Vous, expats exténués du genou et du bulbe, chiffes molles des tarmacs, et miches folles des soirées à thèmes, tarlouzes sans frontières, flippettes de Kaboul, et d’ailleurs, où le sang et les dollars vous ont menés pour enchaîner les ratages inchiffrables – et indéchiffrables certainement puisque vous les reconduisez sans cesse - de l’aide internationale – Cambodge, Timor-Est, Kosovo, Congo, Soudan… Je vous salue, moi, Roger Roger, vous vous rappelez ? l’ami Roger, le vieux con à moustaches, le restaurateur chez qui vous veniez tous dîner et boire – sauf les gros radins. La Joie de Vivre, les vendredis d’été en maillots, les jeudis soirs d’hiver au coin du feu à s’injecter des mojitos, et la fisherman salad, et le fondant au chocolat de la grosse Maryse… Vous y étiez, j’ai gardé les photos, les noms, les adresses…
Vous vous terrez aujourd’hui comme des rats. Et encore : même les rats sortent la nuit.
Vous avez peur pour vos vies, pour vos vies misérables - quelle misère. Le terrorisme vous terrorise. Deux Blancs tués dans le grand hôtel de la ville et voilà que tout est fini, pôvres victimes du monde tel qu’il va mal. L’Occident à la dérive et personne ne sait plus ramer. Où est-elle cette civilisation qui vous donne, paraît-il, une raison d’exister encore ?
Le seul mérite de cet événement ô terrifiant, vils cloportes, aura été de dissimuler sous un voile de panique entretenu par des médias catastrophistes vos incompétences, votre gabegie, votre incurie… Votre déclin.
Je me marre : vous courez cent fois plus de risques statistiques d’exploser en vol entre Kaboul et Dubaï que de vous faire trucider, le nez au dessus d’une assiette, dans un restaurant de la ville…
Je me marre : vous êtes venus pour fuir vos petits malaises de riches, mais vous vous morfondez dans des guest-houses surpeuplés de bobas, bourgeois baroudeurs comme vous.
Je me marre : ceux qui sont venus pour la thune voient leurs économies bouffées par le krach boursier et bientôt par l’effondrement général... des valeurs financières, mais surtout morales de cette planète que vous parcourez en tous sens, comme des canards sans tête. Et encore : les canards sans tête ont une âme.
Je me marre mais je ne m’amuse plus. On vous apporte l’addition et puis on ferme.