214. The Dream-Songs (2/2)

Publié le 30 décembre 2011 par Dylanesque
Suite et fin d'une rétrospective non exhaustive mais représentative des albums que j'ai le plus écouté cette année. 

JEREMY JAY - Dream Diary
"Du glam pas pompeux, de la récup' qui sonne pas toc et un charme qui ne s'explique pas".
 J'écrivais ça quand je m'enthousiasmait en 2009 au sujet de "Slow Dance", l'album qui m'a fait découvrir ce grand dadais. Depuis, je ne m'en lasse pas, il m'accompagne partout. Chaque album sonne de la même façon, mais évolue dans un paysage différents. "Slow Dance", c'était les clubs enfumés tard la nuit, "Splash" c'était les flaques d'eaux et le ciel blanc d'automne et celui-ci, c'est le crépuscule où les synthés qui dégoulinent font l'effet d'un soleil qui se couche, où les guitares à la Pixies sont comme des vagues de mélancolie. Où même mes métaphores les plus téléphonées ne parviendront pas à décrire les petites joies que sont chacune de ces étonnantes chansons. Chanson favorite : "The Man On The Mountain"

JOSEPH ARTHUR - The Graduation Ceremony
Certains vont m'accuser de verser dans le mainstream et je leur dirais "la musique est bonne, si tu l'avais écouter, tu saurais que la musique est bonne".
 Et ceux qui sont déjà en deuil de R.E.M. vont se régaler comme moi (même si je suis pas en deuil de R.E.M.) des mélodies du toujours inspiré Joseph Arthur, qu'on avait pas revu depuis 2006 en solo. Une section de cordes, des couches de guitares et de réverbs, un écho sur la voix, Jim Ketlner à la batterie (qui a accompagné Dylan et Lennon, entre autres) et beaucoup de poésie. De l'americana amplement produit et émouvant quand, comme moi, on a le coeur d'une adolescente. J'aurais pu mettre le Coldplay à la place, mais je l'ai pas encore l'écouter. N'empêche, je suis curieux...
Chanson favorite : "Midwest"
KIM NOVAK - The Golden Mean
La Normandie est un vivier incroyable de talents.
 J'ai connu Hugo, guitariste du groupe, lors d'un chouette été et lors d'escapades dans sa verte contrée et je l'ai vu, lui et ses potes musiciens, s'épanouir et grandir ensemble, rejoindre différents projets et transformer en or tout ce qu'ils ont touchés. Les Chocolate Donuts, les Lanskies, autant de groupe à aimer et à suivre alors que leur avenir prend forme et que l'on peut les soutenir avec enthousiasme. Kim Novak, eux, n'ont plus besoin de soutien. Ils ont déjà atteint des sommets de maîtrise et ont sorti cette année un nouvel album qui approche de la perfection. Il faut l'écouter pour le croire. Oui, c'est un groupe normand qui écrit ces modèles d'écriture et de composition pop aussi mélancoliques que sautillantes, en dépassant ceux qui pourraient les avoir influencer (que ce soit The National ou les Modern Lovers, j'en sais trop rien). Merci à toi et ta bande Hugo, je suis fier de ce que vous fabriquez tout là-haut et je suis ravi d'écouter "The Golden Mean" tous les jours où il pleut aussi fort que chez vous. 
Chanson favorite : "Montego Bay"


THE PAINS OF BEING PURE AT HEART - Belong
Belle & Sebastian versus The Jesus & Mary Chain = The Pains Of Being Pure At Heart. Autant de noms de groupes inventifs pour une musique qui mêle saturation et rêverie, de la dream-pop qui secoue encore plus sur ce deuxième album, bénéficiant d'un son plus large et peut-être, visant un public plus important. On navigue toujours entre tension et émotion, entre rock et pop et on tape du pied en souriant bêtement. 
Chanson favorite : "My Terrible Friend" (un plagiat jouissif des Cure)
REAL ESTATE - Days
C'est grâce à une amie américaine, rencontrée l'été dernier à Barcelone, que j'ai découvert le groupe.
 Elle les avait vu en concert chez eux, dans le New Jersey et après écoute répétés sur le balcon au soleil, ils m'ont charmés. "Days" est un second album qui, avec sa pop à guitares et ses textes rêveurs, devrait avec le temps s'incruster de la même manière dans mon esprit : sur le balcon au soleil. C'est l'album parfait pour y coller ses souvenirs, ses moments de joie, de tristesse et y revenir selon l'humeur. Chanson favorite : "Kinder Blumen"

