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Le retour de la fracture Maastricht

Publié le 31 décembre 2011 par Alex75

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L’Europe est de nouveau au cœur du débat politique, ce dont on a eu la confirmation, avec le récent discours -début décembre-, de Nicolas Sarkozy, et on peut même dire, que l’on retrouve au-delà du clivage habituel gauche / droite, cette fracture de Maastricht, vieille de dix-neuf ans. « Plus rien ne sera comme avant », on se souvient Charles Pasqua le proclamait goulument, le soir du référendum sur Maastricht, en 1992. Mais ni Philippe Séguin, ni Philippe de Villiers, ni Charles Pasqua, ni Jean-Pierre Chevènement, les champions du non d’alors, n’ont jamais réussi à rassembler les républicains des deux rives, « pour faire turbuler le système », pour reprendre deux expressions chères à ce dernier. Jean-Marie Le Pen lui n’a jamais essayé. Ostracisé par tous les autres, il s’est enfermé dans son donjon. Mais c’est lui qui avait le magot, le peuple. C’est lui qui posait la question, qui intéressait l’électorat populaire, l’immigration, question devant laquelle les autres tourner pudiquement la tête.

A savoir, une équation insoluble qui a fait la fortune successive de Chirac et de Sarkozy, qui ont l’habileté de faire campagne sur des thèmes souverainistes : fracture sociale et sécurité pour le premier, identité nationale pour le second, s’accompagnant de la prudence matoise de gouverner, en se soumettant aux canons européens… C’est parce que la gauche n’a jamais eu ce culot, empêtrée qu’elle est dans ses utopies internationalistes, sa répulsion  pour tout ce qui est national, qu’elle a perdu le peuple et trois présidentielles successives. Les départs successifs des souverainistes de gauche, de Chevènement à Mélenchon, n’ont jamais réussi à détruire la vieille maison, qui est redevenu ce qu’elle était, quand elle s’appelait la S.F.I.O., à savoir un parti d’élus locaux servi par leur clientélisme et leur savoir-faire de notables. Vous connaissez la formule du cardinal de Retz, ressortie par Mitterrand : « on ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment ».

En 2007, Nicolas Sarkozy, en réduisant le grand écart entre Henri Guaino et Alain Minc, avait réconcilié les artisans du oui et du non au référendum sur l’Europe de 2005. De même, en 2009, la fille de Jacques Delors s’abouchait avec la gauche du non, pour arracher l’appareil du PS à Ségolène Royal. Et voilà que la crise de  l’euro, la rigueur imposée par les agences de notation et Berlin, détruisent ce savant travail tactique et projette une lumière crue, sur cette cruelle réalité. Le clivage entre la droite et la gauche n’explique plus. Sarkozy défend la rigueur et Hollande veut donner du sens à la rigueur. Mais si Marine Le Pen a remplacé son père, personne n’a remplacé Séguin et Pasqua, du côté des gaullistes -en dépit des efforts valeureux de Nicolas Dupont-Aignan. L’UMP, à part la frange de la droite populaire qui conserve le silence le plus absolu, s’est ralliée à l’intégration européenne sous la férule allemande. Alain Juppé proclame ainsi sa flamme aux Etats-Unis d’Europe, qui l’aurait fait traiter de « cabri » par le général de Gaulle, et de « parti de l’étranger » par Chirac en 1978, au travers de ce très fameux « appel de Cochin ». A gauche, Montebourg et Mélenchon ont donc remplacé Chevènement, mais ils n’osent pas plus que lui, aborder l’autre question majeure de la mondialisation, à savoir l’immigration.

Le même clivage fondamental est persistant, depuis Maastricht, en 1992. La France du haut est plutôt pour l’Europe, la France du bas (ouvriers, employés), est plus que jamais contre, mais est plus que jamais majoritaire en voix. Mais aucun de ses porte-voix n’ait parvenu à renverser la table, jusqu’à présent. « En vingt ans, tout a changé, pour que rien ne change ».

      J. D.


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