Récemment, le quotidien Libération titrait « Guéant : la voix de Le Pen ». Ce qui est sûr, c’est que le ministre de l’intérieur, qui a été sur RTL, l’invité de Jean-Michel Apathie se trouve quasiment chaque jour, dans une polémique autour des étrangers, étudiants étrangers qui ne peuvent pas rester en France, droit de vote et éligibilité des étrangers aux élections locales ou encore réforme du droit d’asile, sans parler évidemment de ce dossier sur la fraude sociale des étrangers.
Le fumet électoraliste est incontestable, la concordance avec les thèmes du Front national indéniables, la stratégie reconnaissable, qui avait déjà si bien fonctionné en 2007, pour priver Jean-Marie Le Pen d’oxygène. Comme un air de déjà vu, déjà entendu, déjà parti de la place Beauvau, mais cette fois avec Claude Guéant, à la place de Nicolas Sarkozy. Le président refuse désormais de s’exposer, le ministre de l’intérieur y sacrifiant son image auprès des médias. Les sujets divers qu’ils abordent, sont en effet, méprisés et ostracisés par la bien-pensance médiatico-politique. Mais si les médias reprochent à Claude Guéant de trop en parler, les couches populaires lui reprocheraient plutôt de ne pas en faire assez. Car à l’heure de la mondialisation, les mots et les réalités qu’ils recouvrent, ne correspondent plus aux images d’Epinal d’antan. Ainsi, le droit d’asile, né au XIXe siècle, pour quelques rares combattants de la liberté à la Victor Hugo, n’a pas plus la même signification, quand des centaines de milliers de personnes viennent de partout, avec un discours victimaire stéréotypé. Pareil pour le régime des étudiants étrangers, qui ne concernent plus de brillants intellectuels, à la Léopold Sédar Senghor ou des fils de dictateurs en goguette, mais est devenu une filière à part entière d’immigration clandestine.
La fraude aux régimes sociaux s’est elle aussi massifiée, et révèle des réseaux organisés par des bandes souvent étrangères. Au début de son mandat, Nicolas Sarkozy, poussé par le patronat, avait voulu relancer l’immigration de travail. Alors que le chômage augmente, il a renoncé prudemment à cette idée. Mais 200 000 étrangers entrent chaque année de manière légale, sur notre territoire, au nom du regroupement familial, ou des mariages de citoyens français, mais qui vont souvent chercher leurs promis ou promises, dans le village d’origine de leurs parents. Un chiffre qui a doublé en dix ans, alors que régnait à Matignon, Lionel Jospin, pourtant si vilipendé par la droite pour son laxisme. C’est que droite ou gauche, sévères ou naïfs, n’y peuvent rien. Les innombrables conventions internationales signées par la France dans le cadre de l’ONU ou de l’Europe, nous contraignent d’accepter sans mot dire, tous ses migrants. La cour européenne des droits de l’homme y veille. Nous avons perdu depuis longtemps la maîtrise de nos frontières. Dans d’autres pays, on en parle ouvertement. Le Danemark a mis entre parenthèse le traité Schengen, pour empêcher l’arrivée des migrants tunisiens à Lampedusa. Les conservateurs anglais critiquent chaque jour la cour européenne, et font pression aux communes sur leur premier ministre, pour qu’ils dénoncent ces conventions internationales, au nom de la souveraineté du Royaume-Uni.
Nicolas Sarkozy a fait de la souveraineté nationale, un des thèmes majeurs de son affrontement avec François Hollande. Nucléaire, droit de véto à l’Onu, tout est bon, surtout au moment où il s’apprête à abandonner des pans entiers de notre souveraineté budgétaire, pour sauver l’Euro. Les combats menés par Claude Guéant ne sont que des escarmouches, à côté de cette mère des batailles, qui ne peut être conduite que par le chef de l’Etat lui-même, dans le cadre d’une campagne présidentielle. Il paraît qu’il y en aura une bientôt.
J. D.