The Big C: Saison 2
Cette année encore, je dois bien mille excuses à Cathy Jamison. Peut-être même plus que l'an dernier. The Big C a clairement surpassé sa première saison et aurait bien mérité que je lui dédie une tonne d'éloges dans des reviews épisodiques. Au lieu de ça, je n'ai qu'un maigre bilan de saison à offrir, pour lequel j'ai en plus bien traîné les pieds. Le fait est que je me suis senti assez désarmé devant la série qui après son éblouissant season finale m'a laissé pour longtemps sans mots pour en parler. Mais mes esprits retrouvés, je peux le dire maintenant, The Big C confirme avec sa deuxième saison qu'elle est définitivement une très belle série.
La force de la série en saison 1 avait été son humanité. Avec l'entrée de Cathy dans un essai clinique, cet atout risquait d'être mis à mal par un traitement plus froid, cantonné à une approche plus médicale. Heureusement, Laura Linney est toujours aussi lumineuse dans son rôle et garantit une vraie chaleur à l'intrigue. Elle porte à merveille le thème de la colère qui est celui de cette saison et qui pousse Cathy à un combat de chaque seconde contre sa maladie. Celui-ci est traité avec une grande justesse, ne sombrant jamais dans le mélodrame facile et offrant même quelques instants de joie et d'humour. Pour cela, on peut aussi compter sur Paul, plus que jamais aux côtés de sa femme. Loin des disputes constantes de la saison dernière, lui est Cathy sont devenus un couple uni face à l'adversité. Une situation moins originale, certes mais plus reposante et qui n'a été que bénéfique aux acteurs dont l'alchimie crève l'écran. Cela a aussi donné de quoi davantage s'attacher à Paul qui cesse de pester et fait tout pour soutenir sa femme, même viré de son ancienne entreprise. Il décroche du coup sa première véritable intrigue à lui, en trimant en tant qu'employé de magasin d'éléctronique pour assurer des soins à sa femme. En plus de donner un bon aperçu du dévouement de Paul, elle offre à la série la possibilité d'aborder d'autres thèmes comme les travailleurs immigrés, la drogue et surtout la problématique de la couverture santé aux Etats-Unis. J'ai été notamment marqué par son monologue face à la compagnie d'assurance, l'un des moments les plus forts du final. Mais ce n'est rien à côté du majestueux cliffhanger final le laissant entre la vie et la mort auquel toute la saison menait, qui m'a bouleversé comme rarement. Chacune des mésaventures du bonhomme le préparait. L'effet de surprise, bâti sur le point de vue de Cathy a toutefois fait tout le génie du procédé grâce à l'introducition dès le début de saison des visions fantômatiques de la malade. D'abord perturbantes, elles finissent par faire partie du décor avant de prendre tout leur sens quand Cathy voit Paul les accompagner. La chute se révèle donc avoir été longuement et finement élaborée, ce qui lui a donné toute sa force.
Pour conserver une vraie émotion autour du traitement de Cathy, l'autre merveilleuse idée de la saison a été la rencontre avec Lee, un jeune homme également atteint d'un cancer. Rapidement, il se lie d'amitié avec Cathy et une vraie connexion, celle de mole-mates comme ils aiment à l'appeler, s'établit entre eux. Les acteurs font preuve d'une complicité immédiate pour la porter à l'écran et Hugh Dancy, plus spécialement, s'avère impeccable. L'erreur aurait été d'en faire un nouvel amant de Cathy mais The Big C l'évite avec brio en révélant l'homosexualité du personnage, ce qui a enrichi la série d'un thème supplémentaire et rendu d'autant plus particulière sa relation avec Cathy. Lee est aussi un personnage assez génial dans la mesure où il parvient à ramener Cathy à la réalité du cancer, sans abandonner une certaine légèreté. La dernière scène que les deux malades partagent l'illustre bien.
En parallèle, les autres proches de Cathy suivent leurs propre voies. C'est le petit plus par rapport à la première saison où l'entourage de Cathy n'avait globalement pas de vraies intrigues individuelles. Chacun bénéficie alors d'un portrait bien plus complet. Pour autant, aucun cloisonnement excessif n'est à noter et on garde une vraie cohésion entre les personnages grâce aux excellentes initiatives de faire de Sean le voisin de Cathy et d'Andrea, son invitée. En résulte une sorte de grande famille qu'on prend plaisir à suivre, notamment lors de l'excellent épisode Thanksgiving. Parmi tous ses membre, c'est certainement Andrea dont j'ai le plus aimé l'évolution. C'est vrai que sa romance avec l'immigré ukrainien paraissait un peu cliché, mais Gabourey Sidibé a su lui donner de l'authenticité grâce à son humour imparable et sa tendresse. Puis les différents twits de l'intrigue ont révélé une vulnérabilité du personnage qu'on ne soupçonnait pas et qui a, sans mauvais jeu de mots, donné plus d'épaisseur au personnage.
Adam et Sean ont quant à eux grandement gagné en maturité. ça a pris du temps pour le premier, avec une grosse phase de régression un peu inquiétante en début de saison. Mais avec l'arrivée de Poppy, une trentenaire délurée fille de cancéreux, incarnée avec énergie par Parker Posey, qui a formé avec Adam un duo à la fois amusant et touchant, la série s'est largement rattrapée. Les blessures et failles de la jeune femme l'ont aidé à se remettre en question et finalement fait progresser. Sean, enfin, de son côté, a pu évoluer plus vite grâce à sa relation avec Rebecca, toujours radieuse Cynthia Nixon, mais c'est néanmoins sur lui que porte mon seul vrai regret de la saison. Sa réadaptation sociale s'est faite avec justesse et tendresse à travers son duo avec Rebecca mais on n'est toutefois pas allé au bout des choses à cause de la fausse-couche de cette dernière. L'idée était intéressante et a tout de même pu livrer un bon cliff et un épisode original entre exubérance et émotion, mais j'aurais aimé qu'ensuite les personnage confrontent cet obstacle, y fassent face pour mieux avancer. Au lieu de ça, la romance s'est arrêtée là, Sean a disparu avant de revenir comme une fleur pour le final, ce qui a laissé un petit goût d'inabouti. Reste que le premiers développement autour du personnage étaient réussis et que je ne perds pas espoir pour la suite.
En conclusion, qu'ajouter de plus? Il y a beau y avoir quelques égarements au niveau des personnages secondaires, cette saison 2 de The Big C est une franche réussite. C'est un récit plein de vie et d'émotion à partir d'un sujet ô combien délicat qui est livré et tout le mérite revient à une écriture d'une grande justesse et à un cast sensationnel. Laura Linney en tête, bien entendu. Après une première saison prometteuse (d'ailleurs en cours de diffusion sur Canal + et que je ne saurais que vous recommander), The Big C transforme donc l'essai et se fait une jolie place dans mon panthéon des séries.