Ça sent 2012, vous ne trouvez pas?
Marianne, cette semaine, consacre douze pages (plus une: l'éditorial de Jacques Julliard) à
L'ordre libertaire, l'essai que
Michel Onfray publie la semaine prochaine, tout entier consacré à
La vie philosophique d'Albert Camus (c'est le sous-titre).Il ne s'agit évidemment que d'un début: comme tous les livres de Michel Onfray, celui-ci devrait faire abondamment parler de lui, et peut-être même se vendre très bien. Preuve, peut-être, que
Camus reste un sujet "porteur", comme on dit, bien que son nom sur la couverture apparaisse dans une typographie moins voyante que celui de l'auteur. Encore plus "porteur" que son sujet, faut-il croire...
Avant de fermer la page de 2011, je tiens à préciser que les bons livres n'ont pas d'âge. La preuve? J'ouvre un livre de 1957 - pas n'importe lequel, il est vrai:
Mythologies, de Roland Barthes, que j'ai dû lire trois ou quatre fois et sur lequel je retombe, un peu par hasard mais non sans plaisir.Un extrait, tout au début, le premier paragraphe de
Le monde où l'on catche, pour partager ce plaisir:
La vertu du catch, c'est d'être un spectacle excessif. On trouve là une emphase qui devait être celle des théâtres antiques. D'ailleurs le catch est un spectacle de plein air, car ce qui fait l'essentiel du cirque ou de l'arène, ce n'est pas le ciel (valeur romantique réservée aux fêtes mondaines), c'est le caractère dru et vertical de la nappe lumineuse: du fond même des salles parisiennes les plus encrassées, le catch participe à la nature des grands spectacles solaires, théâtre grec et courses de taureaux: ici et là, une lumière sans ombre élabore une émotion sans repli.
Je me console ainsi, avec ce bout de texte paru il y a un peu plus d'un demi-siècle, de ne pas vous avoir tenu quelques propos définitifs sur un roman auquel je tiens pourtant beaucoup,
Le cas Sneijder. Jean-Paul Dubois, avec l'humour très fin qui le caractérise, y raconte une superbe histoire d'ascenseur vers le bas. Paul Sneijder, après avoir fait une véritable chute dans un ascenseur aussi authentique que mal entretenu, est entraîné dans une déchéance sociale dont le récit est jubilatoire.Le temps me manque, malheureusement, pour en dire davantage. Oui, 2012 m'appelle, j'y suis déjà, et en même temps, dans un étrange écho, en 1912, comme vous le comprendrez très vite.
Soyez sages, des milliers de pages vous attendent et il ne faudrait pas, demain, avoir l’œil éteint au point de commencer l'année sans lire...