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Que signifie la température moyenne d'une année en matière de climat ?

Publié le 30 décembre 2011 par Francisrichard @francisrichard

Paris-fin-juin.jpgDepuis quelques jours, dans les médias hexagonaux [ici d'où provient la photo], on nous rebat les oreilles avec la nouvelle époustouflante que l'année 2011 aura été la plus chaude en France depuis le début du XXe siècle, nombrilisme oblige.  

Comme je suis curieux de nature, je suis allé sur le site de Météo France qui a dressé ce bilan provisoire de l'année 2011.

Tout d'abord j'ai eu du mal à trouver ledit bilan provisoire de l'année. Dans ma naïveté je pensais que ce bilan de l'institution étatique avait été dressé tout récemment. Que nenni, il date d'un mois. C'est en somme du réchauffé.

Voici le chapeau qui résume l'essentiel du propos ici :

Bilan provisoire établi à la date du 28 novembre 2011
Après une année 2010 se positionnant en France métropolitaine comme la plus fraîche de ces deux dernières décennies (à égalité avec 1996), l'année 2011 se révèlera très probablement en France métropolitaine comme l'une des plus chaudes depuis 1900. Ce bilan est le résultat d'un printemps et d'un automne 2011 exceptionnellement chauds. En effet, le printemps 2011 se positionne au premier rang des printemps les plus chauds* et l'automne 2011 au second rang des automnes les plus chauds* (l'automne 2006 détenant la première place).

Par ailleurs, tous les mois de l'année 2011 ont été plus chauds que la normale**, à l'exception notable de juillet 2011 qui, avec une température moyenne inférieure de 1,3°C à la normale**, a été le mois de juillet le plus frais de ces trente dernières années.

* depuis 1900

** moyenne de référence 1971-2000

Remarques à propos de ce bilan :

- Vous souvenez-vous que 2010 avait été l'année la plus fraîche des deux dernières décennies ? Curieusement, parce que cela n'allait pas dans le sens du réchauffement climatique, les médias n'avaient pas fait, l'année dernière, à ce propos, tout le tintouin que nous connaissons aujourd'hui.

- Dans cet esprit les médias se gardent bien de rappeler que l'hiver 2010-2011 a été plus froid que celui des années précédentes. Sur le site de Météo France, on peut lire en effet ici :

L’hiver « météorologique » (décembre-janvier-février) 2010-2011 en France métropolitaine s'est révélé plutôt frais, avec une pluviométrie sensiblement déficitaire et un ensoleillement variable.

Les températures moyennes mensuelles ont été très basses en décembre avec une anomalie de -3°C par rapport à la normale*. En janvier, elles ont été très légèrement au-dessus de la normale  (+0,3°C). La douceur a été plus marquée en février avec une température moyenne de 1,2°C au-dessus de la normale. Sur l'ensemble de l'hiver, la température moyenne sur la France demeure inférieure à la normale avec une anomalie de -0,6°C.

*  moyenne de référence 1971-2000 

En lisant bien on constate donc que la température moyenne sur la France était supérieure à la "normale" en janvier et février 2011, mais que c'est la température moyenne de décembre 2010 qui a fait descendre la moyenne des températures moyennes de l'ensemble de l'hiver 2010-2011.

Temperature-moyenne-hiver.gif
On voit bien dans ces conditions qu'une moyenne est aisément manipulable et qu'elle ne signifie pas grand chose. Il suffit de prendre pour référence tantôt l'année civile, tantôt les saisons, pour obtenir des résultats qui permettent d'étayer la thèse que l'on veut démontrer.

La représentation graphique ci-contre des écarts de température des hivers faite par Météo France ici devrait conduire ainsi à conclure avec prudence. 

De même l'évolution des moyennes de températures locales en France montreraient certainement une évolution autre que l'évolution des températures moyennes nationales, sans parler de l'évolution des températures moyennes globales, c'est-à-dire à l'échelle du globe, sur lesquelles on est bien silencieux en ce moment...

On peut s'interroger enfin sur la validité du calcul des moyennes quand les instruments de mesures changent ou quand les conditions de relevés ne sont pas les mêmes au cours du temps. Ce qui est vrai localement, l'est tout autant au niveau national, ou global. Ce n'est pas pour rien que Météo France est obligée de mélanger des données à compter de 1900 à des données comparées à la période 1971-2000. 

A vouloir trop prouver...

C'est comme si je retenais comme significative "l'exception notable de juillet 2011 qui, avec une température moyenne inférieure de 1,3°C à la normale**[voir ci-dessus], a été le mois de juillet le plus frais de ces trente dernières années.", en omettant soigneusement de parler des autres mois de l'année...

Francis Richard


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