incapable de faire autre chose que signer des résolutions sans jamais les faire appliquer parce qu’il en est incapable et un OTAN, petit frère qui n’en a pas de réelle envie.
Ensuite il y a les enfants: Ceux-là même qui défraient la chronique et qui occupent le temps des journalistes dès lors qu’ils ont été violentés, agressés, tués. Les associations de défense s’indignent, les marches blanches se succèdent et les enfants continuent de mourir sous la bestialité d’un père ivrogne ou pire d’un récidiviste que la Justice a libéré trop tôt.
Et puis il y a la Nature. Ah! La nature et ses catastrophes. Tsunamis, tremblements de terre, éruptions volcaniques ou autres où là encore l’Homme se contente de bien peu en énonçant des clichés. Mais sans jamais prendre véritablement le taureau par les cornes, taper du poing sur la table et s’indigner. Même si Stéphane Hessel est passé par là. La Nature contre laquelle on ne peut rien parce que le Monde est ainsi fait qu’il nous faut bien rejeter la faute sur quelqu’un ou quelque chose sans chercher à savoir si ces coups de pieds au cul ne seraient pas mérités lorsque l’on voit ce que l’Homme fait de la Nature.
Il ya la vie chère dont tout le monde se plaint sauf tous ceux qui ne savent pas ce qu’est « manger à sa faim ». Cette vie chère qui poursuit sa route ascendante sans que personne ne s’en émeuve plus que cela. Une vie si chère que les fossés se creusent inexorablement et que les années futures seront pires que les précédentes pour toute une catégorie -grandissante- de la population mondiale. Mais peu importe, en Nouvelle-Calédonie on va libérer l’entrée du Nutella!! Combien sont celles et ceux qui s’aperçoivent qu’aujourd’hui il y a de moins en moins de riches et de pauvres mais de plus en plus de miséreux et de fortunés? Les mots ont la signification qu’on leur donne mais leur définition est écrite.
Qu’y-a-t-il encore? Les grandes sociétés et industries qui se fichent éperdument de ceux qui les font vivre et qui délocalisent sans état d’âme pour plus de profit? Les agences de notation que tout le monde semble découvrir parce que les Pays les plus riches sont menacés de perdre une voyelle alors même que ces agences existent depuis le milieu du 19ème siècle? La quête desespérée des adolescents qui ne sont plus que des consommateurs et de ces banques qui leur proposent des contrats alors même qu’ils ne savent pas ce qu’ils feront demain? Les associations qui se contentent de belles paroles et comptent sur la générosité de la population alors que c’est aux gouvernements d’oeuvrer pour le bien de TOUS? Les syndicats qui se satisfont que l’on parle d’eux mais qui n’ont aucune réelle prise sur les décisions qui sont appliquées malgré leur soi-disant lutte?…
Il y a tout ça et bien d’autres choses encore. Il faudrait un livre pour -peut-être- réussir à lister tout ce qui ne va pas. Le livre de ce qui va serait bien moins épais. Mais tous s’en moquent parce que verre de champagne en main et feux d’artifice sont là pour bien nous rappeler que tout va bien.
Nous sommes tous devenus aujourd’hui ce que certains veulent que nous soyons: des « Candide ». Ces « certains » qui ne veulent qu’occuper une fonction qui, croient-ils, les feront entrer dans l’Histoire.
Je n’écrirai pas « indignez-vous » parce qu’un autre l’a déjà fait. J’écrirai seulement que je ne souhaiterai la bonne année à personne parce que 2012 ne sera que ce que nous en ferons. Pas seulement à l’échelle de l’individu mais à celle de l’Homme. Et 2012 nous apportera les mêmes souffrances, les mêmes désillusions que les années précédentes mais nous nous en contenterons comme tous les ans.
Cette année, je ne m’en contenterai pas!