Bonjour à celles et ceux qui aiment le vent
Bonjour à celles et ceux qui aiment Saint Malo
Bonjour aux zotres
En octobre 2007, j'écrivais sur ce blog le couplet laconique suivant "Lecture - Je vais bien ne t'en fais pas d'Olivier Adam - Je n'ai pas du tout aimé. Très plat au propre (heureusement) comme au figuré (hélas). Le film éponyme est 10 fois mieux".
C'était le premier roman d'Olivier Adam que je lisais et, mon avis tranché (surtout sur son (absence de) style) couplé au battage médiatique énervant (à mes yeux) autour cet auteur m'avaient convaincue de ne plus ouvrir aucun de ses romans. Il n'y a que les imbé-Cécile-s qui ne changent pas d'avis et, après avoir vu ce très intéressant film de Jalil Lespert, je lirai volontiers Des vents contraires.
Le sujet
Après une dispute conjugale, Sarah disparait laissant Paul seul avec ses deux enfants. Après des mois et des mois sans nouvelles et sans réponses à apporter à ses enfants, il décide de quitter Paris pour retourner à Saint Malo, sa ville natale, et tenter de se recontruire.
Mon avis
Mon histoire avec ce film partait mal en raison de quelques invraisemblances évitables qui m'ont d'emblée agacée : il y a des reproches qu'un couple ne s'adresse pas à froid au petit déjeuner devant ses enfants et non, on ne peut pas s'improviser moniteur d'auto école, il faut faire une école pour ça (admission sur concours) et passer des examens (il aurait suffit de dire que Paul "reprenait" son ancien job...).
Mais, après un démarrage un peu lent et poussif, l'histoire s'installe tout comme Paul s'installe à Saint Malo et les personnages prennent en épaisseur car ce qui compte ici n'est pas tant ce qui arrive (ou pas, le quotidien est somme toute banal même si certains événements tragiques le percuttent) mais comment les personnages réagissent à ces événements, pas tant les choix qu'ils font que de comprendre pourquoi ils les font.
Ici, j'en arrive à une qualité essentielle du film : il n'est en rien démonstratif. Tout repose sur un minimum d'effet, des regards, des sous-entendus, des bribes de souvenirs et, de la part du réalisateur, beaucoup de finesse dont celle de compter sur un minimum de psychologie et d'intelligence de la part des spectateurs/trices. Jalil Lespert film, montre mais ne démontre pas. Les situations parlent d'elles mêmes et les sentiments et les émotions qui traversent les personnages sont palpables.
Et là, j'en arrive à une seconde qualité essentielle du film : le casting ! Bon sang que les acteurs sont bons. Depuis Le fabuleux destin d'Amélie Poulain je n'ai jamais trouvé Audrey Tautou au top notamment à cause de sa voix vulgaire, de sa prononciation approximative et de son physique d'éternelle ado qui font que je ne la trouve absolument pas crédible dans des rôles d'adulte (à part dans la pub Chanel où elle a le bon goût de ne pas ouvrir la bouche). Ici elle est mère de deux enfants et je confirme que ça ne passe pas, que la vague scène de ménage introductive sonne faux mais le scenario la fait disparaître dans la minute qui suit.
Tous les autres acteurs sont géniaux. Benoît Magimel est torturé à souhaits passant par tous les états qui vont du désespoir à la peine en passant par l'abbatement, la colère, le renoncement, la honte, le doute... Son malheur lui confère une humanité qu'il ne possédait certainement pas avant, installé dans un bonheur sans doutes (de sa part mais pas forcément de celle de sa femme), il s'était forgé une carapace de certitudes, il était dur, péremptoire.
Isabelle Carré, Antoine Duléry, Ramzy Bedia ou encore (surtout ?) Bouli Lanners lui donnent parfaitement la réplique. Certain(e)s trouveront peut-être que l'élève de l'auto école a des faux airs de Laetitia Casta... Logique, c'est sa petite soeur !
Je finirai en ajoutant une mention spéciale pour les deux enfants (Hugo Fernandes et Cassiopée Mayance) qui jouent le fils et la fille de Paul. Ils sont tout simplement géniaux et totalement naturels. On croit immédiatement à leur relation avec leur père, avec leur oncle et aux liens qui existent entre eux. Bluffant. Jalil Lespert a raison de dire dans Allociné
que la qualité de jeu des enfants était un élément indispensable au film :
"Si ça, ça ne fonctionnait pas, le film ne marchait pas. C'est la raison pour laquelle le casting a vraiment été énorme. Ce qu'on a fait, c'est qu'on les a beaucoup fait travailler en amont. Chacun avait un coach. Mais très vite, ils ont compris."
Conclusion
Un film fort et sensible. Une excellente surprise qui me donne envie de lire le roman éponyme d'Olivier Adam (qui a participé à l'écriture du scénario).