[#Ozmarathon] 2x08, des possédés

Publié le 31 décembre 2011 par Ladytelephagy

La première saison de notre Ozmarathon s'était achevée dans un concert de scènes choc, associées à un rush d'adrénaline qui avaient de quoi laisser le spectateur vidé. Ca n'a d'ailleurs pas manqué.
L'option choisie pour clore la deuxième saison est bien différente. Mais pas moins bonne, cependant...

Pendant la première saison, Oz avait joué de son intelligence, son goût pour les dynamiques de groupe, et son extrême soif de manigances secrètes pour nous offrir un final bluffant ayant pour vocation de rester dans les mémoires (dussent-elles atténuer le choc des souvenirs pour réussir à survivre).
La deuxième saison avait, dés le début, décidé de calmer le jeu du côté des tractations entre factions. L'idée était que désormais, c'était du chacun pour soi et Dieu, s'il s'aventure à Oswald, pour tous. La saison n'a parlé que de ça après tout : des intrigues personnelles.
Cela s'est vu avec la désertion de Ryan O'Reily, notamment, qui a eu vite fait de basculer dans une intrigue personnelle plutôt que de continuer à intriguer comme jadis ; ses activités sont réduites au minimum syndical et, si cela peut par occasions décevoir, l'idée est géniale. En désinvestissant O'Reily de la plupart des combines à l'intérieur d'Em City, on s'assure que les manigances y sont réduites à leur plus simple expression. Tout simplement parce que Ryan est un sacré fouteur de merde !
Son intrigue relative à sa passion pour le docteur Nathan n'a pas toujours été parfaite ; parfois extrême, elle n'a en tous cas jamais connu les longueurs de certaines autres histoires de la saison, et surtout, elle a permis de faire de la place pour un réel renouvellement du ton de la série.
Qui dit une bascule vers une plus grande dramatisation dit que certains personnages sont désignés victimes. Pas forcément de façon définitive mais au moins pour le plus clair de la saison. Ce sont un peu toujours les mêmes, mais ils portent si bien la douleur : Beecher, Alvarez... On ressent une grande tendresse envers eux et en même temps, on n'attend rien d'autre de leur part que de subir toujours plus. Le spectateur est sadique et brutal, dans le fond, même s'il apprécie ce genre de personnage, il lui veut du mal, et il veut que ce soit énorme.
Beecher aura eu toute la saison pour être le porte-drapeau de cette tendance. Totalement dérangé en début de saison (on parle d'un mec qui a arraché le bout de pénis d'un co-détenu ; je vous l'accorde, c'est l'autre qui avait commencé, mais quand même), il cherche tant bien que mal son équilibre, ignorant totalement que l'impression qu'il a de pouvoir être délesté des horreurs de Schillinger n'est que tromperie. S'il y a bien manigance dans son intrigue, ce n'est pas pour prendre le pouvoir à Oz, régner sur un business ou afficher une quelconque supériorité de clan, mais uniquement par vengeance, celle de Schillinger par l'intermédiaire de Chris Keller. On l'a dit, c'est cruellement intelligent, la progression est fascinante et pourtant, même si on admire, dans le fond, les manipulations opérées par le co-détenu de Beecher sur ce dernier, impossible de chasser l'épouvantable idée que tout est inéluctable et que les conséquences seront forcément terribles.
De la même façon, Alvarez tente de s'affirmer en tant que leader des Latinos, mais son style ne plait guère aux brutes sans finesse qu'il est supposé diriger. Son éviction de la tête du clan a cela de paradoxal qu'elle est à la fois soudaine et inexpliquée... et diablement cohérente. La descente aux Enfers de Miguel pendant cet épisode final fait, probablement, partie des choses les plus meurtrissantes qu'il nous a été donné de voir pendant la saison, et je ne parle pas que du cri d'horreur que j'ai poussé au beau milieu de la nuit en entendant les hurlements de douleur du gardien énucléé, mais bien de l'éprouvante scène claustro, lorsqu'Alvarez est jeté au cachot et nous fait une terrible crise d'angoisse à vous retourner les tripes.
La vérité, c'est que nous aimons Alvarez en victime, parce que lorsqu'il souffre, lui comme Beecher qui connait également un autre genre de torture atroce, nous avons du grand spectacle, des scènes incroyablement fortes, des personnages qui se révèlent à eux-mêmes. Il suffit de voir comment la relation entre Mukada et Alvarez fonctionne bien dans cette configuration, pour comprendre que nous avons besoin de ces scènes atroces.
A Beecher qui perd l'usage de ses membres et, pire encore, comprend qu'il a perdu l'amour qu'il venait de trouver, à Alvarez qui est isolé et plongé dans ses pires terreurs d'enfermement, il faut ajouter d'autres privations encore, d'autres sacrifices.
