Dans les années 90, il apparaissait comme une icône médiatique assez attendrissante. A la fois homme de communication et de conseils, il était l'image du Président. Puis l'ère mitterrandienne passa, comme son envie de faire à nouveau gagner la gauche.
Personnage attachant, Séguéla, a eu un chemin en zigzag avant de devenir en France, la figure emblématique des chantres de la révolution de la communication politique.
Ratant son bac par deux fois, Major de sa promotion en pharmacie, routard, l'homme a pu au fil de son itinéraire rencontrer des personnes mythiques entre des artistes comme Prévert ou Dali et des leaders d'opinion comme Pierre Lazareff ou Jean-Jacques Servan-Schreiber.
Sens de la formule, esprit curieux, Séguéla a vu dans la politique la fenêtre d'opportunités de ses ambitions futures.
Homme fidèle en amitiés, plus qu'en idées, Séguéla s'attache rapidement à la personnalité de Mitterrand. Animal politique par excellence, "Tonton" devient un objet d'expérimentation pour ses supports de campagnes politiques.
C'est alors sans doute la principale qualité de cette "Autobiographie non autorisée": celle de nous faire découvrir la portrait intime d'un homme de pouvoir.
Un Mitterrand roi, un orgueilleux qui malade jeta ses dernières forces de vie dans la course au second mandat pour faire disparaître son ennemi de toujours Jacques Chirac.
Après Mitterand, Séguéla s'attaqua à Lionel Jospin avec qui les relations seront plus tumultueuses.
Homme de l'ombre plus que de lumière ( http://lexilousarko.blog.fr/2010/01/22/lionel-raconte-jospin-7854226/ ), Séguéla s'essayera à transformer la façon de communiquer du premier ministre pour les présidentielles 2002. Ce fut un échec: Mea Culpa conclut-il dans son ouvrage.
Jusqu'à ce passage, ce témoignage des coulisse de la vie politique des années 80 aux années 2000 avait quelque chose d'assez passionnant: derrière les rideaux du théâtre politico-médiatique, les portraits de nos hommes poltiques et de leur entourage sont souvent justement écrits.
Le livre bascule lors de l'élection au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Homme de gauche, Séguéla s'est lui aussi incliner, face à l'ouverture guignolesque, en votant pour l’actuel Président de la République et je le cite "il ne fut pas déçu".
Aveuglement amical, fatigue d'un parti socialiste cadavérique, adhésion à le rupture sarkozyste, Séguéla, comme la majorité des français a cédé aux incantations d'un homme qui promettait comme le Général de Gaulle à la libération (http://lexilousarko.blog.fr/2010/11/12/la-grandeur-et-le-neant-9961298/ ), de transfigurer la France.
Et si par ce livre, l'ancien roi de la communication voulait nous toucher en présentant son Sarkozy intime et différent. Ce ne fut pas le cas.
Car l'intimité que Séguéla projette ici, n'est pas une intimité permettant de comprendre des actes politiques passés, comme ce fut le cas dans le livre pour les passages de Jospin, ou de Mitterrand.
Non, le coup de foudre présenté ici entre le N.Sarkozy et C.Bruni, comme une mise en scène de l'intimité ( http://lexilousarko.blog.fr/2010/11/12/la-grandeur-et-le-neant-9961298/ ) fait basculer l'ouvrage dans les bas-fonds de la pipolisation de la vie politique.
Les Français n'ont à mon sens pas besoin des détails sur la rencontre du Président avec sa femme pour changer d'avis sur le Président actuel. Et si cette rencontre peut rendre attachant le personnage, elle ne rachète en rien l'homme politique.
Séguéla, à la fin de son ouvrage s'est donc essayé à la communication indirecte. Il n'a pas hélas réussi à me convaincre, comme lorsqu'il prononça cette phrase abracadabrantesque "Si a 50 ans, on n'a pas de Rolex, c'est qu'on a raté sa vie."
Mais résumer Séguéla a cette seule diatribe serait sombrer sans doute dans la facilité. L'homme a eu le talent et l'intuition d'investir le champs de communication dans un secteur où tout était à construire.
Un talent de visionnaire, de communicant mais sans doute pas de fin politologue.