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L'éditorial du magazine "Le Monde des Religions" qui vient de sortir (mai-juin 2007) évoque le documentaire "Jesus Camp" consacré aux évangéliques américains, qui est sorti le 18 avril sur les écrans français.
Le "Jesus Camp" est une "formation à la foi" d'enfants de 8 à 12 ans de familles appartenant au mouvement évangélique. Les enfants y reçoivent un véritable bourrage de crâne : "une visite d'un président Bush en carton-pâte qu'on leur fait saluer comme le nouveau Messie ; une distribution de petits foetus en plastique pour qu'ils réalisent l'horreur de l'avortement ; une critique radicale des théories darwiniennes sur l'évolution des espèces ...".
Comme le dit si bien Frédéric Lenoir, l'auteur de cet éditorial : "ces gens-là n'ont d'"évangélique" que le nom. Leur idéologie sectaire (nous sommes les vrais élus) et guerrière (nous allons dominer le monde pour le convertir) est aux antipodes du message des Evangiles."
Ils sont en outre complètement obsédés par le "péché sexuel". Ils condamnent le sexe avant le mariage, hors du mariage, entre personnes du même sexe.
Voilà qui cache bien des pulsions refoulées, démontrant combien ce fanatisme est de surcroît teinté d'hypocrisie. Je cite à nouveau l'éditorialiste : "Le révérend Ted Haggard, le charismatique président de l'association nationale évangélique américaine, qui regroupe 30 millions de membres, en est la parfaite illustration. On le voit dans le film haranguer les enfants. Mais ce que le film ne dit pas, car le scandale est arrivé après, c'est que ce héraut de la lutte contre l'homosexualité a été dénoncé il y a quelques mois par un prostitué de Denver, comme un client particulièrement assidu et pervers. Après avoir nié les faits, le pasteur a finalement reconnu son homosexualité, "cette saleté" dont il se dit victime depuis des années".
Je ne peux m'empêcher de rapprocher cet exemple de l'affaire qui secoue en ce moment Washington. Accusée de diriger un réseau de call-girls, Deborah Jeane Palfrey se défend en balançant le nom de clients haut placés. Parmi ces derniers, on trouve notamment un secrétaire d'Etat adjoint, Randell Tobias, naguère promoteur en chef de la politique d'abstinence sexuelle préconisée par l'Administration Bush contre le sida. En matière d'hypocrisie, c'est pas mal non plus ...
Cette amérique intégriste fait peur, même si, bien sûr, elle ne concerne qu'une minorité des 50 millions d'évangéliques américains.
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