Ainsi, alors qu'Adebisi, au terme de deux saisons de comportements erratiques, semblait avoir trouvé un semblant de spiritualité lui permettant de tenir le bon bout, est brisé, privé de ses racines, du père spirituel qu'il venait de rencontrer. En voilà encore un dont le câble a lâché. C'est l'esprit qu'il a perdu, le pauvre, alors qu'il avait trouvé une façon de se sublimer en quelques épisodes.
Pire encore, c'est tout simplement d'un espoir de rédemption qui est confisqué au pédophile Robert Sippel. La sentence est appliquée par des personnages qui sont loin d'être moralement irréprochables, mais elle sera claire : certains crimes ne peuvent être expiés. Sippel, introduit très tard dans la saison, n'est pas une intrigue centrale de la saison, mais nul doute que je n'ai pas été la seule à serrer les dents à m'en faire péter l'émail pour éviter d'agoniser devant mon écran. Il est, cependant, représentatif de la volonté de ce dernier épisode de partir "en fanfare", avec des scènes choquantes et un propos dévastateur de pessimisme.
A côté, Ryan O'Riley semble quasiment s'en tirer la tête haute. Si on compte, son corps est sur la voie de la guérison, il a obtenu gain de cause en faisant déménager Cyril à Em City, et ayant renoué avec les Italiens comme un parfait petit rat qu'il est, il est de retour aux affaires. Que pourrait-il bien manquer à Ryan, après tout ? L'amour ? Oui, l'amour. Mais surtout, sa conscience. La culpabilité le ronge, et il importe peu qu'il ne se repente pas d'avoir commandité l'assassinat du mari de Gloria, en réalité. Son véritable fardeau, c'est Cyril, dont il veut porter la responsabilité. Il fera un sacrifice incroyable en acceptant de rester en prison des années de plus afin de pouvoir continuer à veiller sur son frérot. Les obsessions amoureuses n'auront finalement qu'été un prétexte pour conduire le personnage toujours plus loin sur la corde raide tendue entre son goût pour la compromission et son sens de la loyauté.
Enfin, un autre prisonnier sacrifie sa liberté. Kareem Saïd se le devait avant tout à lui-même. Il avait fait tant de compromis, mis tant de fois son ego en avant au détriment de ceux qui lui confiaient leur destin, qu'il avait besoin de sacrifier quelque chose de cher. Ce sera la liberté, donc, alors qu'avec panache, une ultime fois, il fait la bravache devant les cameras pour refuser la grâce du gouverneur Devlin. Ce dernier, dépeint sans une once de nuance pendant toute la saison (et la précédente, accessoirement) comme la pire des ordures marchant libre sur la surface de la Terre, est l'ennemi à abattre, au moins médiatiquement, et c'est Saïd qui lui donne le coup de grâce avec la bénédiction silencieuse de McManus. L'ego de Kareem Saïd n'en sort pas plus humble, mais l'homme a, au moins, pris sur lui, juste une fois, pour que ce soit lui qui paye les conséquences de sa lutte pour la "cause".
Cette saison, tous, ou presque, ont pris cher. Malgré le tempérament plus inflexible de McManus, il est clair que la réhabilitation des prisonniers en vue de leur libération future est un échec ; la violence n'a pas été supprimée, elle s'accompagne même désormais d'une réelle maltraitance psychologique tant des prisonniers entre eux que des gardiens, toujours plus impliqués et certainement pas en bien. Le système fabrique de la privation qui dépasse celle de la liberté... elle soumet les hommes non pas à une discipline, non pas à des règles sociales, mais à la loi du plus fort. Et le plus fort, qu'il soit l'administration carcérale, un co-détenu, ou soi-même n'éprouve jamais de pitié...
Chacun y laisse donc forcément un peu de sa santé mentale.
Le seul véritable inconvénient de cette seconde saison d'Oz, c'est sa brièveté. Si 8 épisodes étaient tout-à-fait raisonnables pour l'objectif de la première saison, avec sa politique interne, sa politique externe, et ses sujets choc, la seconde, plus axée sur le dramatis personæ, a parfois manqué de temps pour explorer certaines choses ; il est également arrivé qu'elle en explore d'autres trop longuement, on l'a vu notamment avec Glynn ou Sister Peter Marie. Avec les nombreux changements instaurés, les interventions de Hill ont eu du mal à s'adapter ; cependant, pour cet ultime épisode, Augustus est revenu en très grande forme, ce qui laisse penser que l'équilibre est possible.
D'ailleurs c'est avec Augustus que la saison s'achève, alors que notre homme, qui depuis plusieurs épisodes semble obsédé par l'idée de s'échapper (un peu curieux après le discours qu'il avait adressé à Kareem Saïd d'ailleurs), a fini par se trouver une porte de sortie.
Ou bien ?
Réponse l'an prochain.