THE STRANGE BOYS - Live Music
J'avais déjà passé un bon moment en compagnie de l'album précédent, mais je ne m'attendais pas à accrocher autant à celui-ci. Dès que je l'ai reçu (c'est chouette d'être animateur radio, on a de beaux cadeaux), je l'ai adopté et il n'a plus quitté ma platine pendant deux semaines. Tournant en boucle pendant la Toussaint. Fini l'agitation et la furie, les garçons étranges font maintenant de l'alternative country leur nouveau terrain de jeu.  L'album s'ouvre sur quelques notes à la McCartney période Wings et se termine sur Neil Young période "Dead Man". Entre les deux,  c'est frais, naïf, ludique, plein de bons sentiments et de mélodies évidentes. Alors même si certains n'attendaient pas ça du groupe, moi c'est justement tout ce que j'attends d'un album réussi. Et puis la voix a un charme incroyable. 
Chanson favorite : "Doueh" (un plagiat formidable des Waves Pictures)

THE STROKES - AnglesJe crois que j'en ai suffisamment parler, non ? Il vous suffit d'aller chercher le groupe de Casablancas dans mes archives et vous trouverez deux ou trois plaidoyers en faveur de ce quatrième album bancal mais que j'ai savouré comme on savoure le retour d'un vieil ami. Encore aujourd'hui, écoutez le single me ramène directement à ces premiers jours de printemps. Merci Nick Valensi. Allez, un lien quand même : http://dylanesque.cowblog.fr/183-between-love-hate-3095596.html Chanson : "Games"


TOM WAITS - Bad As Me
C'est vraiment en 2011 que je me suis plongé dans l'oeuvre de Tom Waits. Le moment qu'il a choisi pour nous offrir un nouvel album studio qui rend le tableau encore plus complexe et étourdissant. J'ai pas encore fait le tour de "Bad As Me" mais à chaque fois que je l'écoute, mon esprit part dans tous les sens, et bien souvent dans un passé en sépia où je navigue à travers des formes étranges et de la brume. "Bad As Me" est magique, fun et comme le prouve mon cas, une porte d'entrée fascinante pour un artiste qui ne l'est pas moins. 
Chanson favorite : "Back In The Crowd"
THE WAR ON DRUGS - Slave Ambiant
À force de parler de pop moderne dans le magazine MAGIC (que je lis assez régulièrement), je me suis demandé ce que c'était la pop moderne. Et c'est ce deuxième album du groupe de Philadelphie qui m'en a donné la définition la plus marquante. Sans que je demande rien, juste par hasard, au plaisir d'une lecture aléatoire alors que je préparais mon émission de radio. La voix d'abord m'a sauté aux oreilles, lancinante, presque dylanesque par moments (DYLANESQUE !), et puis la musique, chaleureuse et enfumée, qui quand on l'écoute au casque, vous plonge dans un cocon dont on ne veut plus jamais sortir. C'est de la pop moderne parce qu'on a l'impression d'avoir entendu ces morceaux milles fois avant et que pourtant, ils nous encourage à faire des bonds en avant. 
Chanson favorite : "Black Water Falls"
YUCK - Yuck
Je vous disais en guise d'introduction à ce bilan que j'avais surtout passé l'année à redécouvrir la scène alternative des années 90, entre Dinosaur Jr, les Pixies en passant par Luna et Teenage Fanclub.
 Et bien cet album semble tout droit sorti de cette période bénite. La même urgence, les mêmes tourments adolescents noyés sous une tonne de saturations, des saillies héroïques qui font bondir de joie et de fureur. Du revival pur et dur et incroyablement émouvant. Pas une minute de trop dans ce brouillon parfait. Chanson favorite : "The Wall"

Si j'ai boudé Beirut et les Frères Gallagher cette année, j'ai également envie de citer Wild Flag et The Men, mes seule véritables passions rock'n'roll du moment, White Denim et Timber Timbre qui me charment tout doucement, Noah & The Whale qui ont sorti un troisième album moins bon mais honnête et que j'ai beaucoup écouté au printemps, Marissa Nadler, Atlas Sound et Kurt Vile qui sont parvenus à me bouleverser au moins le temps d'une chanson, les Black Keys et les Kills qui ont sortis des nouveautés sympas à passer en soirée avec des amis, Jonathan Wilson dont l'album est une montagne que je suis toujours en train d'escalader, Gorillaz qui a signé le meilleur bruit de fond de l'année (et c'est un compliment, vraiment), Paul Simon qui ne vieillit donc jamais, le charme de Feist qui commence enfin à m'ensorceler après de nombreuses écoutes, Blitzen Trapper et Akron/Family dans la catégorie "albums que j'aurais plus écouter si j'avais mon permis et la possibilité de rouler sans arrêt sur de longues routes de campagne", et
PJ Harvey pour "In The Dark Places", la plus belle chanson de l'année.