Je trouve cela très bien car je ne vois ni l'urgence ni la pertinence d'une "révolution" en matière constitutionnelle.
Certains prétendent que cette révolution légale est urgente parce qu'elle constituerait un préalable pour réformer le pays : mais, enfin, en quoi les règles actuelles interdisent-elles à un gouvernement de réformer ? En quoi un changement de régime, qu'il soit présidentiel à l'américaine, ou parlementaire à l'allemande, aurait-il plus de chances de convaincre syndicats et autres "révolutionnaires du statu quo" d'accepter demain les réformes qu'ils refusent aujourd'hui ?
Et, à bien y réfléchir, la Vème République, à l'inverse des régimes qui l'ont précédée, a plutôt fait preuve de solidité et de souplesse. Ni la guerre d'Algérie, ni mai 68, ni la cohabitation n'ont empêché en fin de compte l'Etat de poursuivre sa tâche.
En outre, un système dyarchique, dans lequel l'un s'occupe de politique étrangère et l'autre se concentre sur la politique intérieure, est de nature à mon sens à répartir des tâches qui, circonscrites dans les mains d'un seul, paraissent difficiles à assumer pleinement.
Bien sûr, des aménagements sont possibles : davantage de représentativité à l'Assemblée nationale, une réforme du Sénat indispensable, des précisions sur le statut du chef de l'Etat.
Mais rien de tout cela n'est impossible. Loin d'être condamnée à mourir, la Vème République peut s'améliorer par aménagements successifs et bien compris.
En réalité, cette "révolution légale" que certains appellent de leurs voeux, n'est ni plus ni moins que la version légitimiste de cette passion française pour la table rase, cette idée bien ancrée que rien de nouveau ne peut se faire sur ce qui a déjà été construit. La révolution plutôt que la réforme !